Quand la rentrée littéraire éclaire la question de la guerre d'un jour nouveau
Immense romancier américain, dans la lignée de William Faulkner, Shelby Foote est un auteur encore assez méconnu en France. Un de ses livres les plus importants en Amérique s'appelle «Shiloh», épopée miniature qui raconte la guerre de Sécession en 200 pages à travers la voix de soldats ou lieutenants des deux camps. Chaque chapitre est ciselé à la perfection, explorant la nature humaine, l'absurdité des combats, l'étrange ivresse de la cause et la détresse inévitable devant le spectacle de la violence et la mort. Tous les paradoxes à l'oeuvre dans une guerre. On pense à James Lee Burke, à William March... «Shiloh» est traduit pour la première fois en français.
Quand la rentrée littéraire éclaire la question de la guerre d'un jour nouveau
Mais qu'est-ce qui pousse les hommes à faire la guerre.?. toute cette souffrance sur les champs de bataille, dans les tranchées !? Ah mais oui ! Ceux qui déclarent les guerres les font avec le corps des autres, avec la vie des autres. Beaucoup plus facile et surtout beaucoup moins douloureux !
Pendant ce temps-là, ceux qu'on a envoyés se battre souffrent… et pensent, à ce qu'ils espèrent retrouver après la bataille, après la guerre.
Sept récits, six soldats, du nord et du sud, en sept chapitres qui montrent l'absurdité de la guerre en même temps que la condition humaine face à ce qui nous dépasse.
Shiloh est le lieu d'une sanglante bataille de deux jours en 1862 au États-Unis entre le nord et le sud pendant la guerre de sécession.
Il semble que Shiloh ait un sens, selon le deuxième livre de Samuel : "Il est dit que c'est ce à quoi aspiraient les enfants d'Israël, les élus de Dieu. […] ça voudrait dire "lieu de paix"." Pourtant, en 1862 il y eut à cet endroit un très grand nombre de morts, de blessés et de disparus dans les deux camps.
J'ai cherché les chiffres sur internet, tous les sites que j'ai vus en donnent des différents.
Je ne connais rien à la guerre de sécession et à chaque chapitre je ne savais pas s'il s'agissait d'un soldat du nord ou du sud. Mais ça importe peu puisque l'essentiel de ce récit c'est l'humain dans ce combat fratricide qui nous rappelle si besoin était, que l'Amérique s'est bâtie dans la douleur.
Ces soldats qui attendent le combat avec impatience pour soudain découvrir la terreur de la mort, comme si elle était penchée au dessus d'eux prête à les emporter.
Ça raconte des tranches de vie de ces hommes, qui vont se battre la fleur au fusil, sans avoir la moindre idée de l'horreur qui les attend : "J'étais perturbé, on peut le dire, car on a beau être averti que la bataille va être sanglante, on ne le croit qu'en voyant le sang."
Ils se découvrent tantôt près à l'héroïsme, tantôt honteux de se sentir lâches.
C'est toute l'absurdité de la guerre qui offense la vie.
C'est très documenté, ça montre l'aberration qu'est la guerre, quand chacun des camps pense que c'est lui qui se bat pour la juste cause, quand on est capable de tirer sur son ami d'enfance parce qu'il est dans le camps d'en face.
Shelby Foote n'est pas qu'un romancier, c'est aussi un historien reconnu de la Guerre de Sécession. Il a d'ailleurs participé à la formidable série documentaire de Ken Burns The Civil War ( diffusé sur Arte il n'y a pas si longtemps ).
Shiloh, c'est le nom d'une des batailles les plus meurtrières de la Guerre de Sécession, deux journées de carnage en 1862 le long de la rivière Tennessee.
Et c'est bien un roman dont il s'agit-là.
L'auteur parvient magistralement à faire revivre cette bataille, son déroulement scrupuleux, ses acteurs les plus connus ( les généraux sudistes Johnston et Beauregard, les nordistes Grant et Buell ) sans en faire une démonstration militaro-militaire ennuyeuse pour ceux qui ne sont point familiers ni intéressés par les longs descriptifs techniques batailles ( je lève la main ). Un tour de force que de transformer cette terrible mêlée en un récit profondément intime et intimiste.
Le récit est profondément centré sur l'humain par les voix de 6 personnages fictifs, sudistes ou nordistes, de tout horizon social, de tout grade. Chacun raconte ce qu'il voit, ce qu'il vit, ce qu'il ressent comme autant de mouvements impressionnistes d'une même symphonie funèbre. La force dramatique de ce choeur à hauteur d'hommes m'a empoignée, pas tout le temps, mais souvent.
Le 3ème chapitre consacré au soldat Luther Dade du 6ème régiment du Mississippi est celui qui a le plus retenti en moi ; ses phrases m'ont souvent saisie , incrustant des images indélébiles :
« J'en vis un arriver, il courait les jambes un peu écartées, et juste au moment où il franchissait l'arête, l'avant de son manteau sursauta là où les balles ressortaient. Il dévala la pente, déjà mort, comme un chevreuil touché en pleine course. Cet homme continua de courir sur presque cinquante mètres avant que ses jambes ne cessent leurs mouvements et qu'il ne s'étale sur le ventre. Je vis bien son visage pendant qu'il courait, et aucun doute : il était déjà mort à ce moment-là. Cela me terrifia plus que tout ce dont j'avais été témoin jusqu'ici. Ce n'était pas si terrible, en y repensant : il courait au moment où il avait été touché, et , emporté par son élan, il avait continué de dévaler la pente. Mais cela semblait si anormal, si scandaleux, si irréligieux qu'un mort doive continuer de se battre -ou du moins de courir – que j'en eus la nausée. Si c'était ça la guerre, je ne voulais plus y être mêlé. »
Personne n'a gagné à Shiloh, une armée a attaqué et puis s'en détourné plus au sud ; l'autre s'est relevée et a enterré les morts des deux côtés.
Shelby Foote a été capitaine pendant la Deuxième guerre mondiale, en poste en Irlande du Nord. Il est passé devant la cour martiale en 1944, dégradé puis expulsé de l'armée pour avoir utilisé illégalement un véhicule militaire afin de rendre visite à sa future femme.
Un roman puissant, sombre forcément, mais traversé de flashs quasi poétiques. Comme un cri antimilitariste qui ne hausse jamais la voix mais dit tout.
La couverture est remarquable (oui ! J'aime le belles couvertures qui ne font pas tout,certes ,mais qui font d'un roman un bel objet d'Art ,j'avoue )
Le récit de 1952 est traduit pour la 1er fois en français et on y parle d'une des plus sanglante bataille de la guerre de Sécession (qui a cessé ,ça c'est sur !).C'est une fresque incroyable ,un récit choral qui se situe dans le Sud-Ouest du Tennessee dont l'issue donna victorieuse l'Union avec pas moins de 23 700 morts au total en 5 jours !
Shiloh veut dire "lieu de paix " en Hébreu un paradoxe ironique qui laisse perplexe !
Plusieurs récits sont donnés par plusieurs grades des différents camps ce qui rend le contexte passionnant .
L’écriture est masculine en ce sens qu'elle reste essentiellement factuelle à travers le prisme de la désillusion. C'est toute l'absurdité de la guerre qui resurgit dans ce récit exceptionnel où l'ivresse des combats n'a d’égale proportion que le désespoir qu'on y met. Où la désertion, les mutilations sont autant d'absurdités évidentes qui font de l’héroïsme une illusion éphémère voir éternelle pour le plus grand nombre. Il n'y a pas d'accusations ni de jugement ,on est dans l'action avec les soldats et les officiers au coeur du conflit où le sang peut servir d'encre pour marquer les esprits .
Un grand classique ! Une oeuvre qu'il faut faire découvrir !
[ Retournée ]
Mon premier coup de cœur de 2019.
Je ne m’y attendais absolument pas en m’embarquant dans ce roman retraçant une des plus grande bataille de la guerre de Sécession.
La bataille de Shiloh (étrangement «shiloh» veut dire paix en hébreu) a été un carnage : l'Union déplora 13047 victimes (1 754 tués, 8 408 blessés et 2 885 disparus) et les pertes confédérées furent de 10699 hommes (1 728 tués, 8 012 blessés et 959 disparus ou prisonniers).
Voilà pour le petit cours d’histoire, maintenant parlons littérature.
Shelby Foote a écrit une grande, une immense fiction historique.
Il retrace cette bataille en donnant la parole à 6 soldats, alternant soldat du nord et soldat du sud. L’un après l’autre, ces hommes tracent la chronologie des deux jours de combat. Petit à petit se dessine la chorégraphie sanglante des armées rivales tout en nous immergeant dans le cœur et l’esprit des hommes.
La construction de la narration est d’une efficacité redoutable. On ne peut pas lâcher le livre.
Foote entrelace les récits personnels des personnages de fiction avec des descriptions historiques du carnage, de la météo et des conditions de vie sur le champ de bataille. Il décrit la douleur, la mort et l'horreur de manière vivante. L’absurdité de la guerre et la violence sont au paroxysme.
Comme les soldats on est tour à tour exalté, choqué, mort de peur, abasourdi, horrifié et on tourne la dernière page en se demandant ce qui vient de se passer.
Shelby Foote a publié ce livre en 1952. Il vient d’être traduit pour la première fois en français par Olivier Deparis pour les Editions Rivages. C'est un livre terrible et magnifique, et vous ne devez pas passer à côté.
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