La revue de presse de novembre, on vous dit tout, ne cherchez plus !
C'est dans un New York spectral, encore en proie aux secousses de l'après-11 Septembre, que s'amorce l'improbable histoire de Zou Lei, une clandestine chinoise d'origine ouïghoure errant de petits boulots en rafles, et de Brad Skinner, un vétéran de la guerre d'Irak meurtri par les vicissitudes des combats.
Ensemble, ils arpentent le Queens et cherchent un refuge, un havre, au sens propre comme figuré. L'amour fou de ses outlaws modernes les mènera au pire, mais avant, Lish prend le soin de nous décrire magistralement cette Amérique d'en bas, aliénée, sans cesse confinée alors même qu'elle est condamnée à errer dans les rues. Il nous livre l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui font le corps organique de la grande ville : clandestins, main-d'oeuvre sous-payée, chair à canon, achevant sous nos yeux les derniers vestiges du rêve américain.
La revue de presse de novembre, on vous dit tout, ne cherchez plus !
Ce roman est une plongée dans l’Amérique des sans-grade, des laissés pour compte.
Brad, surnommé Skinner, a à peine 22 ans mais a déjà effectué 3 missions en Irak. Blessé au dos, il a été démobilisé. L’Armée lui a « généreusement » octroyé quelques milliers de dollars et puis…. circulez, il n’y a plus rien à voir. Désorienté, apparemment sans famille, Skinner ira en stop jusqu’à New York, dans le Queens, où il trouvera dans un quartier plus que populaire une chambre à louer dans le sous-sol d’une maison.
Zou Léi est une jeune immigrée chinoise, clandestine qui survit de petits boulots en petits boulots. Même la diaspora chinoise ne fait pas grand cas de la jeune femme puisqu’elle est issue de la minorité musulmane ouïghoure peu considérée en Chine.
De façon tout à fait improbable Skinner et Zou Léi vont se rencontrer et devenir amants. Ils n’ont absolument rien en commun, si ce n’est le goût de l’exercice physique et ils passeront beaucoup de leur temps à marcher dans les rues et à s’entraîner dans des salles miteuses de musculation.
Skinner a été profondément marqué par la guerre en Irak et des troubles psychologiques apparaissent peu à peu. Zou Léi va bien essayer de l’aider mais Skinner est déjà bien trop empêtré par la dépression et il ne fera bientôt plus vraiment la différence entre la réalité et ses démons.
Dans le même temps, l’auteur nous fait découvrir toute la « faune » qui hante les quartiers défavorisés, laissés à l’abandon et les petites gens qui tentent tant bien que mal d’y survivre. On y croise des milliers d’immigrés de toutes origines qui, pour un salaire de misère, acceptent toutes les tâches qu’on leur propose, bien plus proche de l’esclavage que d’un emploi digne de ce nom.
C’est une peinture très réaliste de son pays que réalise là Atticus Lish, bien loin des clichés glamour que l’on nous montre à la télé. On comprend mieux après avoir lu ce roman le résultat de l’élection présidentielle de 2016.
Atticus Lish a reçu « Le Grand Prix de la Littérature Américaine 2016 », l’équivalent de notre Prix Goncourt.
"Le bon coté..., c'était qu'elle l'avait rencontré et qu'ils pouvaient constituer leur propre armée, une unité de deux personnes qui mènerait ces combats difficiles que représentaient la guérison de Skinner et la régularisation de Zou Lei."
New-York se relève de ses blessures du 11 septembre. La vie continue dans cette ville cosmopolite. On y fera toujours autant des rencontres improbables, c'est d'ailleurs de l'une d'elle dont il est question par ici. Un homme, une femme ...Chabadabada ...Chabadabada .... mais ne précipitons pas les choses ... Laissez-moi vous les présenter.
Zoom arrière, sur le portrait de Zou Lei, clandestine chinoise, fraichement débarquée et qui vit de petits boulots. Elle se débrouille autant que faire se peut dans ce monde impitoyable des travailleurs sans papier.
Zoom avant, sur le portrait de Brad Skinner, GI, fraichement démobilisé, de retour d'Irak, meurtri, psychologiquement et physiquement.
"C'est comme ça. C'est pas pour ça que c'est juste."
Ensemble, dans le Queens, ils vont s'entraider et peut-être bien s'aimer?
Sous la plume d'Atticus Lish, le rêve américain prends des allures de cauchemar. L'Amérique d'en bas est bien loin des paillettes de Broadway, on y donne pas le même show. Les sous-sols de l'Amérique regorgent de clandestins, de main d'œuvre sous-payée, d'anciens militaires lâchement délaissés par leur pays pour lequel ils se sont pourtant battus. Ils nous cachent ces scènes consternantes malgré leurs errances permanentes, et ne touchent bien sûr que quelques dollars pour leurs prestations.
"Vivre comme une Américaine, tu peux oublier c'est déjà bien d'être libre de ces mouvements..."
L'auteur nous décrit à merveille cette Amérique qui souffre. Il nous offre des personnages forts, des battants aux grands cœurs, mais aussi des êtres dangereux, au destin tout tracés qui, tel un ouragan, détruiront quelques vies au passage.
Parmi les loups et les bandits est une tragédie contemporaine, puissante, lyrique. Un roman magistral avec pour seul bémol quelques longueurs qui auraient pu être réduites. Mais n'oublions pas que c'est un premier roman, alors pardonnons-lui ces entractes un peu longues. La représentation peut continuer.
Lauréat de nombreux prix avec ce premier roman, dont le prestigieux PEN/FAULKNER AWARD, Atticus Lish, né aux États-Unis, est le fils du légendaire éditeur Gordon Lish. Après avoir abandonné ses études à Harvard, il s'essaya à divers petits boulots, et servit même dans les Marines... Devenu plus tard traducteur de Mandarin, avant de se consacrer à l'écriture.
Pas étonnant que ce roman sonne vrai, l'auteur nous fait cadeau d'une belle part de lui-même.
Alors si comme moi, vous aimez l'Amérique, venez vous balader à New-York dans le Queens en compagnie de Zou et de Brad ... et bien plus encore... je vous garantis un formidable spectacle.
The show Must go on ...
C'est comme New-York, grand, magique, mystérieux, cosmopolite, ça brille et ça t'explose le cœur dans une atmosphère unique, une ambiance particulière.
I Love NEW-YORK, I love “Parmi les loups et les bandits”
Dans cette vie et la suivante ....
L'histoire se déroule dans le NEW-YORK de l'après 11 septembre. Les autorités comme les habitants sont "sur les dents", tout étranger quel qu'il soit est suspect et se trouve de moins en moins bien accueilli. C'est dans ce contexte que débarque Zou Lei, jeune femme chinoise d'origine ouïhgoure, musulmane, arrivée clandestinement sur le sol américain. Son errance dans la ville gigantesque, tout autant pour trouver un travail que pour se soustraire aux services de l'immigration, croisera celle d'un autre désoeuvré, Brad SKINNER, fraîchement démobilisé de la guerre d'IRAK. Abandonné par les autorités alors qu'il est manifestement en stress post-traumatique après les horreurs qu'il a dû affonter au combat, sa vie n'a pour lui plus aucun sens et il végète, entre alcool et médicaments. Zou Lei et SKINNER vont s'accrocher l'un à l'autre et essayer d'avancer ensemble vers une autre vie, mais les obstacles sur leur route sont nombreux : la dépression de SKINNER, ses accès de violence, la clandestinité de Zou Lei qui l'expose à un risque constant, le manque d'argent... et le fils de la locataire de SKINNER, Jimmy MURPHY, frâichement sorti de prison.
Mon avis sur cette lecture est très mitigé. Jai eu beaucoup de mal à m'intéresser réellement à ce livre. Il faut très longtemps pour que l'histoire se mette en place et avant cela, l'auteur nous assomme de longues descriptions dont j'ai eu de la peine à percevoir le but et qui n'aide pas à s'accrocher à sa lecture, puisqu'on ne voit pas où tout cela va nous mener et si cela va réellement nous mener quelque part. Le rythme est très lent et c'est seulement avec l'apparition du personnage de Jimmy MURPHY que le récit prend enfin de l'ampleur... mais il faut pour cela attendre la deuxième partie et 200 pages... si on n'a pas décroché avant. A mon sens, de larges coupes pourraient être faites dans le livre, qui y gagnerait en intensité.
A côté de ça, l'auteur met très bien en lumière les deux sujets que sont la préoccupation sécuritaire engendrée par les attentats du 11 septembre et ses dérives racistes envers les étrangers, pour lesquels le rêve américain s'est bien éloigné, et l'après-guerre d'IRAK, avec ses vétérans traumatisés mais laissés pour compte et qui doivent se débrouiller pour continuer à vivre comme ils le peuvent avec ce qu'ils ont ramené de là-bas.
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2016/08/24/34227079.html
Brad Skinner était militaire. Son vécu de soldat continue de le persécuter, et ses nuits sont hantées de visions de corps mutilés, déchiquetés. Rendu à la vie civile, il décide de s'installer à New-York. Zou Lei, clandestine moitié musulmane Ouïgoure et moitié chinoise, a décidé d'immigrer aux Etats-Unis clandestinement afin d'y trouver un avenir meilleur. Elle est prête à travailler dur afin d'y arriver. Après être sortie d'une détention de quelques mois suite à un contrôle d'identité, elle décide de s'installer à New-York dans le quartier de Chinatown.
Ces deux êtres malmenés par la vie vont se rencontrer, se trouver et partager des moments de vie et de survie à deux, dans une ville traumatisée par les attentats du 11 septembre. Zou Leï trime pour gagner son salaire, et ses rencontres avec Skinner seront ses moments de détentes. Mais au fil des jours, Zou Leï se rend compte que Skinner ne va pas bien, il sombre de plus en plus dans l'alcool et le tabac.
Ce livre est magistral, grandiose, incroyable, choquant, percutant, fait réfléchir et j'ai regretté, malgré ses 560 pages, qu'il ne soit pas plus long.
Je commencerai par vous parler du seul et unique bémol de cette lecture : lors de la prise de paroles des différents personnages, j'ai été gênée, car la ponctuation des dialogues n'étaient pas forcément respectée. Du coup, j'ai relu certains paragraphes avant de m'y faire. Hormis ce point, je n'ai été que subjugué par cette lecture qui laisse une amertume profonde sur la vie. Un livre qui m'a profondément touchée.
Une écriture soignée et puissante.
Atticus Lish signe un premier roman dont l'écriture a été un premier coup de cœur : très descriptif, je ne me suis pas ennuyée lorsqu'il décrivait les rues, les échoppes, les magasins, la saleté ambiante, ces odeurs prenantes. Bien au contraire, chaque description avait goût de réalité. J'étais plongée dans cette ville, New-York que l'on décrit souvent comme une ville immense et grandiose. On y découvre la pauvreté, les crimes et délits, l'intolérance et la noirceur humaine.
Une réussite aussi pour Céline Leroy qui en est la traductrice et qui a su rendre toute la complexité des mots de l'auteur.
L'auteur est également parvenu à rendre réelle cette sensation de malaise : la vie y est décrite de façon crue, sans concession. Une écriture qui embarque, malmène et accompagne le lecteur jusqu'au dénouement. Là encore, Atticus Lish a su préparer dans ses mots les événements : une écriture travaillée, mais il en ressort paradoxalement une poésie puissante.
Des personnages torturés.
Dans la construction du livre, on passe de chapitre en chapitre de Skinner à Zou Leï. Au début, cela ressemble à une introduction : les personnages sont racontés avec réalisme, leur donnant de la consistance au fil des pages.
Ces deux personnages sont torturés, à la limite de la folie par moment pour Skinner qui, ressassant l'Irak, n'a en tête que des images traumatisantes. D'ailleurs, cela critique parfaitement les retours à la vie civile, que se soit en Amérique ou ailleurs : les traumatismes doivent être suivis et encadrés pour aider les soldats à retrouver une vie "normale".
Zou Leï est une femme forte, tentant chaque jour de trouver un équilibre de vie, même minime. Elle se satisfait de peu, mais espère toujours un avenir meilleur.
J'ai aimé découvrir des personnages simples, sans extravagance ni mièvreries. Au contraire, je me suis attachée à eux à cause de leur blessure, de leur force intérieure, de leur envie d'avancer. Les personnages secondaires ainsi que tous ceux qui apparaissent dans le livre sont entiers : ils rentrent parfaitement dans l'histoire. On s'attache à certains, on en déteste d'autres.
Une ville, mais un personnage.
Les descriptions de l'auteur nous plongent dans une ville grouillante, vivante, qui ne respire pas uniquement le luxe ou le plaisir, mais expire des lieux glauques, sordides, à la limite de l'invraisemblabe. Cette ville devient vite un personnage incontournable du livre par son réalisme. On voit les ruelles défiler devant nos yeux, on sent ces odeurs, on perçoit ce quotidien... On rencontre les clandestins tentant tous de vivre "le rêve américain" en immigrant dans ce pays. On y vit, on y survit. La description de la foule et des commerces rend parfois la lecture étouffante : on manque d'air, comme si on y était. J'ai aimé cette sensation d'oppression.
Une critique acerbe.
La vie aux Etats-Unis post attentat a chamboulé le quotidien de la population. Le rêve américain devient un but pour beaucoup. Mais la misère sociale est encore tellement présente. La critique sociétale est importante : entre misère et injustice, Atticus Lish ne critique pas ouvertement le système, mais l'expose en montrant la réalité de la vie. J'ai eu du mal à me dire qu'il s'agisse d'une fiction tellement la cruauté y est bien retranscrite. De plus, il donne une place importante à ces personnes dont on ne parle pas : les SDF, les immigrés. L'absence d'humour et de légèreté nous plonge pleinement dans cette atmosphère sinistre. C'est ce que j'ai aimé.
Un livre choc, un livre qui raconte, dénonce, mais n'accuse pas. Un livre dont la lecture, complexe, risque de rebuter certains lecteurs : il n'y a pas de légèreté dans cette histoire : du réalisme cru, des vies torturées et délaissées.
J'ai adoré cette lecture, elle m'a procuré des sensations difficiles, m'a remise en question, mais m'a aussi permis de découvrir cette misère derrière ces jolies cartes postales. Un livre percutant de cette rentrée littéraire, qui donne à réfléchir, tout en racontant avec véracité un quotidien difficile, mais rempli d'espoir.
En bref :
Un coup de cœur !! Une écriture hachée, qui remue, des descriptions foisonnantes et réalistes des bas-fonds de New-York, de ceux dont on ne parle pas. Un livre coup de poing, mais qui peut rebuter par son style littéraire. Pour ma part, un auteur à suivre !
Sur le blog : http://lecturedaydora.blogspot.fr/2016/08/parmi-les-loups-et-les-bandits-atticus.html
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