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Notice sur la commune et les vins de Beaune (Éd.1892)

Couverture du livre « Notice sur la commune et les vins de Beaune (Éd.1892) » de R. Danguy aux éditions Hachette Bnf
Résumé:

« Plusieurs écrivains ont essayé d'attribuer à Beaune la gloire d'avoir été le Bibracte des Commentaires de César ; la saine critique a démontré, depuis longtemps, qu'aucune raison tendant à faire accréditer cette idée n'est soutenable, même dans le domaine de la Poésie qui n'a pas les limites... Voir plus

« Plusieurs écrivains ont essayé d'attribuer à Beaune la gloire d'avoir été le Bibracte des Commentaires de César ; la saine critique a démontré, depuis longtemps, qu'aucune raison tendant à faire accréditer cette idée n'est soutenable, même dans le domaine de la Poésie qui n'a pas les limites de celui de l'Histoire.

L'opinion la plus généralement admise et, en réalité, la plus rationnelle, est que cette ville dut sa fondation à une station militaire, à un castrum stativum, tel que les Romains en établissaient, avec des troupes à demeure, dans les pays nouvellement conquis. Or, la certitude existe que des légions, ou plutôt des fractions de légions, cantonnèrent dans une castramétation entourée de murailles et dont les eaux de la rivière Bouzaise remplissaient les fossés. Le fait est connu que des légionnaires romains, en résidence dans une contrée, y créèrent assez fréquemment des bourgades. Ici, le séjour de la légion Minervienne aurait fait donner à l'assemblage des habitations construites tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des murs du camp le nom de Minervie, et l'examen d'un bon nombre de débris de monuments lapidaires, ayant échappé à la destruction, démontre clairement qu'assez peu de temps après la conquête Beaune ne se réduisait déjà plus à une petite réunion de chaumières.

Mais y a-t-il des ruines qui signalent l'existence d'une bourgade celtique ou gauloise ou s'est élevée la ville do Beaune ? La découverte de foyers, d'instruments en silex et de monnaies gauloises en bronze a été le résultat unique de longues et patientes recherches. Quant à des ruines, on sait que les Celtes n'avaient pas ou fort peu d'édifices en pierres. Au témoignage de Strabon, Vitruve et Jules César, des tentes, des cabanes faites de bois et de boue, servaient seulement d'abris à cette nation nomade et guerrière.

La désignation de Minervie parait s'être maintenue durant deux ou trois siècles. Dès le Ve, Beaune se nommait, ainsi que l'attestent les Capitulaires de Baluze, Belna, Belno Castrum, et la région environnante Belnisium, Belnisus et Pagus Belnensis. L'étymologie de Belna vient vraisemblablement de Belisana, surnom donné à Minerve dans quelques endroits de la Gaule. D'après cette explication, Beaune aurait conservé son nom antique et primitif.

Une si belle et si salubre contrée, une situation aussi avantageuse, la présence de deux magnifiques sources, l'Aigue et la Bouzaise, le voisinage de la grande voie d'Autun à Besançon n'avaient pu manquer d'attirer un imposant concours d'habitants. L'enceinte fortifiée du Castrum ne suffit bientôt plus à leurs besoins ; aussi, pendant la durée de la domination romaine, le territoire de Beaune se couvrit-il de fermes et de villas dont les substructions se retrouvent encore sur des points nombreux.

C'est sur cette riante région que vinrent fondre les énergiques tribus des hommes du Nord et, parmi eux, les Burgondes qui la ravirent aux conquérants des Gaules. Dès les premières années du VIe siècle, une nouvelle invasion surgit ; Clovis, chef des Francs, porte jusqu'à Dijon ses armes victorieuses ; ses fils se partagent le royaume de Bourgogne et détruisent Autun. Beaune profite de l'anéantissement de la vieille capitale des Eduens et voit grandir sa population. La religion chrétienne s'y établit, y fructifie, et l'on construit un oratoire en l'honneur du premier martyr, saint Étienne, dont le nom a traversé le cours des âges.

Vers 732, les Sarrasins, maîtres de l'Espagne et de la Gaule Narbonnaise, s'avancèrent jusqu'à Beaune en semant partout sur leur passage le pillage et la ruine jusqu'au moment où Charles Martel les tailla en pièces à Poitiers et les força à rentrer dans l'Ibérie.

Sous les ducs bénéficiaires, sortes de lieutenants généraux de la couronne franque, qui gouvernèrent la Bourgogne de 880 à 1032, Beaune eut ses comtes et ses vicomtes. Quand les ducs amovibles eurent fini par se rendre héréditaires, plusieurs firent leur résidence habituelle dans cette cité. Ce fut au duc Eudes III que Beaune dut, en 1203, l'établissement de sa commune. La ville prit alors pour sceau une Bellone d'argent debout, tenant de la main droite une épée nue, et la main gauche appuyée sur la poitrine. Elle quitta en 1540 ses anciennes armoiries pour prendre celles qu'elle conserve aujourd'hui, qui sont : "d'azur à la Vierge d'argent, tenant l'enfant Jésus du même, les têtes rayonnées d'or, la Vierge tenant de la main droite un pampre de sinople au raisin de sable, l'enfant portant de sa main gauche un monde d'or, sommé d'une croix du même ; les robes frangées d'or".

De 1347 à 1349, une horrible famine, suivie d'une épidémie appelée la Grande mort, décima la population. Malgré l'immensité du désastre, la ville s'occupa activement de la construction de ses remparts, avec des tours rondes à toits aigus, type curieux de l'architecture militaire de la fin du XIVe siècle.

Après la mort de Charles le Téméraire, arrivée le 6 janvier 1476, sous les murs de Nancy, Beaune adopta avec chaleur le parti de la princesse Marie, fille de ce malheureux prince. Il soutint un siège en règle contre les troupes de Louis XI et fut réduit à capituler, le 2 juillet 1478. Beaune eut ainsi la gloire d'être demeuré le dernier soutien de la dynastie ducale, après avoir inspiré un moment au roi de France la crainte de perdre le duché de Bourgogne.

À la fin du règne de Charles VIII (1483-1498), le château, dont subsistent encore des restes si imposants, était terminé en partie. Cette redoutable citadelle avait été construite par les ordres de Louis XI, non moins pour réprimer les tentatives de révolte des habitants que pour résister aux ennemis du dehors. À peu près à la même époque, les murailles furent flanquées de cinq gros bastions.

Les querelles religieuses remplirent la seconde moitié du XVIe siècle. Plusieurs chroniqueurs ont fait le récit des hostilités qui éclatèrent en 1567 entre les catholiques et les Réformés, et eurent pour suite l'expulsion d'un nombre considérable d'ouvriers employés aux florissantes manufactures de draps et forcés dès lors de porter leur industrie dans d'autres pays.

Dix-huit ans plus tard, le château, destiné à la défense de la ville, devint la cause de tous ses malheurs, pendant la Ligue. En 1585, le roi de France avait, par le traité d'Epernay, livré Beaune au duc de Mayenne, qui en confia le gouvernement à Montmoyen, son lieutenant. À la suite de vexations et d'exactions odieuses, les Beaunois, partisans résolus d'Henri de Béarn, décidèrent, malgré de formidables moyens de défense et la présence d'une forte garnison, de se délivrer à tout prix du joug des Ligueurs. Le 5 février 1595, journée où fut tué un de leurs chefs, nommé Guillerme, un sanglant combat s'engagea dans les rues, au son du tocsin de la grosse horloge. Les soldats étrangers se réfugièrent à l'intérieur du château. L'armée royale, arrivée sur ces entrefaites, commença le siège de la forteresse. Enfin, le 19 mars, jour de la fête du dimanche des Rameaux, l'armée de Montmoyen, investie par les troupes du maréchal de Biron, demanda à capituler et fut conduite à Chalon.

La peste, qui avait éclaté à Beaune en 1586, la ravagea de nouveau en 1628 ; en 1634, le fléau réclama son dernier tribut.

En 1636, les Impériaux, commandés par le général Galas et Charles de Lorraine, mirent à feu la campagne mais n'essayèrent pas de donner l'assaut aux remparts ; ils se bornèrent à incendier la Chartreuse, monastère fondé au XIIIe siècle, à l'extrémité du faubourg Perpreuil. La Fronde effleura à peine la ville de Beaune ; elle ressentit faiblement le contrecoup des guerres de la Franche-Comté.

Le XIXe siècle a inauguré pour cette cité une ère nouvelle de prospérité industrielle et commerciale. Ce qui verse le plus d'or à Beaune c'est son commerce de vins fins. Avant 1789, ce commerce s'exerçait par des commissionnaires, aujourd'hui les négociants en vins de Bourgogne voyagent ou font voyager. Leur nombre augmente toujours ; ils ont rendu et rendent encore les plus grands services au pays qui, en vérité, languirait sans eux. »



Notice sur la commune et les vins de Beaune : suivie de la nomenclature des clos et des propriétaires / par M. R. Danguy,... ; avec la collaboration... de M. Ch. Aubertin,...

Date de l'édition originale : 1892



Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF.

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