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Le rouge est en Occident la première couleur que l'homme a maîtrisée, aussi bien en peinture qu'en teinture. C'est probablement pourquoi elle est longtemps restée la couleur «par excellence», la plus riche du point de vue matériel, social, artistique, onirique et symbolique.
Admiré des Grecs et des Romains, le rouge est dans l'Antiquité symbole de puissance, de richesse et de majesté. Au Moyen Âge, il prend une forte dimension religieuse, évoquant aussi bien le sang du Christ que les flammes de l'enfer. Mais il est aussi, dans le monde profane, la couleur de l'amour, de la gloire et de la beauté, comme celle de l'orgueil, de la violence et de la luxure. Au XVIe siècle, les morales protestantes partent en guerre contre le rouge dans lequel elles voient une couleur indécente et immorale, liée aux vanités du monde et à la «théâtralité papiste». Dès lors, partout en Europe, dans la culture matérielle comme dans la vie quotidienne, le rouge est en recul. Ce déclin traverse toute l'époque moderne et contemporaine et va en s'accentuant au fil du temps. Toutefois, à partir de la Révolution française, le rouge prend une dimension idéologique et politique. C'est la couleur des forces progressistes ou subversives, puis des partis de gauche, rôle qu'il a conservé jusqu'à aujourd'hui.
Le rouge étalé sur les lèvres, le rouge qui flotte sur nos drapeaux, le rouge sanguin, le rouge sulfureux, le rouge de l'amour passion, le rouge aristocratique, le rouge papal…
Dans ce nouvel opus, Michel Pastoureau nous fait voir la vie en rouge et ça claque forcément un peu. Il n'oublie pas non plus de faire le lien entre les couleurs (l'histoire des couleurs est inextricable de l'histoire d'une couleur en particulier).
Vous y apprendrez dans le désordre que les échiquiers n'ont pas toujours été monochromes, que le petit chaperon rouge devrait être plus logiquement un petit chaperon vert, et que le rouge est aussi une couleur dangereuse, subversive…
S'il est une couleur vivante et vibrante, c'est bien celle-là.
Mais sa signification n'a pas cessé d'évoluer au fil des siècles et de son utilisation, voire même de notre perception.
Aujourd'hui encore ses déclinaisons interrogent, passionnent voire dérangent !
Ainsi du rose, qui n'a pas toujours été, et loin de là même, une couleur à connotation féminine puisque le rose était porté indistinctement par les deux sexes (c'était même plutôt une couleur dite "masculine").
Sur d'anciens portraits de jeunes enfants, il est parfois difficile de juger : garçon ? fille ? D'autant que la mode de l'époque est aux cheveux longs et bouclés.
Et si c'était très bien comme ça ?
Comment se fait-il alors que le rose soit devenu une "couleur de filles" ? Mais, ouf, les temps changent encore… Ne dit-on pas que la mode est un éternel recommencement ?
Voilà donc un ouvrage qui ne pouvait être - on s'en doute bien avec une couleur pareille - que passionnant !
Un livre totalement passionnant, où l'on découvre l'histoire de la couleur rouge à travers les âges de la Préhistoire à aujourd'hui. Tout y est : la maitrise, les symboles, les reprises politiques... A lire!
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