Née garçon, Sara se sait être fille depuis la prime enfance. Avant même de pouvoir le formuler, de le comprendre. Mais elle a dû grandir emprisonnée dans un corps subi, moulée dans les lois de la masculinité, à ne pas pouvoir supporter son reflet dans un miroir. Une erreur ? Une anomalie ? Il fallait un changement, un réalignement de ce corps, et c'est à seize ans que Sara débute sa transition pour être celle qu'elle est, se sentir enfin vivante. S'autoriser à être un météore que plus rien n'arrête, même pas les coups et les insultes. Un monologue saisissant et maîtrisé sur un sujet trop longtemps tabou. Un plaidoyer pour la tolérance.
Un monologue très bien écrit où les mots et phrases du narrateur sont percutants. Ces derniers atteignent le lecteur en plein visage.
Voici quelques phrases tirées du livre :
« un coup de poing, là, ça fait mal. Ça peut faire du dégât. Un coup de pied aussi. » (page 21)
« Les coups c'est plus difficile de s'en défaire. Ils aliment nos peurs et nos douleurs. Ils rongent nos libertés et dévorent nos vies. »
«Les insultes c'est différent. Les entailles qu’elles font sont au-dedans. Le cœur est une matière molle et tendre qui ne cicatrise pas facilement […] Les insultes on ne les évite pas, elles sont à tête chercheuse. » (page 25)
Un livre coup de poing plein de rage qui prend aux tripes.
Un COUP DE CŒUR. Je vous le conseille donc amis lecteurs.
Sara est née garçon. Son corps est un obstacle, un contretemps, une distance. « Car être dans ce corps, c’était comme habiter une maison en feu. Sans fenêtres. Sans porte. Sans sortie de secours. L’incendie était partout et je me cognais à des murs, des murs interminables. Il n’y avait pas d’issue. » Depuis toute petite, elle sait quelle direction prendre. Mais elle se heurte au monde. À celui de l’incompréhension et du jugement. Il lui faut être dans une case : né garçon = être garçon = pour toujours ! Ne pas faire d’écart. Ne pas faire de vague. « Il fallait tout réaligner. Pour que mon âme imprègne ces bras, ces jambes, chaque molécule de cette chair. Il fallait un changement pour que j’existe dans ce corps et que je puisse enfin me sentir vivante. » Ce jour, elle porte une jupe. « Ma féminité est un météore que l’obscurité ne peut pas ignorer, prêt à fendre tout ce que le ciel peut contenir de certitudes crasses et de pensées sombres. » Sara contre le reste du monde.
Comme tous les livres de la collection D’une seule voix, Métérore frappe fort. Un monologue d’une puissance à couper le souffle. Sara se confie à nous avec honnêteté et bon sens. Son combat de tous les jours pour enfin exister, comme elle est née, une fille à part entière. Sara affronte, malgré ses peurs, le monde malsain qui l’entoure. Une force et un courage que l’on ne peut prendre qu’en exemple.
« VIVRE.
Je ne m’excuserai pas.
Ravalez vos crachats.
À chacun d’eux, à chaque gifle, à chaque insulte, c’est vous que vous cognerez.
Car je porte un amour en moi qui renvoie tous les coups.
Parce que moi, je traverse ce ciel. Je suis un météore. Et plus rien ne m’arrête.
Les astres ont fait ma robe d’étincelles. Et dans l’obscurité de cette nuit intersidérale, je suis une lumière portée par des millions d’étoiles. Toutes ont façonné ma trajectoire.
Je suis celle que je devais être, des millénaires de femmes ont fait mon histoire.
Incandescence de vie. Je suis libre d’être, et de briller. Dans ma robe de lumière, je ne crains plus d’affronter vos ténèbres.
Regardez-moi passer.»
Météore, pour celles et ceux qui rêvent de liberté.
Météore, pour celles et ceux qui refusent d’être du copier/coller.
Météore, pour celles et ceux qui s’aiment.
Météore, à mettre dans toutes les mains.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/10/12/38586629.html
Stupéfiant et extraordinaire monologue de Sara 16 ans, prisonnière depuis sa naissance d'un corps de garçon. C'est court (65 pages), brut, incisif, percutant, bouleversant.
Un texte magnifique pour dire l'incompréhension, la révolte, le dégoût, la souffrance terrible, dedans, dehors, les préjugés, les comportements agressifs et stupides, le mépris, la honte, les questionnements, qu'est-ce qu'être une fille? être un garçon ?
Difficile et douloureuse question de la transidentité, désir d'être soi, acceptation, chemin vers la lumière.... Une merveille dont j'avais envie de noter presque chaque page ... A lire sans modération et sans limite d'âge !
Des textes d'un seul souffle
Des textes à dire, à partager
avec soi et le monde.
Une collection créée par Jeanne Benameur et Claire David " D'une seule voix " chez @actes_sud_junior
"J'ai survécu à pire que vous.
Pire que votre bêtise.
Pire que votre crainte d'épouser les possibles.
J'ai survécu à une haine plus intime, que j'avais plantée en travers de ma vie.
J'ai survécu au dégoût de moi-même.
A ma colère, à ma détresse.
J'ai survécu à une prison de peau, aux barreaux de mes os. À ces liens de tendons et de cartilages.
À la peur d'être moi."
C'est l'arrivée du printemps et Sara, toute guillerette, en profite pour sortir avec une jolie petite robe. On est bien avec elle, heureux et on poursuit la lecture le regard sautillant et léger pour l'accompagner et là ... douche froide !
Houa quelle claque, nous nous rendons compte que Sara est née garçon, qu'elle commence son transition mais que le monde autour d'elle est loin d'accepter.
Un roman fort, merveilleusement écrit, qui nous transporte dans la violence du monde à accepter l'autre pour ce qu'il est.
Nouveau roman de la collection D'une seule voix des éditions Actes Sud que j'affectionne particulièrement.
Après un immense coup de cœur pour Boom et Rattrapage, j'étais impatiente de le lire !
Comme pour chaque ouvrage de cette sélection, il aborde un sujet essentiel et pertinent.
Cette fois-ci, c'est le thème de la transidentité dont nous parle l'auteur.
Mais aussi sur l'adolescence, l'acceptation, la tolérance...
Un texte percutant, poignant et combatif !
J'ai relevé de très beaux passages, en voici un qui me touche beaucoup :
« J'ai grandi à la frontière d'un cri. D'un cri
si puissant qu'il aurait pu tout disloquer
de ma vie. Chaque fois qu'on m'appelait
"fiston", qu'on s'étonnait de mes choix,
tous ces moments où je n'étais plus libre,
je marchais un peu plus vers ce cri.
Une vérité en moi voulait être entendue.
Mais les autres ne tiennent pas à ce qu'on
leur dise notre vérité. Ils préfèrent
s'entourer de mensonges confortables
et duveteux. » p.58
Une lecture forte sur un sujet vibrant que je vous recommande évidemment de découvrir !
Lisez ce texte à voix haute : La voix de Sara retentira magnifiquement.
C'est un combat, un cri, un témoignage, une vérité, une ouverture d'esprit, une réalité...
Un ouvrage à lire et à partager s'adressant à tous les lecteurs !
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2020/03/meteore.html
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