80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
« J'ai onze ans et des chaussettes qui tire-bouchonnent sur des mollets maigres. Je sais les pages des journaux par coeur. Je vais découvrir les calots en papier, le Pschitt citron, le maillot Sonolor de Lucien Van Impe, le Gan de Raymond Poulidor, le Molteni d'Eddy Merckx. Je suis un rural catholique des Côtes-du-Nord élevé chez les frères, un monde déjà en voie d'extinction. Ma première exploration du récit cycliste je l'ai couchée sur des cartes postales que j'envoyais à mon grand-père, un poilu qui s'est battu à Dixmude. Ce n'est que vingt-cinq ans plus tard que j'ai revêtu l'habit du suiveur sur les routes du Tour de France. L'exercice s'est renouvelé à dix-huit reprises. Chemin faisant, j'ai découvert un sport d'orgueil et de grandes forfaitures. Aujourd'hui, j'ai achevé ma croissance et choisi de prendre du recul, non sans avoir fait le tri parmi plus de mille chroniques données à Libération. »
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