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L'inhumanité : serial killers et capitalisme

Couverture du livre « L'inhumanité : serial killers et capitalisme » de Laurent Denave aux éditions Raisons D'agir
Résumé:

Le titre du présent ouvrage fait allusion à l'un des livres du philosophe Jacques Bouveresse, Les premiers jours de l'inhumanité (qui faisait lui-même référence aux Derniers jours de l'humanité de Karl Kraus) portant sur le triste spectacle de ce monde, ravagé par la guerre et dévoré par... Voir plus

Le titre du présent ouvrage fait allusion à l'un des livres du philosophe Jacques Bouveresse, Les premiers jours de l'inhumanité (qui faisait lui-même référence aux Derniers jours de l'humanité de Karl Kraus) portant sur le triste spectacle de ce monde, ravagé par la guerre et dévoré par l'injustice - une injustice alimentée aujourd'hui par le système néolibéral qui conduit à l'explosion des inégalités.
Plus la société est inégalitaire plus elle est violente et les régions du monde les plus inégalitaires sont aussi celles où l'on dénombre le plus d'homicides. Cela explique en grande partie le nombre important d'homicides aux États-Unis, le plus inégalitaire des pays riches, dont l'insécurité sociale a été aggravée depuis les années 1970-1980 par les politiques économiques néolibérales.
Ce livre se focalise sur un cas limite, celui des meurtres en série, qui semblent, à première vue, obéir à une logique purement criminelle ou exprimer une forme de folie strictement individuelle. Ces crimes ne font pourtant pas exception à la règle, comme l'a montré l'anthropologue Elliott Leyton dans son ouvrage pionnier Hunting Humans?: sans mobile apparent ils sont en réalité motivés par un désir de revanche sociale et de célébrité, pour des individus dont la trajectoire sociale a été bloquée (impossibilité de vivre le «?rêve américain?») dans un contexte de crise économique.
Devenir tueur en série permet de compenser ses frustrations sociales, trop importantes dans une société où règne une concurrence acharnée entre ses membres pour l'occupation des places (des emplois notamment) donnant droit à une vie confortable et à la consommation des biens que la publicité incite à acheter.
C'est aussi le moyen d'obtenir ce qu'on peut appeler une revanche sociale réactionnaire, étant donné qu'elle ne fait que renforcer le système injuste et violent dont le tueur a été lui-même victime, en focalisant l'attention sur l'horreur de ses actes et non sur l'horreur du système.
En s'appropriant la vie de leurs victimes, les tueurs en séries renforcent la leur, ceci dans un contexte de crise économique et/ou de trajectoire sociale bloquée, et donc dans l'incapacité de se réaliser (ou progresser) socialement autrement qu'en captant le capital de vie de leurs victimes.

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