"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Partout et chaque fois qu'une zone de non-droit fait à nouveau son apparition, que le sinistre rideau de vieux velours rouge cardinal à dorures, noirci et râpé, de la raison d'État ou de l'état d'exception se referme pour un temps devant la scène du théâtre de l'histoire, alors le spectre de l'insoutenable Salo ou les 120 journées de Sodome revient hanter la mémoire occidentale.
Peut-être Salo, quand le temps passé nous aura donné le courage et la force de le regarder bien en face et de le comprendre par ce regard et non contre lui, deviendra-t-il, pour nous, l'équivalent de ce que pouvait être l'Enfer de Dante pour son auteur, pour Pasolini : une oeuvre d'une incommensurable beauté poétique dont chaque détail, chaque personnage provient d'un quotidien éminemment politique et dont la souveraine ambiguïté signifiante, qui seule peut faire pièce à la barbarie, est encore discutée, mot à mot, sept siècles après son achèvement.
"Nuit et Brouillard et Salo sont les deux films que devrait voir tout spectateur qui aspire à devenir citoyen", disait Jean-Claude Blette : c'est par une petite série de commentaires "mot à mot", comme on les pratique traditionnellement, tercet par tercet, dans les interprétations de la Divine Comédie, qu'Hervé Joubert-Laurencin, citoyen et ami de Jean-Claude Biette, a voulu ici "monographier" Salo.
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