« A tout prendre, je m'aimerais assez comme je suis, si je n'avais souvent été malheureuse par ma faute. » À l'aube de ses trente ans, Louise d'Épinay porte un jugement désabusé sur son existence passée : sur sa vie d'épouse, sa vie de mère, sa vie d'amante, sa vie de femme enfin, désormais plongée à corps perdu dans le Paris des Lumières. Quelle faute pourrait-elle se reprocher ? D'avoir refusé le triste rôle que lui assignait sa famille ? D'avoir lutté pour son émancipation intellectuelle ? D'avoir voulu satisfaire ses ambitions, peut-être ? C'est au contraire pour ces raisons qu'il faut l'aimer, comme l'ont aimée Rousseau, Voltaire, Diderot et tous les grands hommes qui ont vécu auprès d'elle.
Par sa quête d'un bonheur personnel, par sa volonté de s'accomplir et de maîtriser son destin, Louise n'était pas de son temps. Elle est du nôtre.
Super roman qui relate la vie de Louise d'Epinay, de son mariage à sa mort. Elle a traversé cette merveilleuse période de l'Histoire que représente les Lumières. Déçue par son mariage, elle a pris un amant qu'elle n'a pas su gardé. Puis elle a rencontré Grimm qui a été charmé par son esprit novateur. Encouragé par celui-ci, elle réussit petit à petit à réunir autour d'elle dans son salon les plus grands de ce siècle : Rousseau, Voltaire et Diderot. A la fois forte et naïve, elle a su défendre ses droits et ses biens, convaincre sur les bienfaits de ses idées nouvelles à propos de l'éducation et se dépasser intellectuellement.
Se lit rapidement, facilement et avec plaisir.
Quelle ne fut pas ma surprise cependant de lire un passage sur le supplice de Robert Damiens. Ce personnage qui a attenté aux jours du roi, portait le même nom que mes ancêtres et était originaire du même secteur. (Pas-de-Calais). Mes ancêtres ont été obligés de changer de nom suite à son méfait. Je connaissais l'anecdote mais ignorais quel impact cela avait pu avoir sur l'esprit des lumières.
La biographie d'une femme d'esprit qui a vécu aux côtés d'hommes illustres du XVIIIème siècle, voilà qui donne envie de lire cet ouvrage.
Et effectivement le roman permet tout à fait de s'immiscer dans la société du XVIIIème siècle : au travers des ressentis de Louise que l'on suit de sa sortie du couvent à sa vie de famille et de femme, on découvre les conventions, les convenances , la vie dans les foyers aisés, les visites...Un regard naïf donc qui écorche les hommes, les maris et la société de l'époque.
Ce qui est plaisant est de voir l'évolution de l'héroïne tout au long de sa vie : l'identité de Louise se révèle vraiment et finit par éclater : une femme d'esprit, militant pour l'éducation de ses enfants. J'ai apprécié vivre avec Louise (même si ce récit semble lent et fade) et recevoir avec ses amis, dont certains sont connus : Rousseau...
J'ai d'ailleurs aimé découvrir l'envers de ces hommes illustres : Rousseau, cet "ours" et Voltaire, le vieil homme dont on voit les aspects humains, les paradoxes et les mésententes , les polémiques notamment celle sur la religion.
Cependant j'ai été déçue d'avoir dû attendre si longtemps (la dernière partie du texte) pour les rencontrer et surtout j'ai été désorientée par la différence d'énonciation qui amène un rythme plus rapide.
En conclusion : un ouvrage en 2 temps : la narration de la vie de Louise et une dernière partie où les rencontres s'accumulent et où les informations sont plus intéressantes (celles que j'attendais ) , une dernière partie plus dynamique . D'ailleurs me resteront de cet ouvrage le personnage de Louise d'Epinay (que je ne connaissais pas ) mais surtout la description insoutenable de la mise à mort de Lambert, ainsi que la controverse sur la religion et les nouvelles idées qui émergent à cette époque.
Une plongée donc dans le XVIIIème siècle qui peut se continuer sur le blog passionnant de l'auteur .
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