Les quais encombrés de tonneaux de vin, de sucre ou de café, de bois amoncelés, l'odeur de goudron, les voiles amples des chalands de Loire, ce qui faisait l'animation des ports, tout a disparu. Qui mieux qu'un négociant d'Orléans du XVIIIe siècle peut faire revivre la navigation et le commerce qui firent la prospérité du Val de Loire ? Louis Colas Desfrancs (1735-1820) écrit d'un ton direct. Sur son registre, il relate en détail ses négociations parfois houleuses avec ses fournisseurs et avec ses clients répartis dans toute la France. Des ports comme Marseille et Nantes, de Blois, Tours ou Châtellerault, lui sont expédiés les huiles, les savons, les eaux-de-vie, le poivre, le café, les fruits. On le voit sur le port réceptionner ses marchandises, en vérifier méthodiquement l'état avec le marinier. On le suit dans les auberges embaucher des rouliers et leurs charrettes partant vers Paris. La guerre, le manque d'eau, la crue ou l'embâcle des rivières, les chemins défoncés, les voituriers voleurs, les tonneaux qui fuient, la marchandise pourrie, il faut faire face à tout, satisfaire une clientèle exigeante et dégager des profits. La Révolution bouleverse sa vie et ses certitudes. Suite à la loi de 1792, il se retrouve être un des premiers divorcés de France, malgré lui. Louis Colas Desfrancs est représentatif de ces négociants fiers de leur réussite et de leur art de vivre.
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