Somb, c’est le titre du roman noir de Max Monnehay (Le Seuil) et le nom du meilleur ami du narrateur. Embarquement pour La Rochelle et l’île de Ré où Victor Caranne, la petite quarantaine, est psychologue dans le pénitencier de Saint-Martin de Ré. Sur cette jolie île qu’aiment tant les Parisiens, est installée une des prisons de haute sécurité de France, où l’on confine des détenus dangereux pour de longues peines. Le boulot de Victor, c’est de venir écouter les taulards et leur cohorte de désordres psychologiques. L’amour qu’il voue à une femme est la seule chose qui lui permet de tenir sans « décompenser ». Un matin, on découvre sur la grève le corps sans vie de la femme de son ami d’enfance, le visage broyé. L’enquête commence et la vie de Victor s’écroule.
Si le roman a tout d’un polar, avec le meurtre, la mécanique policière et la traque du coupable, Somb est pourtant davantage un roman noir, tant, rapidement, l’intrigue bascule vers les liens qui unissent les différents personnages masculins entre eux : l’amitié masculine est en effet le ferment d’une intrigue rudement bien tendue. Nouée dans l’épreuve, on la décrit souvent comme exempte de questions ou de mots, appuyée sur le fameux « parce que c’était lui, parce que c’était moi » de Montaigne.
Mais Max Monnehay décide de malmener l’image d’Epinal et d’extirper la nature et les non-dits de ce lien fort. Elle embrasse pour cela la géographie particulière de ce coin de la Charente-Maritime, autour de ce pont entre la terre et l’île, entre le présent et la mémoire tronquée, la sincérité et la duperie, mettant en scène la sérénité du bord de mer, la complexité des souvenirs nichés dans le centre-ville et le danger contenu dans les murs du bagne.
L’amour et l’amitié, la culpabilité et l’innocence, la préméditation et la spontanéité, l’incarcération et la liberté : rien n’est simple ni tranché, il existe un canal minuscule qui relie et corrompt ces notions qu’on oppose et qui ne sont pas si étrangères les unes aux autres. L’autrice ne donne aucune leçon, elle sculpte son histoire à partir d’un substrat psychologique fort qui interroge la question de la culpabilité, une sanction bien plus trouble que ce qu’un tribunal peut juger, et du remords, qui n’est pas le compagnon d’évidence des meurtriers. Max Monnehay, qui a été Prix du premier roman pour Corpus Christine (2006) signe ici un roman lumineux, tant la ville et ses beautés minérales sont présents, mais aussi une mécanique noire, très noire, pour une histoire glaçante jusqu’à sa toute dernière page.
© Karine Papillaud
Bonjour c'est un auteur que je ne connais pas. La côte atlantique est magnifique , je souhaite découvrir la Charente maritime entre terre et mer je n'y suis jamais allé.
Whaou ce roman me donne très envie de le lire, merci Karine pour cette belle chronique !
L histoire est le résumé fait froid dans le dos mais c est sa un bon triller a lire ,est suspens garanti
Bonjour et merci pour cette chronique.
J'aime beaucoup ce genre de polar et je sens que je me régalerai avec celui-là.