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J'ai connu un potier dans le Berry : quand ça le faisait chier de faire des assiettes, toujours les mêmes, il prenait sa terre et il faisait un monstre. Un énorme monstre. En terre cuite. Et il disait : "Je fais ça parce qu'il faut que ça sorte ! J'en ai plein comme ça à l'intérieur de moi !" Il avait raison.
Il faut laisser sortir ses montres, si on ne veut pas que ce soient eux qui nous bouffent.
L'auteur se livre, sans artifices, sur sa vie, sur la vie.
Tout ce qui lui importe.
C'est spontané, sincère.
C'est bien écrit.
Aucune concession, ni pour lui-même, ni pour l'actualité, la société.
On retrouve une grande profondeur, une grande sensibilité.
Certes il y a son côté trivial, grande gueule, brut de décoffrage.
Mais derrière, il y a a un être épris de liberté, sincère, qui va au bout de ses vérités.
Qui veut vivre à fond le présent, se moque de ce que l'on peut penser de lui, de ses frasques parfois outrancières, les regrette parfois.
J'ai beaucoup aimé ce livre, cette façon de voir les choses et la vie.
Des réflexions , des questions et des certitudes presque des aphorismes : une tentative poétique pour se définir . A travers des thèmes variés, on tente de saisir la personnalité en tout cas les goûts et dégoûts de l'un de nos plus importantes vedettes .
On entend en lisant ces textes la voix de Gérard Depardieu, le souffle qu'il donne à ses phrases et ses intonations. Une plongée dans l'univers de Depardieu.
Préféré à Innocent son précédent livre. On croit l'entendre, tout comme Jean d'Ormesson, il fait partie de ces écrivains oraux. Qu'on entend malgré la chose écrite.
J'aime ces pensées sur la société, le cinéma, les Etats-Unis... c'est brutal, violent, sans langue de bois, mais d'une grande intelligence.
N’en déplaise à ses détracteurs, ses frasques et ses opinions ne regardent que lui.
Gérard Depardieu est un diamant brut, rhombododécaèdre, comme lui, il faut savoir le regarder, l’écouter pour en extraire l’unique.
C’est un artiste hors norme, d’une humanité rare, son interprétation des chansons de Barbara est juste sublime et d’une émotion totale.
Son livre Monstre, est un hymne à la vie, la vraie : "Ces jours où l'âme se fait lourde, ces soirs où l'on est fatigué de vivre et effrayé de mourir.
On en oublierait presque qu'on a un cœur qui bat, du sang chaud dans les veines, qu'on est fait pour être et désirer.
C'est dans ces moments-là qu'il faut savoir faire le vide, le propre."
De chaque rencontre, des plus grands aux plus humbles, il tire la quintessence, pas de jugement, juste le ressenti de deux âmes, c’est une éponge, car ce qu’il aime c’est « ressentir », pas la superficialité d’un monde qui va trop vite et laisse beaucoup d’hommes en chemin.
« Quand on aime, on n’a pas besoin de mettre un mot sur chaque sensation.
Le désir suffit.
Il faut le faire résonner.
Si l’on bombarde de mots cette délicatesse, on finit par ne plus l’éprouver. »
« A mesure que s’accroît l’intolérable du monde, l’amour s’éloigne. »
En courts portraits, il dresse ceux des hommes qu’il a rencontré et ceux des mots et maux, de leur signification.
Une magnifique déclaration d’amour est faite à Stefan Zweig.
Rien n’est écrit au hasard, une balade au pays où Gérard Depardieu, comme Jean de Florette cultive l’authentique.
Des textes empreints de douceur, d’intelligence, d’humanité qui font de lui un voyageur éveillé.
Il a tellement raison de rester lui-même !
La définition de « monstre » n’est pas toujours péjorative, cela signifie aussi « ce qui se montre » comme une puissance admirative, c’est ce sens qui me convient quand on parle de Gérard Depardieu, une émotion vive qu’il transmet à ceux qui sont réceptifs. Et cela tombe bien j’ai besoin de recevoir cette humanité, ces mots-là, ce sens-là de la vie.
Toujours rester en phase avec la terre, les autres, s’enrichir d’échanges et de rencontres.
« Un grand trouble devant toutes ces crevasses, partout sur notre chemin, qui paralysent notre progression et nous empêchent de vivre nos vraies émotions, nos émotions personnelles.
Il faut une énergie folle.
Les corps finissent par se fatiguer.
Et le corps ne ment jamais. »
A l’aube de cette nouvelle année, je vous souhaite d’avoir cette énergie folle de vivre, et que la lecture soit un vecteur d’ouverture, de culture, de ressenti. Un livre s’ouvre sur de belles émotions et se referme sur les émotions qu’il a laissé en vous, comme une empreinte.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 27 décembre 2017.
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