"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En février 2011, alors que l'Égypte était en révolution contre l'oligarchie qui la dominait depuis si longtemps, Philippe Flandrin et Patrick Chapuis achevaient Le Labyrinthe des pyramides, un ouvrage consacré aux tombes royales de l'Ancien Empire (Actes Sud, 2011). En dépit de l'insécurité prévalant sur les sites, le Conseil Suprême des Antiquités de l'Égypte a souhaité dresser un état des lieux des nécropoles jouxtant Le Caire, et c'est ainsi que nos auteurs ont été conviés à étendre leur travail aux tombes civiles qui entourent les pyramides. De par les peintures, dessins, bas-reliefs et sculptures, elles révèlent l'histoire et la culture matérielle de l'Égypte au IIIe millénaire avant notre ère.
Les images des tombeaux de l'Ancien Empire témoignent d'un temps qui est également le nôtre. Les formes qu'elles proposent sont d'une diversité et souvent d'une inventivité telles qu'elles pourraient être l'oeuvre d'artistes contemporains : au classicisme des cortèges de porteurs d'offrandes répond le naturalisme de certaines compositions, le graphisme du dessin, l'abstraction des peintures murales. Sur les parois de ces sépultures, les choses, les êtres humains et les animaux sont sujets à d'incessantes transformations. Ce que nous voyons n'est pas simplement la représentation d'une époque et de son ordre, mais l'expression d'une volonté de changement, d'une nécessité d'évolution. Ainsi, comme la mort - loin d'être un échec - est le lieu où se prépare le futur, le tombeau, où l'on enterre dignitaires, vizirs, scribes, indigents et poètes, est le laboratoire de l'avenir. Sur ces images, on ne trouve qu'exceptionnellement - sauf dans la tombe d'Ankhmahor, vizir de la Ve dynastie - des scènes de lamentation, on ne voit nul cadavre, nulle dépouille mortelle ; bien au contraire, les scènes peintes ou gravées célèbrent chaudement la vie.
À côté de la personnalité du défunt - le «Maître du tombeau», expression empruntée à Pierre Montet -, on découvre aussi les témoignages de l'ensemble des acteurs de la société civile égyptienne : nobles, bourgeois, ouvriers, paysans, artisans. De même, la terre d'Égypte de cette époque lointaine est largement célébrée, avec sa faune, sa flore et ses richesses, au premier rang desquelles apparaît le Nil. Enfin, on comprend comment cette société complexe, supérieurement organisée, a pu évoluer et jeter les bases de trente-cinq siècles de civilisation et de rayonnement, en Égypte comme dans le monde antique. À travers cet ouvrage, c'est ce laboratoire que les auteurs ont voulu nous faire découvrir, à l'heure où la folie des hommes menace de le flétrir, car, outre les pillards, la foule des visiteurs qui se massent dans les tombes suffit hélas à mettre en péril tous ces chefs-d'oeuvre bien mortels.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !