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La critique d'art Rahma Khazam réunit un ensemble d'auteurs offrant une variété de points de vues et d'interprétations de l'oeuvre de l'artiste et poète Franck Leibovici.
Le présent ouvrage s'inscrit dans la série des publications du prix AICA France de la critique d'art lancée en 2013. Il constitue le 5e opus d'un ensemble volontairement hétérogène, parce que nous avons souhaité que chaque livre soit le reflet des intentions du lauréat ou de la lauréate du prix, en collaboration avec l'artiste sélectionné.e.
La critique d'art Rahma Khazam est la lauréate du prix AICA France de la critique d'art 2017 (5e édition). Ce livre reflète la manière dont elle a voulu aborder l'oeuvre de Franck Leibovici, l'artiste qu'elle a choisi de présenter lors du PechaKucha au Palais de Tokyo. Elle a souhaité inviter d'autres auteur.e.s afin d'offrir aux lecteurs et aux lectrices une variété de points de vue sur l'oeuvre de son artiste de choix, en proposer plusieurs interprétations.
On peut définir la critique d'art comme l'interprétation des oeuvres d'art, au sens où les critiques d'art traduisent l'oeuvre en langage syntaxique et n'en donnent jamais qu'une interprétation parmi d'autres, parmi tant d'autres possibles, d'autant plus que « l'interprétation est devenue, comme le rappelait Michel Foucault - et depuis Nietzsche, Freud, Marx - une tâche infinie ». On interprète toujours une interprétation. Le regretté Arthur Danto extrapolait le point de vue en affirmant dans L'Assujettissement philosophique de l'art, que « les interprétations sont ce qui constitue les oeuvres, il n'y a pas d'oeuvres sans elles ». Ce qui est une autre manière de parler comme le nietzschéen Marcel Duchamp : « ce sont les regardeurs qui font les tableaux ».
Ce n'est pas un hasard si les textes ici réunis, par Rahma Khazam, y compris le sien, reviennent de manière très complémentaire sur la méthode de travail de Franck Leibovici. Son oeuvre met en évidence ce vertige de l'interprétation qui nous confronte à la béance d'une tâche infinie devant l'« ouverture à tous les vents du sens », dirait Georges Didi-Huberman. C'est pourquoi il faut souligner avec Yaël Kreplak que « Franck Leibovici est autant un artiste qu'un théoricien de l'art ». Si les critiques d'art interprètent les oeuvres d'art qui sont elles-mêmes une interprétation de la pensée de l'artiste interprétant son imaginaire et/ou le réel, alors l'oeuvre de Franck Leibovici, comme le montrent les textes ici réunis déploie une sorte d'heuristique de la mise en abîme du travail de la critique d'art et de celui de l'artiste. Au fond, j'aime à croire avec Bruno Latour que le critique d'art est « l'ami des objets interprétables », l'artiste aussi.
Raphael Cuir
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