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CONSTANTIN avait cru rétablir l'empire de Rome après un demi-siècle d'invasions, de déchirements sociaux, politiques, religieux (Rome et les Barbares, Tome I, l'empire renaît chrétien). Mais il n'était mort que depuis 100 ans lorsque l'Occident passa sous la domination des barbares, tandis que l'Orient, ébranlé, bénéficiait d'un sursis.
Après lui, les héritiers du trône continuèrent à s'appuyer sur les divisions ethniques, économiques, militaires pour se contester le pouvoir.
La religion chrétienne, dont il avait voulu faire l'idéologie unitaire de la société, se fragmenta en factions. Elle réprima brutalement les anciennes croyances, les sectes et les hérésies. Ses cadres, intégrés dans la classe dirigeante, en absolvant son égoïsme et en participant à son autoritarisme, suscitèrent l'amertume des croyants dans le bas peuple, réduits à espérer le bonheur et la justice dans l'au-delà.
Les nobles, les riches, les propriétaires, isolés dans l'arrogance de leur caste, ne s'appliquaient qu'à tirer de leurs inférieurs le maximum de profits, rechignant à contribuer au fonctionnement de l'état et de l'armée, pourtant garants de la survie de leurs privilèges.
Aussi la masse des pauvres n'adhérait-elle pas à un idéal national. Petits libres et esclaves étaient confondus dans la même misère et le même mépris. On ne trouvait de soldats qu'en recrutant des mercenaires barbares à qui l'on déniait la qualité de compatriotes.
Quand la pression des peuples affamés redevint intense aux frontières, l'armée fut de connivence avec ses frères de race, la population pauvre sympathisa aux envahisseurs, la classe supérieure s'employa à sauvegarder ses avantages en se soumettant aux potentats barbares et en s'unissant à leurs élites dirigeantes.
Cependant, toute une civilisation s'affaissait lentement, avec des à-coups brutaux et des paliers sans cesse plus bas, sans sursauts.
Tous les aspects de la société étaient atteints, l'état, l'administration, l'armée, le droit protecteur des faibles, le commerce, les voies de communication, la production agricole et artisanale, le réseau urbain, les liens de solidarité, l'assistance publique, les connaissances scientifiques, la philosophie, les beaux arts et la littérature, mais aussi l'espérance de vie ainsi que la mémoire des acquis sociaux.
Cette civilisation égoïste et exploiteuse avait échoué à étendre à tous un bien être égalitaire, élargir sa base sociale, civiliser la barbarie, offrir le bonheur « à la ville et au monde ».
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