«Docteur, je ne vous remercierais jamais assez, vous avez changé mon existence. » Cette phrase si souvent entendue au terme d'une consultation, ou lue dans un courrier de remerciements me flatte, ma modestie dut-elle en souffrir. En effet, si faire l'amour est sans doute l'activité humaine la plus gratifiante, ne pas ou ne plus pouvoir le faire est générateur de drames infinis, de violences et de désespoir autodestructeur. Hemingway, Pavese, Gary. Suicidés. Combien d'amours sincères détruites. Combien d'adultères et de ruptures par insatisfaction sexuelle. Combien de dépressions. Et cela depuis des millénaires. Et puis tout à coup, il y a une trentaine d'années, j'ai contribué à mettre au point avec un petit groupe de médecins pionniers, des traitements qui ont révolutionné la médecine de ce qu'on appelait l'impuissance. D'un seul coup, on est passé des ratiocinations des psychanalystes, des gesticulations des sexologues, au concret de la bandaison. Du désespoir à l'euphorie. En agissant sur la physiologie on évacuait beaucoup plus rapidement les contraintes psychologiques. En quelques instants on effaçait des heures, des mois, des années de divan. Et les patients mis en confiance par cette efficacité se confient: leur intimité, leur famille, leur travail, la politique, leurs goûts, bref leur vie toute entière De thérapeute je suis souvent devenu confident, et dépositaire d'une amitié véritable et durable. Connus ou anonymes, ils ont été souvent des cobayes consentants, partie prenante de mes tentatives thérapeutiques. J'ai été le témoin discret de leur vie intime, comme ils l'ont été de la mienne tant elle a interféré avec ma vie professionnelle. Près d'une quarantaine d'années plus tard, j'ai éprouvé le besoin de parcourir les chemins de cette aventure humaine qui a aussi changé mon existence. Chacune des histoires et anecdotes racontées ici est authentique. Concernant des anonymes comme des gens connus, elles respectent bien sûr le secret médical auquel je suis tenu, sauf quand le sujet lui-même l'a levé ou bien qu'elles concernent des personnages qui n'ont pas été mes patients. Tout au long de ces récits, ici tendres, ailleurs drôles, parfois dramatiques , on se promènera dans le vaste univers du sexe et de l'amour. Comme le dit quelque part Françoise Sagan, "Le sexe sans l'amour ce n'est pas le paradis, mais l'amour sans le sexe c'est l'enfer."
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