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Des premiers temps d'apprentissage dans l'atelier de Jacopo puis de Giovanni Bellini, suivis d'une collaboration empreinte de rivalité avec Giorgione, jusqu'au rigoureux et, pourrait-on dire, implacable développement qui le mènera à ses derniers travaux, Titien, au cours de sept décennies de règne sur le milieu artistique vénitien, ne cessa d'être considéré comme cet homme «divin et sans égal dans l'art de la peinture» que vantait Lodovico Dolce, cité par John Pope-Hennessy. Un parcours qui semble une irrésistible accélération vers l'angoisse assumée et le drame.
Dans ce bouillonnement d'expériences en apparence parfois contradictoires que reflètent d'innombrables oeuvres, Titien, au fil des ans, apparaît comme l'un de ces génies incarnant le plus parfaitement leur époque pour se projeter au-delà. Il y parviendra en ignorant les préceptes énoncés par les Toscans, c'est-à-dire en renonçant aux certitudes intellectuelles du dessin, pour tout miser sur la couleur, qui fut le véritable sujet de l'école vénitienne. Une expérience de la couleur qui, chez lui, sera avant tout celle de la lumière. C'est ce parcours exceptionnel que John Pope-Hennessy (1913-1994) évoque dans des notes rédigées en 1991, en vue d'une conférence qui fut l'une des dernières interventions de ce brillant historien de l'art.
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