Tout a peut-être commencé avec une grave maladie. S’il n’était pas resté plusieurs semaines alité contre son gré à 16 ans, David Foenkinos pourrait être aujourd’hui musicien ou plus sérieusement Lucky Luke puisque telle était son intention à 10 ans, mais pas du tout un écrivain. « C’est vrai que j’ai commencé à lire tardivement, à cause de cette maladie cardiaque. Mais je n’ai plus jamais arrêté ». Et ses auteurs fétiches n’étaient pas des moindres : Albert Cohen, Romain Gary, Philip Roth, Dostoïevski, Kundera, parmi d’autres. « J’aime beaucoup les auteurs des pays de l’Est et leur humour grotesque, comme Gombrowicz ou Gogol ».
L’écriture a suivi presque instantanément, avec des textes épistolaires, puis des nouvelles. « Mais jamais je n’aurais pensé devenir écrivain ! ». Et pourtant : cela fait maintenant dix ans que David Foenkinos écrit, neuf romans parmi lesquels Inversion de l’idiotie, de l’influence de deux Polonais, Le Potentiel érotique de ma femme, Qui se souvient de David Foenkinos, Nos séparations, et aussi deux textes pour la jeunesse. A la rentrée 2011, il publiait Les Souvenirs, un roman heureux et grave comme il sait les écrire, avec cette fantaisie désarmante qui fait sa signature particulière dans le monde littéraire. Quelques semaines plus tard, sortait la version cinématographique de La Délicatesse, l’un des romans français les plus vendus avec plus d’un million d’exemplaires, qu’il a adapté et tourné avec son frère Stéphane Foenkinos. Encore un succès. Le film a même été vendu à 17 pays avant que la première image ait été montrée.
Les Français n’aiment pas ceux qui réussissent, mais comment en vouloir à David Foenkinos ? Unanimement connu pour sa gentillesse et sa disponibilité, celui-là ne joue pas les sympas, il l’est pour de bon et sans grosse tête. Aussi n’a-t-il rien changé à son mode de vie, menant une vie simple et familiale, avec peut-être un petit peu plus de sollicitations et de voyages à accomplir, mais toujours avec la même grâce.
Juré du prix Orange il y a deux ans, il rempile cette année avec enthousiasme. « J’ai un très bon souvenir de la précédente édition, j’y avais rencontré des gens passionnés. Dans le Prix Orange, il y a des lecteurs très motivés et des échanges stimulants. » Portant le regard sur le déroulement de ce quatrième prix, David Foenkinos se dit satisfait de la sélection, faite de belles découvertes et de romans de très bon niveau. Mais son dernier mot va à Erik Orsenna. « Je le connais peu mais c’est un président très agréable, une personnalité généreuse. Je trouve élégant, à son niveau, d’être dans la transmission et l’enthousiasme. Cela a beaucoup de valeur pour moi. J’ai tellement vu le contraire... »