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« Grosse vache », je m'entends marmonner. Je regarde dans le miroir. Mon visage est devenu tout rouge ; j'ai l'impression que je vais exploser. « Grosse vache ». Toute cette graisse qui grouille sous ma peau, qui me gonfle, qui me
déforme, qui fait de moi un poids lourd.
Le poids a toujours été un sujet épineux pour Carmen. Rien de surprenant : sa propre mère lui répète comme une litanie qu'être mince, c'est être belle; c'est réussir dans la vie ; c'est obtenir tout ce qu'on veut. Alors c'est simple : sa fille
sera mince. Quel qu'en soit le prix.
- Si j'étais grosse comme ça, je me tuerais, dit Maman en montrant une photo de Marilyn Monroe dans un magazine.
Je suis dans la cuisine, en train de faire griller mon pain. Maman achète toujours du « sans sel ». Son nouveau régime l'autorise à en prendre deux tranches, avec 30 grammes de « Spécial K » et du lait écrémé.
- Tu me le dirais, n'est-ce pas ? Je veux dire, si j'étais aussi grosse oe
Je la regarde. Ses os saillent à travers ses vêtements.
- Bien sûr, je mens.
Elle me regarde étaler la margarine allégée sur mes tartines.
- N'en mets pas autant, Carmen.
On l'aura compris, ce texte traite de l'anorexie. Mais d'une façon peu commune, tant l'auteur fait écho dans nos vies.
C'est la descente lente mais irrémédiable vers l'anorexie que l'auteur décrit. Dès la première phrase du livre, le ton est donné : la mère est en train de sombrer, et va entraîner sa fille avec elle.
C'est ici que repose la force et l'originalité de ce texte : Julia Bell choisit en effet d'aborder le problème de la nourriture à travers 3 générations. La grand-mère, obèse, végète devant la télé et compense la médiocrité de sa vie par la nourriture. Elle ne parle, ne vit, ne pense que pour manger. Sa fille, la mère de l'héroïne, réagit en contrepoint : elle est maigre, refuse de se nourrir et pire, refuse que sa propre fille se nourrisse. Et enfin Carmen, déchirée entre sa soif de vie c'est une adolescente comme les autres et son envie de correspondre aux schémas inculqués par sa mère.
Un récit bouleversant, qui bouscule les idées reçues, et qui clame haut et fort à quel point les enfants ont besoin de leurs parents pour se sentir beaux.
XXL, un titre qui en dit long sur le thème principal du roman. Mise en scène dans notre société actuelle où l’apparence est de plus en plus importante, l’histoire est racontée par Carmen, une adolescente qui se cherche. Perdue dans un tourbillon de situations difficiles, entre la séparation de ses « parents », son déménagement dans une ville qu’elle ne connaît pas et les problèmes de poids de sa mère, obsédée par les régimes, elle va décider de changer son apparence, espérant que cette transformation résoudra tous ses problèmes…
Aujourd’hui, l’anorexie touche de plus en plus de personnes en raison de la minceur « idéale » vantée dans toutes les sortes de publicité imaginables. Il est donc normal que de nombreux romans se penchent sur ce problème. Destiné aux jeunes, XXL est cependant bien différent de tous les ouvrages parlant des problèmes de poids et d’anorexie que j’ai pu lire auparavant.
En effet, si on se rend vite compte que Maria, la mère de Carmen, est obsédée par son apparence et ses régimes, le problème de l’anorexie ne fait véritablement son apparition qu’après la moitié de l’histoire. Il est bien sûr présent auparavant, mais il faut savoir lire entre les lignes pour le déchiffrer. Ce n’est qu’après un enchaînement de mauvaises expériences que Carmen, qui adore la nourriture grasse venant du McDonald’s et les sucreries, décide de se mettre sérieusement au régime… et bascule dans la spirale infernale.
Ce passage se fait imperceptiblement, de manière presque naturelle. Par la suite, Julia Bell nous fera bien comprendre de quoi il s’agit, mais contrairement à bien des auteurs, j’ai trouvé qu’elle restait particulièrement objective, évitant de prendre parti ou de nous influencer.
Comme souvent, l’anorexie n’est pas un problème isolé. Dès le début de l’histoire, on comprend la situation difficile de Carmen, tant du point de vue familial que parce qu’elle est en pleine adolescence, période où elle recherche son identité. Si elle parait tout d’abord indécise, plutôt prête à suivre les autres t à obéir qu’à prendre des décisions et tracer son propre chemin, elle subira bien vite d’intéressants changements, tant du point de vue de sa maturité que du côté physique.
Carmen étant la narratrice, c’est elle que l’on connaît le mieux. On rencontre donc les autres personnages par son regard et les expériences qu’elle fait. Il est donc normal qu’ils soient moins détaillés qu’elle, mais j’ai tout de même trouvé qu’ils étaient quelque peu caricaturaux : la grand-mère qui regarde la télé tout la journée en s’empiffrant, le grand-père qui passe son temps au pub, la mère obsédée par son poids et son apparence, le père qui donne de la nourriture grasse à Carmen en douce… pour n’en citer que quelques uns.
Malgré un thème sérieux et lourd, Julia Bell ne tombe pas dans le drame, ce qui est appréciable. Plusieurs scènes comportent des touches d’humour, d’autres – en particulier celles avec Lisa – sont émouvantes. Le fait que ce soit une adolescente qui nous raconte son histoire y est sans doute pour beaucoup aussi car elle nous livre les choses de manière simple, sans longues explications, sans jugement. L’écriture est donc fluide, comportant de nombreux passages au style oral et « jeune », et le roman se lit très rapidement.
Si certaines scènes sont relativement longues au début – car la vie de Carmen n’est pas ce qu’il y a de plus excitant – la fin est très (voire trop) rapide. En effet, la tension se construit en crescendo à mesure que l’état de Carmen et sa mère s’aggrave. Une scène en particulier est extrêmement forte en émotions et je pense que bon nombre de lecteurs seront révoltés contre le comportement de la mère – je n’en dis pas plus, je vous laisse découvrir par vous-mêmes de quoi il s’agit. Les quelques dernières pages, malgré un rythme exagéré et une révélation qui n’en est pas vraiment une – qui ne l’avait pas devinée ?! – se terminent avec une scène très imagée qui, j’ai trouvé, se marie très bien avec le reste du livre et ses personnages qui basculent sans cesse d’un extrême à l’autre.
XXL est donc une lecture agréable et différente en plusieurs points de nombreux autres livres jeunesse traitant du même sujet. Bien que « clichés », les personnages sont plutôt attachants mais auraient, pour certains, mérité d’être un peu plus développés. On a un mélange de scène pleines d’émotions et d’humour qui entraînent une grande variété de sentiments chez le lecteur, de la révolte au bonheur et au soulagement, en passant par la tristesse et le désespoir… Un portrait relativement noir de notre société.
Ce livre plaira sans doute principalement aux jeunes, surtout aux filles, car ce sont elles qui sont généralement touchées par l’anorexie. Plus qu’un simple roman traitant de ce thème précis, c’est l’histoire d’une adolescence difficile et d’une quête de soi et de sa propre personnalité que de nombreuses personnes vivent à un moment ou à un autre. En résumé, une lecture rapide et divertissante pour un sujet sérieux, mais traité de manière juste et émouvante.
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