"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les rapports entre musique et environnement recouvrent des champs d'application disparates, qui pourront même être jugés, dans certains cas, inconciliables. Qu'y a-t-il de commun en effet entre une quelconque musique d'ascenseur et un Polytope de Xenakis, si ce n'est que, pour l'un comme pour l'autre, il s'agit d'investir acoustiquement un espace donné ?
Il ne sera pas question ici de réduire le débat à des prises de position manichéennes, ni d'instaurer des hiérarchies entre les divers mondes musicaux qui se côtoient, de gré ou de force, aujourd'hui. L'opposition entre une musique qui serait « pure » de toute attache politico-culturelle et une autre qui ne serait que fonctionnelle se révèle trop simpliste. À quelque niveau que ce soit, l'art musical exerce des fonctions relativement précises et déterminées par rapport à la société, dont il n'est jamais totalement coupé et dont il dépend même largement. Les contraintes peuvent s'avérer plus ou moins astreignantes, mais il reste au compositeur à trouver les moyens de déjouer les pièges qui risquent de se dresser entre son projet esthétique et artistique personnel et le rôle que les instances officielles veulent à tout prix lui faire jouer. Depuis des siècles il en est ainsi, même si les avancées technologiques ont manifestement changé la donne à partir des premières décennies du XXe siècle, en transformant la musique, art de l'éphémère par excellence, en une marchandise, un produit de consommation tout ce qu'il y a de plus tangible.
Si le « bruit » occupe ici une place importante, c'est bien parce que, de nos jours, le domaine musical inclut nécessairement une réflexion sur un tel phénomène et que le compositeur, même s'il n'est pas tenté de l'inscrire explicitement au sein de son oeuvre, est de plus en plus amené à prendre activement en compte tout à la fois ses apports les plus prometteurs et ses plus néfastes conséquences. Réfléchir sur les rapports entre musique, bruit en environnement implique presque naturellement de viser une approche pluridisciplinaire des arts, des médias et des technologies concernés. En effet, penser l'environnement suppose de dépasser les clivages entre le visuel et le sonore et d'imaginer selon quelles modalités peuvent s'opérer des conjonctions entre les deux, sans qu'un domaine prenne le pouvoir sur l'autre.
C'est pourquoi, tout au long des chapitres, on observera qu'un certain nombre d'artistes pratiquent conjointement plusieurs moyens d'expression, ou encore, pour la plupart, sollicitent des collaborations (avec des architectes, urbanistes, spécialistes des nouvelles technologies...) afin d'être capables de maîtriser des aspects qui ne relèvent pas nécessairement de leur compétence. Il sera tout d'abord question des musiques liées à des événements ou fonctions spécifiques (fêtes, banquets, musiques d'extérieur...).
Un chapitre sera consacré aux relations entre un environnement donné et une oeuvre, par exemple chez John Cage, dans le mouvement Fluxus, ainsi qu'aux apports des moyens électro-acoustiques et d'un médium comme la radio. Le chapitre suivant traitera des dialogues entre musique et architecture, notamment chez Xenakis, Stockhausen, Nono... Pour envisager les interactions entre plusieurs disciplines artistiques seront notamment examinées les pratiques récentes de la sculpture sonore et de l'installation. Sera ensuite abordée la problématique des musiques dites d'environnement, depuis les musiques d'ameublement chères à Erik Satie jusqu'aux « muzaks » qui tendent à envahir l'espace public. Cela nous amènera à répertorier différents types de musique fonctionnelle, à travers le développement de la signalétique sonore et du design musical.
La dernière partie du livre concerne les diverses approches du paysage sonore, démarche impulsée au Canada par Raymond Murray Schafer, et qui connaît un essor de plus en plus manifeste aujourd'hui, croisant une réflexion sur l'écologie et les implications psycho-sociales de l'environnement acoustique. C'est ainsi que, par exemple, les propositions de « promenades sonores » et d'interventions musicales in situ se multiplient dans de nombreux pays depuis une vingtaine d'années, cherchant à favoriser de nouvelles modalités d'écoute au quotidien.
Annexes Cet ouvrage s'accompagne d'une bibliographie et d'un important index qui reflète la grande quantité d'artistes évoqués, ainsi que leurs oeuvres, jusqu'à une date récente.
En outre, sera inséré un cahier d'illustrations hors-texte de 8 pages reproduisant des oeuvres phares sur le thème.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !