"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Glenn Gould est mort le 4 octobre 1982, il y a vingt-cinq ans.
Il venait d'enregistrer une deuxième version des Variations Goldberg de Bach, l'oeuvre qui l'avait fait connaître. Il n'avait que cinquante ans. Toute sa vie fut consacrée à son art, son choix fut celui d'une existence dans laquelle le renoncement à la vie devient la condition même de l'art. Tous ceux qui admirent cet art veulent s'approcher de la forme de vie qui l'a rendue possible, ils veulent en comprendre l'éthique particulière, la joie autant que le dépouillement.
Ils souhaitent aussi s'approcher de cette esthétique de l'extase, dont il avait fait le principe de son engagement. Dans cet essai, je m'interroge sur le sens de cet émerveillement et de cette souveraineté de la vie dans l'art, et aussi sur les limites qui en découpent l'expérience. Dans son retrait comme dans son effort infini de communiquer, Glenn Gould offre l'exemple de cet idéal du"devenir philosophe"dont il avait fait, reprenant la formule à David Thoreau, le modèle de liberté des solitaires.
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