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« Nous avons décidé de faire entendre notre voix dans le concert social et d'exiger notre part de plaisirs au banquet de la vie. Et comme nous ne voulons dépendre de personne, brandissons nous-mêmes l'étendard rouge et partons au combat... sans dieu ni patron ni mari. » Publié à Buenos Aires en 1896, La Voz de la Mujer est le premier journal anarchiste féministe. Dans ses pages, ses rédactrices proposent de fournir aux femmes prolétaires les outils, théoriques et pratiques, nécessaires à leur émancipation. Partisanes de l'amour libre, elles y expriment leur volonté d'en finir avec toutes formes d'oppressions, qu'elles soient religieuse, capitaliste ou patriarcale. Préface d'Hélène Finet.
La Voz de la Mujer est un journal anarchiste féministe publié de janvier 1896 à janvier 1897 en Argentine.
A cette époque, le pays est une terre d’immigration massive. Les Européens fuient la misère et pour beaucoup la répression politique. Des millions d’italiens, d’espagnols, de russes, de français ou de polonais arrivent à Buenos Aires à la recherche d’une vie meilleure. Ils vont vite voir qu’ils ne sont pas arrivés en Terre Promise : inégalités sociales et conditions de travail effrayantes règnent aussi de ce côté de l’Atlantique. La classe ouvrière s’organise, les journaux d’expression anarchiste prolifèrent. Mais ce sont des journaux d’hommes. La Voz de la Mujer devient le seul journal écrit par des femmes pour des femmes.
Ce livre nous offre une sélection d’articles. Ici on traite de questions réduites au silence par les autres publications « révolutionnaires ». Des textes militants, journalistiques ou littéraires, pour faire reconnaitre la spécificité de l’oppression des femmes du peuple. Il est bien évidemment question de l’exploitation des travailleuses mais sa spécificité c’est qu’il dénonce également l’exploitation « domestique ». Les autrices prônent l’amour libre. Non pas comme une revendication de sexualité débridée mais en tant que rejet du mariage. Elles interrogent la notion de famille comme institution obligatoire et qui dans la plupart des cas est source d’asservissement des femmes. Elles sont d’ailleurs très critiques à l'égard de leurs camarades hommes qui prêchent la révolution mais n’ont aucun soucis à réduire en esclavage domestique leurs épouses. Elles abordent également d’autres sujets qui n’intéressent pas leurs compañeros comme le fléau de la prostitution.
La Voz de la Mujer n’aura eu que 9 numéros pour proclamer ce qui est malheureusement une évidence : quand le peuple souffre, les femmes souffrent deux fois plus.
Une lecture des plus instructives agrémentée d’une préface éclairante, de photos d’époque et d’illustrations.
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