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Cet ouvrage a l'ambition de contribuer à éclairer le long chemin ayant conduit à la formation de la carte des Etats arabes, afin de mieux comprendre sa remise en cause actuelle. Il privilégie les acteurs de la frontière : les empires qui l'ont tracée, les Etats qui l'ont perpétuée, et de manière générale toutes les forces qui, depuis les livres d'histoire à la plus brûlante actualité, sont allées ou vont à son encontre.
1916 : au coeur d'un conflit mondial, les diplomates britannique Mark Sykes et français François Georges-Picot s'accordent pour remodeler la carte du Moyen-Orient d'après-guerre selon les intérêts de leur gouvernement. Tout juste un siècle plus tard, les frontières négligemment tracées lors de cette période charnière sont devenues celles d'Etats menacés de décomposition. La Syrie, l'Irak et le Liban sont redevenus le terrain de jeu des empires qui ont jalonné leur histoire et façonné leur territoire. Derrière ce chaos, c'est en réalité l'ensemble du monde arabe qui est aujourd'hui en proie à une remise en cause profonde de ses frontières : du Yémen à la Libye, en passant par le Golfe et l'Algérie. Dans la longue histoire de la carte de la région, le « Printemps des peuples arabes » de 2011 a marqué une rupture dont nous sommes encore très loin de mesurer l'ampleur.
La contestation de leur modèle politique par les populations a signé l'échec des Etats arabes à intégrer l'ensemble de leurs citoyens dans un projet national. Or cet échec n'est pas sans incidence sur la carte. Il s'est même révélé dévastateur dans le cas de l'Irak et de la Syrie, deux Etats de conception récente, où les logiques communautaires ont été encouragées par les dirigeants successifs. L'effondrement partiel de l'autorité centrale et sa perte de contrôle de larges pans du territoire national ont permis le développement fulgurant de groupes infra-étatiques plus ou moins violents, dont le discours n'est plus en phase avec la carte. Le chaos qui en a résulté menace aujourd'hui de s'étendre aux Etats voisins, en premier lieu le Liban et la Jordanie.
Mais ce sombre scénario n'est pas l'apanage des Etats dont la création a découlé des si décriés accords Sykes-Picot, conclus au coeur de la Grande Guerre, il y a tout juste un siècle. Si le Moyen-Orient, avec ses nombreuses lignes de fracture, y semble plus exposé que l'Afrique du nord, où les Etats et certaines de leurs frontières sont parfois millénaires, l'exemple libyen indique qu'aucun pays arabe ne peut se prétendre totalement à l'abri d'une remise en cause du consensus territorial établi au sortir de l'époque coloniale. Du Sahara-Occidental au Sinaï, en passant par le Kurdistan et la Palestine, le territoire et ses frontières restent des supports fondamentaux de mobilisation, tant pour les pouvoirs en place que pour leurs opposants.
Au Yémen, le plus vieil Etat de la péninsule arabique, la guerre civile qui a éclaté se double d'une intervention militaire des pays du Golfe, inquiets des prétentions grandissantes de l'Iran dans l'ensemble de la région. Comme en 1916 en effet, les enjeux territoriaux dépassent souvent les seuls habitants des régions concernées. Ils favorisent l'ingérence des puissances. A cet égard, les empires du passé, qui sont à l'origine de l'essentiel de la marqueterie territoriale apposée de l'Atlantique au Golfe, restent des acteurs de premier plan : des Européens aux Turcs, en passant par les Russes et les Américains.
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