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« Vérités » ? Un gros mot. Je veux dire un mot imposant et presque solennel. Mais je me risque. Au fond, depuis ma thèse de doctorat, en 1936, sur Lamartine et sur Jocelyn - et c'est ce travail qui a tout déclenché en moi -, je me suis engagé sur une voie que j'ai suivie obstinément pendant plus d'un demi-siècle : rompre avec ce qui m'apparaissait comme évidemment erroné, et le remplacer par son contraire ; mettre le vrai à la place du faux. Ainsi j'avais cru longtemps, sur la foi des « autorités », Lamartine langoureux et sans muscles ; et je venais de m'apercevoir, en étudiant d'assez près sa personne, son oeuvre et son action, qu'il n'était pas tel ; pas du tout tel. Même réaction après d'attentives recherches sur Jean-Jacques Rousseau, le « persécuté imaginaire », vous savez bien. Drôlement authentique, la traque dont il fut l'objet. Hugo sonore comme pas un, mais d'autant plus qu'il était creux : un sous-primaire ? Pas vrai. Des idées, chez lui, beaucoup d'idées et sérieuses. Zola pornographe ? Tant s'en faut ! Et même sur la contraception, pire que Jean-Paul II. Péguy irréprochable ? Je voudrais bien ; mais pas moyen... Oui, d'accord, mes « vérités » sont « subjectives ». Mais je demande qui ne l'est pas, en histoire littéraire ou en Histoire tout court. L'important c'est de jouer franc jeu. Et je ne crois pas qu'on puisse me soupçonner de cacher mes préférences, mes options, mes partis pris. La loi première est de s'informer, de n'avancer qu'en terrain sûr, de savoir de quoi on parle. Et les exemples abondent de doctrinaires qui ont parlé sans savoir, pénibles, comme le cher Du Bos avec son Benjamin Constant « sincère », ou bouffons comme le malheureux Gaxotte avec son Robespierre « communiste ». Voici donc ma nouvelle « contribution » - comme disent les messieurs graves - à ce que je crois, sur divers sujets, la vérité qui devrait remplacer la légende. Voici mon cinquième recueil d'études critiques, après A vrai dire (1956), Éclaircissements (1961), Pas à pas (1969) et Précisions (1973). Des textes anciens que j'ai eu envie d'exhumer parce qu'ils me paraissent substantiels, notamment mes préfaces aux Trois Villes et à Fécondité, de Zola, ainsi qu'à L'Ane et à Dieu, de Hugo. mais du neuf aussi, en particulier sur Claudel. Et même, hors cadre, dirons-nous, des propos d'un autre ordre, qui forment un bref supplément à mon Parcours.
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