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On ne présente plus Jean Le Cam, alias « le Roi Jean », le héros du Vendée Globe, qui nous a tant ému et réjoui tout au long de son tour du monde. Son aura n'a jamais été aussi grande, sauveteur de Kevin Escoffier, navigateur au palmarès légendaire, 4e de la course en dépit d'un bateau moins performant, Jean Le Cam est le héros que la France entière adore. Gouaille, bon sens, humour, modestie, à 61 ans il a fait rêver un pays confiné entre novembre et janvier.
Quoi de mieux qu'un livre d'entretiens au « long cours » avec l'une des plus fines plumes du sport, Jean-Louis Le Touzet, pour conter une vie de roman. De son enfance à Châteauneuf du Faou aux premiers bords avec à 14 ans son père à bord de Mervent, l'Armagnac familial, à La Forêt-Fouesnant, entre le Cap Coz et Concarneau, dans le Finistère Sud. De ses premières victoires locales, à son apprentissage aux chantiers Pichavant à Pont l'Abbé, de la création avec ses amis Hubert Desjoyeaux et Gaëtean Gouerou, le trio fondateur du chantier CDK. De sa rencontre avec Tabarly, en tant que jeune appelé à bord de Pen Duick VI pour un tour du monde en équipage aux premières navigations transatlantiques sur les multicoques Jet Services, Fleury Michon, ces machines qui feront tomber le record de l'Atlantique. De la casse de la route du Rhum en 2002 à son entrée dans «la carrière» de solitaire «Â tourdumondiste» tardivement, en 2004 décrochant la deuxième place du Vendée Globe.
Mais aussi ses victoires, ses naufrages et ses sauvetages, ses échecs, ses projets architecturaux, ses silences bruyants, l'importance des femmes dans sa vie (sa mère et ses soeurs, sa femme Anne et ses filles), la mort de son père. C'est l'histoire d'un homme immense et humble qui jamais ne retient les larmes quand elles viennent, danse, rit, chante parfois sur son bateau. A la vérité un homme qui nous ressemble. Libre de dire ce qu'il pense car « J'ai toujours dit ce que je pensais». L'histoire d'un héros malgré lui.
La mer a le don de rendre l’homme bon. Parfois rustre, mais bon. Sans doute, parce que les marins savent que sur l’eau, on ne peut pas tricher. Ça passe ou ça casse. Souvent, ça casse. La quille, la coque, les voiles, le bonhomme.
Jean Le Cam n’échappe pas à la règle. Il est un homme bon. “C’est un bon, un très, très bon” comme dirait un ami à moi.
Il fut l’un des héros “malheureux” du dernier Vendée Globe. Terminant à la place du “con”. Quatrième. Cependant, la course de Jean Le Cam fut une aventure humaine, comme bien souvent dans le “Vendée”. De multiples avaries, un bateau en mille morceaux et surtout le sauvetage de Kevin Escoffier. De tout cela, on en discute dans cet ouvrage.
J’aime beaucoup la couverture. Le regard noir ! Le visage quelque peu buriné. Une vraie gueule du large. Un “tour du mondiste”, comme ils disent.
“La technique est un outil au service du récit. Un récit qui dure… Quatre-vingts jours. Et je pense, que cette année, j’ai été plutôt économe en mots. À bord, chacun est libre de parler. Il y a des jours où j’ai coupé l’interrupteur. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles” – Jean Le Cam
Je me suis souvent posé la question de savoir s’il on pouvait véritablement comprendre, sans avoir mis un pied sur un bateau ? Je n’ai jamais mis un pied sur un bateau. Je veux dire par là, ce genre de bateau. Bâti pour courir ou pour mourir. D’ailleurs, soit dit en passant, je n’ai que peu le pied marin.
Et pourtant, en lisant ce livre, tout est limpide, clair comme de l’eau de roche. On comprend l’homme, le bateau, la navigation, la solitude. Souvent étiqueté “brut de pomme”, “sauvage”, “Le Roi Jean”, sous la plume de Jean-Louis Touzet fissure, quelque peu l’armure. La confiance est réelle entre les deux hommes. L’amitié est palpable à chaque page. L’émotion évidente. La discussion sans phare !
Et il faut peu d’imagination, pour se représenter les deux hommes, converser dans la maison de Jean, des heures durant. Des séances, sans doute entrecoupés de la venue de Anne, l’épouse, fidèle et bienveillante. La femme du marin. Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Jean Le Cam est la mémoire du large. L’un des derniers véritables bricoleurs. Un homme entier. Qui peut, vous envoyer paître, comme vous prendre dans ses bras. Vous étreindre à vous couper le souffle. Il est de ceux que les silences ravissent. Il est un taiseux. Et il sait, l’importance des mots.
“Je suis parfois obligé de descendre à la cave pour remonter le meilleur des mots, comme une bonne bouteille” – Jean Le Cam
L’ami Jean, on l’apprend dans le livre, a déjà pensé à son épitaphe : “Jean Le Cam, parfois surnommé Le Roi Jean, coureur constructeur. Diplômé de l’école du large”.
Et avec lui, pourquoi aller chercher midi à 14 heures :”Je suis juste un mec simple, qui navigue sur un bateau, disons, simple, un peu plus simple que les autres. Et voudrait à nouveau un bateau simple, c’est simple non ?”
Jean partit seul et par un prompt renfort, vît des milliers de spectateurs en arrivant au port !
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