"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand ça ne tourne pas rond, il faudrait se voir prescrire l'obligation de parcourir un GR, un chemin de grande randonnée. À écouter ceux qui suivent les sentiers, douaniers ou d'altitude, les pas semblent escortés naturellement par un supplément de sagesse. Dans un coin du Panama, on ne s'y est d'ailleurs pas trompé. Là-bas, pas de prison. Une loi locale impose plutôt à celui qui a commis un délit de s'acquitter de plusieurs jours de marche. « Imaginez donc la confusion quand j'expliquais que je traversais l'ensemble du territoire à pied », écrit la voyageuse Anne Bécel qui contait dans Bouts du monde sa traversée du pays.
Les voyages à pied au long cours sont une plongée dans l'inconnu de l'heure qui vient. Que vais-je trouver au coin du bois ? Où vais-je planter ma tente ce soir ? Quel temps fera-t-il demain ? Peu importe. Quand la mécanique implacable de la marche se met en branle, l'esprit prend le pas sur les contingences matérielles, et le randonneur éprouve le sentiment grisant de la déconnexion.
Avant cela, il déplie des cartes géographiques pour y déceler des itinéraires. Il n'en manque pas puisqu'il suffit de relier un point A à un point B pour réaliser un chemin de randonnée. Les projets, ainsi, peuvent être sans limites. François Remodeau a tracé un trait tout droit, le long du méridien de Greenwich, en se disant qu'il y avait là matière à réaliser une première : personne n'avait jamais pensé à suivre à pied, sans s'en éloigner de plus de quelques degrés, cette ligne géographique qui sépare l'Est et l'Ouest.
Le chemin de Nicolas Darricau fut tout l'inverse : longer strictement le littoral français entre la Belgique et l'Espagne. Il a d'abord douté des relevés qui mentionnaient un parcours de quatre mille kilomètres, puis il a longé les criques et les estuaires, les golfes et les presqu'îles.
La carte qu'a dépliée Christophe Vesco était encore plus grande. Au sud, il a pointé le détroit de Gibraltar, et tout en haut sur la carte, il a marqué le cap Nord. Six cents jours de marche et d'introspection entre l'extrême Sud et l'extrême Nord de l'Europe.
Une semaine suffit pour prendre la clé des champs. Cela a permis à Marie Demont de ressentir l'ivresse de la liberté sur les chemins et routes du Lot. Ou bien à Adeline Terpo sur le chemin de Stevenson. Bouts du monde n° 55 arpente largement les chemins de grandes randonnées en France. Les GR5, GR10, GR20 ou GR34 annoncent la promesse de l'été et sont devenus des noms presque familiers, tout comme les petits traits blanc et rouge qui les jalonnent.
Mais se mettre en marche n'est pas si simple. Il y a tant de choses à apprivoiser. La géographie, l'espace, l'improvisation, la solitude, l'effort. Lucie Raynal s'y est reprise à deux fois avant d'accomplir sa traversée des Pyrénées. La première tentative d'Ouest en Est fut un échec. Il lui fallait absolument repartir, dans l'autre sens. Qu'aurait-elle bien pu faire sinon ?
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !