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Le 30 octobre 1940, six jours après la poignée de mains échangée à Montoire entre Hitler et Pétain, ce dernier annonce : « J'entre aujourd'hui dans la voie de la Collaboration. » Mais qui avait intérêt à collaborer ? La France ou l'Occupant ? Et les occupants y étaient-ils décidés ?
Quels liens unissent la Révolution nationale et la Collaboration d'État ? Pétain a-t-il mené un double jeu ? Y a-t-il eu deux Vichy, celui de Pétain et celui de Laval ? Quels rôles ont joué Darlan et Weygand ? La collaboration des intellectuels fut-elle déterminante ? À Paris, comment les artistes, écrivains, acteurs, chanteurs s'accommodaient-ils de la situation ? Pour qui la Collaboration fut-elle économiquement rentable, la France ou le Reich ? Pour certains Français ? Jusqu'où est allée la collaboration militaire ? Quel rôle les ultras de la Collaboration ont-ils joué ? Détinrent-ils la réalité du pouvoir en 1944 ? La Collaboration d'État a-t-elle facilité la mise en oeuvre de la Shoah en France ? Et comment, pendant ces quatre ans, l'opinion publique évolua-t-elle à cet égard ? L'Épuration fut-elle une oeuvre de justice ou de revanche ?
Autant de questions désormais classiques, examinées en détail par Jean-Pierre Azéma, avec le souci constant d'éclairer l'ambivalence des choix, des attitudes, des opinions et des mémoires.
Première édition : éd. André Versaille, 2012.
Après avoir réalisé un état des lieux de la question en 1975, Jean-Pierre AZEMA, historien, spécialiste de la seconde guerre mondiale et notamment de l’histoire de Vichy et de la Résistance, élargit le spectre des connaissances en s’appuyant sur les recherches scientifiques ainsi que sur l’analyse de Robert Paxton (historien américain) pour certains renseignements issus notamment des archives allemandes.
Bien organisé, cet opus entre dans les détails des collaborations et de leurs supporters. Très curieuse sur ces sombres années, de nombreuses lacunes en histoire et des discours familiaux jamais suffisamment documentés ou parfois trop orientés, je suis avide d’informations pour essayer de comprendre l’idéologie qui peut entraîner la nature humaine jusqu’au pire.
La quatrième de couverture récapitule les questions auxquelles l’auteur répond : Qui avait le plus d’intérêt à pratiquer la collaboration, le Reich ou l’Etat français ? Quel fut le rôle de Pierre Laval, celui de Darlan ? Quels rapports entre la Révolution Nationale et la Collaboration ? Qui étaient les collaborationnistes ? Quelle influence ont-ils eue ? Quels ont été les choix es forces politiques, religieuses et économiques ? La Collaboration a-t-elle facilité la mise en œuvre de la « Solution finale » ? A-t-elle pesé dans l’évolution du conflit mondial ? L’épuration n’a-t-elle été qu’un règlement de comptes ?
Je me suis particulièrement arrêtée sur ce que je n’avais guère appris des livres d’histoire, des documentaires, des films… notamment sur des sujets qui sont timidement abordés encore aujourd’hui : Paris et la culture, la place et le comportement des acteurs, musiciens, chanteurs… les réactions des intellectuels pris dans l’engrenage ou délibérément acquis à la cause, l’information (radios, affichages…).
« …l’ensemble du p aysage intellectuel français frappe par sa vitalité : on a dit souvent que sous l’Occupation, surtout dans les deux premières années, la France avait vécu une véritable explosion culturelle ». Certes, il fallait oublier les drames du moment, mais ?
Il y aurait beaucoup de phrases à relever qui ne manquent pas de surprendre le lecteur, mais mieux vaut lire le livre dans sa chronologie.
La lecture ne semble pas être d’un abord facile, mais dès les premières pages, j’ai su que j’aurais du mal à m’échapper de l’Histoire. Très loin des romans que je dévore, ce livre m’a beaucoup touchée parce que mon destin a été en partie tracé par les conséquences de cette guerre. Il permet de se resituer dans le contexte historique d’une époque pas si lointaine, il sera un témoin de plus de cette période et un précieux objet vers lequel se tourner pour lutter contre la dictature et autres extrémismes.
L’Armistice signé, revenue en mars 2021, je me suis remémorée une déclaration faite il y a un an, « nous sommes en guerre » . Loin de moi la polémique car je suis bien d’accord que nous souffrons, enfin, que ce n’est pas facile d’avoir 20 ans actuellement, mais pas plus que je n’arrive à employer le mot « collaborateur » dans une phrase, je ne suis pas à l’aise en comparant l’ampleur des catastrophes.
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