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Les textes réunis sous le titre Russie/URSS/Russie couvrent toute l'histoire de l'URSS, de la révolution de 1917 jusqu'à l'effondrement du système en 1991.
Il met à mal nombre de clichés et d'idées reçues, mais aussi certaines doxa qui font l'économie d'une véritable analyse de ce qu'a été le régime issu de la Révolution d'octobre. La formulation de Moshe Lewin est brutale : « Un système barbare construit sur les ruines d'un grand idéal émancipateur. » Il ajoute que la Révolution d'octobre n'a pas ouvert une ère nouvelle dans l'histoire de l'humanité, mais correspond au pas- sage complexe et mouvementé d'une Russie préca- pitaliste à une Russie capitaliste. L'effondrement du régime s'explique, selon lui, par l'accumulation des contradictions internes qu'un pouvoir archaïque et fossilisé était incapable de gérer, alors même que la société soviétique était désormais en majorité urbaine et éduquée.
Le titre Russie/URSS/Russie souligne qu'on ne peut comprendre ce qu'été le « phénomène soviétique » qu'en analysant les discontinuités mais surtout les continuités entre la Russie d'avant la révolution et l'URSS. Moshe Lewin insiste sur le fait que le poids de la Russie paysanne se fait sentir jusqu'au milieu des années 1960.
Il insiste sur la place du chauvinisme grand-russe comme composante essentielle de l'idéologie du ré- gime : au début des années 1920, Lénine dénonce en Staline un de ses représentants (cf. Le Dernier combat de Lénine, Syllepse) ; au lendemain de 1945, lorsque Sta- line célèbre la « grande et sainte Russie » ; dans les années 1960, quand le régime commence son déclin, le na- tionalisme grand-russe pénètre toutes les instances de l'État et du parti ; enfin, dans la Russie post-soviétique le secrétaire du Parti communiste se déclare « russe par le coeur et par le sang ».
Enfin, l'auteur déconstruit l'assimilation de l'URSS au « communisme » paradoxalement partagée et par les adversaires du communisme et par les nostalgiques du système qui persistent à célébrer les mérites de Staline.
Une telle identification permet de proclamer que la fin de l'URSS signifierait la « fin du communisme ».
Alors que certains, au prétexte que l'histoire aurait mal tourné, souhaitent déchirer la page, le livre de Moshe Lewin fournit un éclairage sur ce « continent disparu » et contribue à donner à l'URSS sa vraie place dans la réflexion sur la révolution et le socialisme au- jourd'hui.
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