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En Amérique, et ce depuis les années cinquante, la télévision est une machine infernale autour de laquelle la famille se rassemble et se déchire, s'annihile ou se désagrège.
Tandis que le père du narrateur se change en convive de pierre devant l'écran bleuté, les enfants, à l'arrière-plan, laissent leur imagination aller et venir entre les émissions hertziennes et les conflits domestiques. Dans Souvenirs de mon père devant la télé, les séries télé prennent vie, crèvent l'écran, aspirent les protagonistes, reformatent la vie privée américaine. Bonanza et Hawaï Police d'Etat ont remplacé Oedipe.
Vidée de sa substance, la figure du père rejoint l'ahurissant casting des westerns, films de guerre et autres paradis perdus de l'inconscient patriotique. Curtis White tient la télécommande avec un humour féroce, zappe d'une émotion à l'autre, rehausse les contrastes, déformes les sons. Salué par ses pairs et par la critique américaine comme un écrivain majeur, Curtis White, né en 1951, a publié sept oeuvres de fiction.
Souvenirs de mon père mort devant la télé est son premier roman traduit en France.
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