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«J'ai passé ma vie sur la route. Tout seul. Avec la blonde. Avec mes fils, avec la musique, avec mes filles. Des milliers et des milliers de kilomètres. Coureur de savanes, enjambeur d'océans. T'as trop couru, t'as le souffle court. Les hanches, ça va toujours. Même si elles servent plus à grand-chose, elles ont le tempo pour écrire. Voilà ce que je ramène. Quinze rounds. Celui qui clôt. Qui ferme le rideau.»
Richard Bohringer n'est plus à nommer, chez Flammarion depuis 1988. Et pourtant, il nous marque encore ici dans ce fameux Quinze rounds que l'on pourrait croire son combat contre le cancer qui l'a atteint. Pourtant on se trompe. Le regard dans le lointain, Richard se livre comme jamais au lecteur. Il a tout compris de la vie, de sa valeur, de l'essentiel. L'amour et l'amitié sont les valeurs fondamentales, le reste est un tour du monde que nous faisons pour fuir, se fuir. Lorsque l'on se découvre enfin, on s'aime, on aime plus les autres, on aime la vie et on a pas envie qu'elle finisse, interrompue par une putain de maladie qui vous écrase comme une merde. Des mots crus, grossiers ? Mille excuses, oui, néanmoins c'est la vie justement, la vraie, sans fard, celle de Richard comme tant d'autres.
Dans un rythme en accéléré, comme à bout de souffle, éblouissant tout de même de vérité, d'amour, une grande claque de réveil tardif, un flash back voulu pour mieux dire la survie, les racines trouvées au fil du temps qui ont fait l'homme, un homme qui se sentait rien et qui malgré tout est devenu quelqu'un, une personne meilleure également , entre ombre et lumière, car il a compris l'essentiel. Encore un peu de vie s'il-vous-plait, encore tant à faire, à laisser pour l'après-soi.
Quinze rounds est une bouffée d'amour, de la poésie à pleins poumons, des odeurs, de l'amour, des larmes, du sang. Une vie dans sa profondeur. Richard est plus proche que jamais des siens même dans sa solitude et sa douleur, apaisé et prêt à rebondir pour d'autres rounds de vie. Le corps a du mal à suivre mais ses mots swinguent et nous, lecteurs, on danse avec eux, grâce à eux et à la fin on a envie de saluer l'artiste, l'écrivain, le poète qui nous a enfiévré et fait voyager. Le coeur gonflé de vie et d'espoir.
Blanc, noir, peu importe, la vie c'est mille couleurs à découvrir. Juste au fond une histoire de coeur, le reste du superflu, des erreurs de parcours.
J'aime ce bonhomme, j'ai lu l'intégralité de ses livres et si j'entends sa voix à la télé je m'arrête et je l'écoute. Je l'aime parce que ses combats je les comprends, sa souffrance aussi et parce que c'est un sensible, un écorché , un pudique , des qualités qui me parlent , qui me touchent. Alors, je ne me suis même pas posé la question de lire ou non ce livre qui sonne comme une conclusion (et je croise les doigts pour que ça n'en soit pas une et pour que ses mots résonnent encore), c'était une évidence.
Encore une fois, j'ai été emporté dès la première page, il y a quelques choses d'hypnotique dans le phrasé et dans le rythme de son écriture, de la poésie partout même dans les moments les plus sombres. J'adore, j'en ai appris un peu plus sur lui, sur ce qu'à été sa vie avant le succès, sur ses amitiés , ses galères, ses espoirs. Il ne s'épargne pas, ne se trouve pas d'excuses sur ses failles, ses conneries et ses errances, il relate des faits en étant entier, honnête, il écrit comme il parle et on croit parfois entendre sa voix en lisant.
Quinze rounds, quinze tranches de vie d'aventures, de rencontres bonnes comme mauvaises, il ne règle pas de comptes, il prend le parti de parler que des personnes qu'il a apprécié laissant à d'autres les livres poubelles , la classe, la vraie classe ! On ne peux qu'être touché par ce parcours hors norme, par cet homme écorché et pas épargné par la maladie, ce foutu cancer qu'il craint de voir revenir. Fort en émotions j'ai aimé ce livre et j'aurai voulu en lire plus encore. J'ai aimé la pudeur quand il parle de sa blonde comme il l'appelle et ses enfants.
Un texte sauvage, fou, rythmé , des émotions, des paysages, des rencontres, la foi, le cinéma, l'écriture, l'amour, l'amitié, la drogue, l'alcool, les voyages, l'Afrique, la boxe c'est tout ça que vous trouverez dans cette autobiographie poétique , intense. Il nous raconte sa vie, il se raconte et c'est sa voix que j'entends comme s'il se confiait pour que l'on se souvienne et que l'on ne l'oublie pas tout à fait. Un picotement lacrymal lorsqu'il parle de sa mort prochaine, j'ai fermé le livre avec une furieuse envie de vivre, de profiter de la vie et avec la confirmation que ce mec est un type bien et que j'aimerai en croiser plus souvent.
Monsieur Bohringer vous êtes un grand homme et je vous respecte, votre sensibilité, vos coups de gueule et vos coups de coeur m'émeuvent et me touchent. Je croise les doigts pour avoir la chance de vous lire encore.
VERDICT
Ceux qui aiment Bohringer adoreront assurément ce livre, ceux qui ne l'apprécient pas ne changeront pas d'avis après ce livre. A lire, ne serait-ce que pour la beauté des mots, la musique des mots... Conquise
https://revezlivres.wordpress.com/2016/07/07/quinze-rounds-richard-bohringer/
Mise à part une remarque liminaire à l'éditeur, sur l'orthographe du nom de l'auteur tour à tour Bohringer ou Borhinger (la bonne est sur la couverture représentée, mais si on ôte la jaquette, c'est l'autre, pareil en 4ème de couverture, ça change en fonction de la ligne), puis sur quelques coquilles laissées, je dois dire que ce livre m'a énormément plu, comme tous les autres de Richard Bohringer. J'aime son écriture, on a l'impression de l'entendre nous lire son texte avec ses changements de rythme, d'intensité, sa voix si reconnaissable, pleine de vie, ses emportements, ses moments de tendresse, ses pauses, tout ce qui fait de l'auteur ce type attachant à la si forte personnalité.
Les premiers rounds sont consacrés à sa jeunesse et aux maladies qu'il a contractées : cécité pendant deux ans puis scoliose sévère qui l'ont obligé à partir loin de Paris pour se faire soigner. Puis le retour, les petites conneries, puis la montée crescendo vers la dope et l'alcool. Le cinéma, le théâtre, les voyages, les rencontres masculines, ceux qui deviendront ses amis, ses proches, les rencontres féminines -la maman de Romane et la maman de ses autres enfants surtout : "C'est en Savoie que j'ai rencontré Astrid. Si jolie avec son anorak bleu dans la neige blanche. Jolie comme l'aurore derrière la montagne. Gracieuse comme une gazelle avec du bélier qui coule dans ses veines. Elle était la nature. Ça me plaisait. J'ai toujours aimé profondément la nature et elle en était un moment." (p.104)-, la recherche du père et de la mère qui l'ont laissé auprès de sa grand-mère....
Je serais trop long si je voulais aborder tous les thèmes dont parle R. Bohringer, c'est l'histoire d'une vie, de sa vie, de sa naissance à la maladie qui le ronge depuis quelques années, le cancer. Le lire, c'est l'entendre, d'autant plus qu'il s'adresse directement à nous, apaisé, sa colère transformée ou laissée de côté pour ne se souvenir que des belles choses : "J'ai soixante-quatorze ans et je tire la route avec toute l'énergie de chaque instant. Il y a des gens qui m'aiment et des gens qui ne m'aiment pas. Alors, ma quête, mon graal, mon attirail de quincailler, mes bontés et le bruit que fait ma vie, le beau et le pas beau, juste un humain, je suis juste un humain. Ça peut prendre toute la vie. C'est promis, vous qui désespérez, chers lecteurs, de devenir meilleurs, vous avez de longues années encore devant vous. Il faut juste se mettre dans l'idée ! Se préparer à son olympisme." (p. 245)
Au fil de ses ouvrages, Richard Bohringer a su construire une œuvre à part, littéraire assurément, qui lui ressemble. J'ai presque tout lu et tout aimé (seuls trois autres titres sont recensés sur le blog, les autres je les ai lus avant : Traîne pas trop sous la pluie, Les nouveaux contes de la cité perdue, C'est beau une ville la nuit). Quinze rounds est différent dans le ton, ressemblant dans la forme. Ceux qui aiment Richard Bohringer apprécieront de le voir apaisé, tranquille et auront -au moins- un pincement au cœur de le voir parler de sa mort. Ceux qui ne l'aimaient pas avant, eh bien je doute qu'ils l'aiment plus avec ce livre. Tant pis pour eux.
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