"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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U Po Kyin, petit fonctionnaire birman dans la cinquantaine replète a réussi grâce à mille intrigues à gravir presque tous les échelons de la hiérarchie jusqu’à celui de magistrat sous-divisionnaire en attendant celui d’officier ministériel. Dans la petite ville de Kautkada, le Club est un lieu de détente strictement réservé à une quinzaine d’Européens qui tiennent absolument à rester entre eux alors qu’un peu partout ailleurs on commence à accepter la venue des premiers notables hindous ou birmans. Le toubib de l’endroit, Veraswami rêve pourtant de s’y faire admettre un jour, histoire de se retrouver hors de portée des calomnies et des manigances de son ennemi U Po Kyin qui voudrait bien se débarrasser de lui pour prendre sa place. Et voilà qu’une jeune et jolie Britannique fraîchement débarquée en ville jette son dévolu sur Flory, responsable de l’exploitation des bois et grand ami de Veraswami. Mais rien ne va plus quand la prétendante découvre que Flory a longtemps vécu avec une jeune indigène. Elle lui préfère un nouvel arrivant, Verrall, lieutenant de police de passage, plus jeune, plus fringant et plus riche que Flory…
« Une histoire birmane » est un roman classique et bien écrit dans le style riche et descriptif du début de l’autre siècle. Il mêle agréablement les observations politiques et sociales sur la réalité quotidienne de la colonisation à l’anglaise (on sent d’ailleurs que beaucoup de détails et de situations ont été croquées sur le vif, Orwell ayant été lui-même plusieurs années fonctionnaire territorial dans ces contrées lointaines), mais aussi les intrigues amoureuses plus ou moins ratées, la solitude de cette poignée de Britanniques, leurs attentes, leurs déceptions et jusqu’aux petitesses de leurs vies finalement pas si heureuses que cela. Orwell ne tombe pas dans le piège du manichéisme éculé. Pas de méchants colons d’un côté et de gentils colonisés de l’autre, mais des êtres de chair et de sang avec des bons et des nettement moins bons de chaque côté de la barricade. Et même de vraies crapules qui jettent de l’huile sur le feu et jouent les pompiers pyromanes ! On ne la fait pas à ce fin observateur qu’était Orwell. Ouvrage à conseiller ne serait-ce que pour découvrir ce qu’était vraiment la colonisation entre les deux guerres mondiales, ses véritables grandeurs et servitudes mais aussi ses lâchetés et ses mesquineries, sans parler du racisme des uns et des autres.
Cette année policière et pandémique aura été propice à la (re)lecture de quelques grands auteurs classiques comme Camus ou ici George Orwell.
Après les incontournables comme 1984 ou La ferme des animaux, on s'attaque à un tout autre bouquin, un des premiers romans de l'auteur : Une histoire birmane (Burmese days en VO).
Eric Arthur Blair (le vrai nom d'Orwell) est né aux Indes britanniques et il arrivera à Katha en Birmanie dans les années 1920 en tant qu'officier de la police impériale, à une époque où l'Empire se fissure de toutes parts.
Ce roman est évidemment tiré de cette immersion dans le camp des colons de la couronne où la suffisance et la médiocrité le disputent au racisme, une expérience qui le marquera beaucoup.
La saveur épicée du récit vient de l'amitié entre un entrepreneur anglais, Mr. Flory (qui tient des propos 'bolcheviques' selon ses pairs !) et un médecin indien.
[...] C'était le monde renversé, car l'Anglais se montrait violemment anti-anglais et l'Indien farouchement loyaliste.
Les propos de Flory-Orwell sur ses compatriotes sont en effet sans appel.
[...] - Quel mensonge , mon cher ami ?
- Mais, voyons, celui qui consiste à prétendre que nous sommes ici pour le plus grand bien de nos frères de couleur alors que nous sommes ici pour les dépouiller, un point c'est tout.
[...] C'est pourtant très simple. Le fonctionnaire maintient le Birman à terre tandis que l'homme d'affaires lui fait les poches.
[...] L'Empire britannique est tout bonnement un moyen de donner le monopole du commerce aux Anglais.
Le charme de ce roman, façon 'un anglais sous les tropiques', tient aussi dans cette description bienveillante et presque naïve de la vie quotidienne aux Indes qui témoigne de l'attrait de ce pays aux yeux d'Orwell.
[...] Les Birmans, en prenant de l'âge, ne deviennent pas flasques et ventrus à l'instar des Blancs : ils s'arrondissent de partout à la fois, tel un fruit en train de mûrir.
[...] J'aimerais que vous veniez dans la véranda voir mes orchidées. J'en ai à vous montrer qui ressemblent à des clochettes d'or - on dirait vraiment de l'or. Et elles ont un parfum de miel, presque trop violent. C'est à peu près le seul mérite de ce sale pays : il est bon pour les fleurs. J'espère que vous aimez le jardinage ? C'est notre grande consolation ici.
Il y a même un suspens quasi policier lorsqu'un vieux notable birman corrompu se met à intriguer et comploter au sein du microcosme qu'est la petite ville de garnison.
Et cette petite fable laissera finalement un arrière-goût très amer.
Pour celles et ceux qui aiment les indigènes.
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