"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre contient tous les livres, il s'écrit au-dedans et au-dehors, telle une prophétie. C'est le livre des vaincus, des hommes seuls, c'est le livre de tous les morts, de tous les malades et de tous les hélas, hélas de la vie, hélas de l'amour, hélas de la folie, hélas de la mort, une longue plainte qui nous mène à la quête de nouvelles entrailles, entrailles père, entrailles mère, entrailles bien-aimé. Ce n'est pas qu'un requiem, c'est une déflagration de la culpabilité et un besoin d'expiation à travers la beauté. C'est la conscience et l'inconscient qui s'affrontent dans le magma de la folie. L'obscure mémoire de la démence, le voilà le sacré. Le stigmate secret des aliénés réaffirme la persistance de la tragédie, la prédilection de la nature humaine pour la fureur et la rage, le besoin des dieux et de leur colère. Des cercles mystérieux, inextinguibles, dont aucun asile ne viendra à bout, aussi longtemps que la société, l'ordre et les laisses existeront. Prohibition et désobéissance sont liées, nous sommes excommuniés par la société, mis au ban du respect, et sous notre désordre lunatique coule le fleuve de l'angoisse. Nous sommes frénétiques. Nous invoquons la Déraison et nous signons au coeur du bestiaire.
Je viens de brûler mes parents, un corps puis l'autre à trois mois d'écart. Je ne veux pas me souvenir d'eux vivants. Je veux être accompagnée par leurs corps sans vie, leurs visages comme sculptés dans le marbre tels des masques du Non-sens et de la Déraison, leur repos enfin, ce mystère glaciaire, et l'immense douleur que j'ai ressentie en touchant la chair déjà froide. Je veux conserver l'image de leurs cadavres comme un médaillon en or dans ma mémoire, pour qu'elle me fasse pleurer toujours et ainsi avoir toujours à l'intérieur de moi l'image manquante, l'irreprésentable : l'image qui nous manquera toujours. Chaque jour je m'efforce d'oublier leurs vies, qui sont la mienne, je ne veux avoir d'autre souvenir que leurs morts, leurs morts qui ont ramené à moi le géant de la pitié. À ma droite mon père mort, à ma gauche ma mère morte. L'amour tout en haut, sphérique et doré. Je t'aime, mon père. Ma mère, je t'aime.
Angélica Liddel
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !