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" "Il y a un problème de l'islam en France', n'hésite pas à proclamer un académicien, regrettant même "que l'on abandonne ce souci de civilisation au Front national'.
À cette banalisation intellectuelle d'un discours semblable à celui qui, avant la catastrophe européenne, affirmait l'existence d'un "problème juif' en France, ce livre répond en prenant le parti de nos compatriotes d'origine, de culture ou de croyance musulmanes contre ceux qui les érigent en boucs émissaires de nos inquiétudes et de nos incertitudes. L'enjeu n'est pas seulement de solidarité mais de fidélité. Pour les musulmans donc, comme l'on écrirait pour les juifs, pour les Noirs et pour les Roms, ou, tout simplement, pour la France. "
« Pour les musulmans » est un pamphlet politique signé Edwy PLENEL. Ce journaliste, cofondateur et Président de Médiapart, journal en ligne indépendant et participatif a rédigé cette critique publiée une première fois en 2014. Il a complété son analyse et l’a enrichie de deux textes écrits à la suite des attentats qui ont ensanglanté Paris en 2015.
Le titre choisi, largement explicité et commenté dans l’ouvrage, ne doit pas laisser croire à un soutien inconditionnel à une quelconque mouvance extrémiste. Tout au contraire, « Pour les musulmans » se veut un cri réclamant en France (et dans nos pays européens) la poursuite d’une politique visant, défendant et rendant possible la poursuite de la finalité d’égalité dans notre société.
S’appuyant sur l’Histoire, relisant les prises de position de quelques grands ténors, ‘lanceurs d’alerte’ qu’étaient Jean Jaurès, Max Frisch, Einstein, Zweig, Duhamel et autres pontes tels Victor Hugo ou Emile Zola. Le discours contradictoire, malheureusement bien actuel, est tenu par les Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, David Finkielkraut et autres porteurs de thèses qui voudraient que toutes les civilisations ne soient pas de même niveau. Qu’il en existe donc qui sont supérieures donc s’arrogeant le droit de décider ce qui convient de faire des autres qui sont inférieures. Ce message, devenu politiquement correct se nourrit de la peur distillée au cœur des populations en repli identitaires. « Ayez peur ! Nous, les politiques, nous nous occupons du reste ! » Cette horreur a d’autant plus de chance de s’implanté si elle dispose d’une cible désignée, d’un baudet sur qui crier haro ! Les musulmans, généralisation abusive par excellence sont ‘naturellement désignés pour remplir cette ‘fonction historique’ que l’on retrouve, de siècle en siècle chaque fois qu’un pouvoir fort tente de s’approprier le Monde. Les musulmans, ceux par qui la peur et le repli identitaire sont pleinement justifiés deviennent donc les victimes de la bêtise humaine prête à accepter un mouton noir … pour autant qu’il désigne l’autre, l’étrange, l’étranger ! Or, ces musulmans, pour la plupart, sont aussi Français que les ‘Français d’origine’, c’est-à-dire ceux qui, au cours des migrations répétées de l’Histoire sont maintenant des Français-Français, titre aussi fou qu’inutile si on vise l’égalité et non l’identité frileusement patriotique.
Avec intelligence, pertinence et références précises, Edwy PLENEL montre combien les politiques qui se veulent identitaires relèvent d’un faussement des valeurs de la République. Elles visent à forcer l’assimilation des étrangers plutôt que leur intégration et se construisent sur la négation même du principe de base de la Déclaration des droits de l’Homme refusant toute distinction hiérarchisant races, religions, sexes et croyance.
Même si le fond du plaidoyer de Edwy PLENEL n’est pas une nouveauté, il faut lui reconnaître le courage d’oser marteler avec force que croire à la supériorité d’une race (la nôtre, bien sûr !) n’est pas une preuve de bon sens mais, bien plus, une injure faite à l’Homme, à l’Humanité entière. L’auteur nous invite donc à rester conscient et à déceler dans les discours ambiants les refrains xénophobes, les raccourcis aussi faux que fous qui font des migrations une source de peur qui tétanise le citoyen lambda. Ne pas faire preuve de cette attention à ce qui est véhiculé dans les prises de paroles identitaires favorise toutes les décisions servant le pouvoir des dirigeants plutôt que le bien-être des peuples.
Un livre qui invite à vivre debout !
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