"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ordure relate le quotidien de Sloper, un agent d'entretien pour le compte d'un grand immeuble de bureaux au coeur d'une ville américaine anonyme. Sloper passe d'étage en étage en poussant son chariot pour collecter le recyclage, aspirer, nettoyer, vider les poubelles...et garder pour lui des restes de repas en tout genre... Quand il a fini, Sloper rentre chez sa mère, où il vit seul à la cave. Elle loue l'étage à des jeunes enclins aux débordements.
La routine de Sloper est interrompue un soir lorsque, constatant que le vide-ordures de l'immeuble est obstrué, il descend au sous-sol et découvre le corps nu d'une employée, jeté dans la benne tel un vulgaire déchet après utilisation. Contre toute attente, Sloper, y voyant sans doute un moyen de remédier à son extrême solitude, embarque le corps...
Je n’ai malheureusement pas adhéré à ce roman. Heureusement qu’il est très court (112 pages) car je n’ai pas ressenti beaucoup d’intérêt sauf peut être de l’étonnement et de la perplexité à la lecture de ce livre hors du commun.
Une expérience de lecture que je vais vite oublier…
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Sloper est agent d’entretien dans un immeuble de bureaux. Lui qui habite misérablement la cave, chez sa mère, et qui n’hésite pas, pour se nourrir, à piocher dans les ordures qu’il doit vider, fait un jour une découverte macabre dans le local à poubelles de son lieu de travail.
Jamais roman ne m’aura autant dégoûtée sans pour autant susciter mon rejet ! Car, comme l’indique Brian Evenson dans sa préface, Ordure « n’est pas un livre qu’on aime. Il faut le traverser, le vivre, le subir même : ce n’est pas quelque chose pour lequel on éprouve du plaisir ». Mieux vaut en être averti de prime abord : ce texte est écrit pour plonger ses lecteurs dans une totale répulsion, qui, s’il n’était par ailleurs tout à fait remarquable, risquerait fort de pousser un bon nombre d’entre eux à en interrompre la lecture. De fait, l’extrême répugnance qu’il suscite sert à ce point le propos de l’auteur, que l’on en reste subjugué par la puissance viscérale de ce livre très court, aux ellipses abyssales. Dans cette narration, ce sont des détails jetés de manière anodine et avec une sidérante économie de moyens, ainsi que d’incommensurables non-dits, qui ouvrent les plus vertigineuses perspectives, laissant au lecteur effaré le soin d’en sonder les effroyables incidences.
Sloper est ce que la monstrueuse indifférence et le mépris de notre société pour ses exclus est capable de produire : un rat condamné à survivre furtivement en se contentant des rebuts, qu’il s’agisse des déchets de notre consommation ou de ceux de notre humanité, incluant nos morts et ceux que nous parquons discrètement, ici les personnes lourdement handicapées, mais on pourrait d’ailleurs y ajouter nos aînés en fin de vie. Quelques mots presque inaperçus pour suggérer la maltraitance dès l’enfance, une poignée de détails atrocement saisissants pour illustrer des conditions de vie indignes et un désert affectif sans horizon, enfin la description sans émotion d’un rôle ingrat aux marges les plus viles de la collectivité, et l’on se retrouve en plein choc face à un être humain habitué à n’être qu’un déchet parmi les déchets, une sorte de monstre que l’on aurait privé du droit aux sentiments et à la moralité, et vis-à-vis duquel l’on ne sait plus ce qui l’emporte, de l’horreur et de la répulsion, ou de ce qui, dans ce naufrage, subsiste de compassion hagarde. Si le malaise qui étreint le lecteur devient si prégnant, c’est bien sûr en raison de ce que la narration comporte de scabreux, mais aussi parce qu’il est impossible de juger Sloper, les atrocités que pointe ce livre nous renvoyant à nos propres responsabilités et à l’absurde inhumanité de notre société.
D’abord publié à compte d’auteur il y a une vingtaine d’années, ce livre s’est rapidement taillé une réputation légendaire dans le milieu underground de la littérature américaine d’avant-garde. Il a trouvé depuis ses éditeurs, et même ses traducteurs. Il reste une lecture atypique, profondément dérangeante, que je n’ai effectivement pas aimée, mais qui vaut d’être expérimentée tant elle présente d’intérêt, tant sur le fond que sur la forme. Jamais livre n’aura autant déboussolé son lecteur, sûr de ne pas l’aimer, mais incapable de le détester.
Histoire mais alors très très noire, c’est sous la forme d’une « novella » (ces livres très courts) entre le roman et la nouvelle qu’Eugène Marten donne naissance à ce personnage de Sloper, un de ces invisibles, de ceux dont on baisse le regard quand on les croise. Il met « en lumière » ces destins insipides, oubliés des autres.
Sloper est un gars sans ambitions et agent d’entretien de nuit dans un immeuble de bureaux. Il mène une vie morose, terne, routinière. Habitant dans la cave de la maison de sa mère, il n’a aucune relation avec sa génitrice ou avec d’autres humains. Cette plongée dans la vie de Sloper dévoilera certains de ses petits secrets, qui feraient mieux de rester enfouis.
Beaucoup de détails de l’histoire sont non-dits, laissés à l’appréciation du lecteur, sont supposés, sans que des mots ne soient mis dessus. Par un style très minimaliste et épuré, Eugène Marten n’a pas vocation à faire de son personnage, un héros, un de ses protagonistes auquel on voudrait s’attacher.
Bien loin du roman « solaire », ce livre au style perturbant et cynique est inclassable et un véritable OVNI littéraire. Parfois, cela fait du bien de tomber sur ce genre de « pépite ». Pas question de dire que l’on a aimé ou pas ce livre, comme indiqué dans la préface par Brian Evenson, c’est un livre qui se vit, dont on en fait l’expérience. Voilà tout est dit!
Très percutant, c’est pourquoi, on ne peut pas le bannir de notre bibliothèque ou dire qu’il n’a pas compté parmi nos lectures. A la fois glauque et déconcertant malgré sa brièveté, ce roman vous hantera pour un bon bout de temps.
Sloper est un invisible. Il œuvre une fois les bureaux vidés de ses occupants, les poubelles remplies de leurs déchets qu'il récupère, recycle. Ici ou à la cave, les échanges humains sont rares. Il y avait bien la fille du 23ème qui lui adressait un vague bonjour, une aide-soignante avec sa patiente en fauteuil roulant qui discute avec lui sur le chemin du retour et quelques sans-abris. Rien de très engageant. Mais Sloper s'en moque. Il n'est pas un être social. Ses distractions il les trouve dans les magazines pornos et un petit cube transparent contenant trois billes argentées de diamètres différents qu'il convient de loger dans leur coupelles respectives. de quoi le distraire longtemps. Entre ce jeu et la mise en pratique de ses souvenirs d'employé de la morgue, Sloper recycle.
Brian Evenson, écrivain, indique en préface qu'Ordure fait partie de ces livres, qui, dans le milieu underground de la fiction américaine ont acquis le statut de légende. Il dit qu'Ordure est un livre dont il faut faire l'expérience, pas un livre qu'on aime. C'est exactement cela. Au gré de ma lecture, des sentiments ressentis pour cet être abject et froid qu'est Sloper, j'ai eu l'impression qu'Eugene Marten rajoutait à l'horreur pour tester mon seuil de tolérance. Ordure se vit, se subit. Pour l'être socialement constitué et identifiable que je suis, il ne peut procurer aucun plaisir, aucune jouissance. Alors pourquoi le lire ? Pour l'expérience justement.
Ordure est un récit étrange, narré à la troisième personne au style très minimaliste, très dépouillé. Une ellipse narrative qui attire autant qu'elle rebute. Seule notre curiosité, notre attirance pour l'interdit nous incite à en poursuivre la lecture. Ordure nous plonge sans sommation dans un monde parallèle où tout n'est que noirceur, déchet. Je rejoins complètement Brian Evenson, Ordure n'est pas un livre que j'ai aimé, c'est l'expérience littéraire très singulière qu'il m'a offerte que j'ai appréciée. À expérimenter.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2022/01/mon-avis-sur-ordure-de-eugene-marten.html
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