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« Il n'y a pas un mais deux personnages, on a Bonaparte héros de la République et Napoléon qui crée l'Empire et rétablit la monarchie héréditaire ».Jean Tulard de l'Académie des Sciences Morales et Politiques.
Un nombre incalculable de livres ont été publiés sur Napoléon. Certains sont trop admiratifs, d'autres, très injustes, ne rendent pas compte d'un sujet tellement exceptionnel et d'une époque sans égale. Notre propos se limitera à un seul thème : Napoléon, muni de la dignité impériale,s'est-il tourné vers le passé et le génie de la campagne d'Italie et du consulat s'est-il englouti dans les mers glacées de la France d'avant 1789 ?Ce livre n'a pas l'ambition de retracer la vie de Napoléon, ses rêves, ses grands succès, ses erreurs et faiblesses mais d'éclaircir un aspect : son extraordinaire génie s'est-il progressivement enfoncé dans le conservatisme, voire la réaction ? Cette évolution peut-elle s'expliquer ?Les débordements de la foule parisienne, l'ont-ils tellement marqué, qu'il a trouvé des vertus au passé : l'ordre, le confort des choses connues, des institutions de toujours, la noblesse, la
hiérarchie, la famille, la terre.Les grandes créations : les lycées, le baccalauréat, la nouvelle université, les préfets, la Banque
de France, le Code Civil, la Cour des Comptes, etc... sont quasiment arrêtés avec la naissance de l'Empire. A-t-il considéré que tout était en place et qu'il suffisait de conforter et de gérer ? (1)Napoléon serait un homme du XVIIIème siècle et Bonaparte un disrupteur ?
En prolongeant la remarque de Jean Tulard, on peut considérer que Bonaparte est mort le 2décembre 1804. Son esprit si créatif, sa flamme révolutionnaire, ses aspirations novatrices se sont éteints, étouffés dans la pourpre du sacre.Son divorce et son mariage avec la fille d'un Empereur, après la recherche frénétique d'une princesse appartenant à la famille régnante d'un pays clé est éclairante. Savait-il qu'il ne ferait jamais partie de « la famille » puisqu'il n'était pas « né » ?Il devait tout autant savoir qu'il serait trahi à la première occasion tant il avait humilié mais pas abattu les rois vaincus, ses « cousins ».Le soleil éclatant de ses victoires lui masquait-il les premières ombres qui pesaient sur les monarchies ? Les États-Unis et l'Angleterre avaient introduit le ver démocratique dans les fruits royaux.Le boursier du roi, élève maltraité, subissant les chabauderies de ses camarades (2), malgré ses dons en mathématiques, se tourna très vite, quasi exclusivement vers l'histoire, la géographie, la littérature, la vie des grands hommes, les oeuvres qui le plongeaient dans le passé (3) et beaucoup moins vers la science toute entière tournée vers l'avenir, les progrès entrevus ou
espérés.L'Empereur de 35 ans, à peine jeune, est-il vieux ? Obsédé par sa légitimité, à une époque où
l'Europe entière était monarchique, jugeait-il l'onction du sacre et la fondation d'une dynastie indispensables ? La quatrième dynastie, après les mérovingiens, les carolingiens et les capétiens, est son obsession . D'autant plus qu'il connait les risques qu'il prend avec chaque bataille au cours desquelles, il lui arrive de s'exposer et qu'il subit les nombreuses tentatives de lui ôter la vie.
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