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Si un professeur des Universités était ministre de l'Education pendant un quart d'heure : que ferait-il ? Dans cet essai implacable, Fabrice Bouthillon revient sur ses expériences pour rajeunir la vieille Université.
Fabrice Bouthillon, professeur et agrégé d'histoire, fait une critique incisive de l'Université française. Cette institution lui semble dépassée : il est temps qu'elle fasse peau neuve. Sans langue de bois, en trois points, il fait des propositions pour améliorer l'enseignement à la faculté. Il supprime les concours très réputés de l'agrégation ; le Conseil National des Universités qui valide les thèses des futurs enseignants ; les très prestigieuses classes préparatoires aux grandes Ecoles.
Je pense que vous l’aurez compris à la lecture du résumé, L’impossible université n’est pas un roman, mais bien un essai, genre que je ne lis que très rarement. Pour être parfaitement honnête, sans la Masse Critique de Babelio, je n’aurai surement jamais entendu parler de ce petit livre, car je ne serai pas aller chercher un essai sur cette thématique. Non pas que cela ne m’intéresse pas, bien au contraire, étant moi-même étudiante en lettres et en théologie, je ne peux qu’être interpellée par les réflexions au sujet de l’enseignement supérieur, mais je dois bien admettre que je suis clairement plus attirée par les romans que par les ouvrages non-fictionnels. Je suis toutefois très heureuse d’avoir reçu ce livre, c’est pourquoi j’ai tout de même choisi de vous en faire une petite chronique.
L’auteur nous propose donc une réflexion sur l’enseignement supérieur, en mettant l’accent sur trois aspects : l’agrégation (et plus généralement les concours de recrutement du corps enseignant), le Conseil National des Universités et les classes préparatoires. Son objectif ? Démontrer la nocivité de ces trois éléments constitutifs de l’enseignement supérieur français, puis proposer des solutions pour y remédier. Il commence toujours par rappeler de quoi il est question : qu’est-ce que l’agrégation ? qu’est-ce que le CNU ? qu’est-ce que les classes préparatoires ? Il s’adresse ainsi à tous, ceux qui sont familiers de cet univers comme ceux qui ne le sont pas. Il reprend généralement un rapide historique de ces trois éléments et explique quel en est le rôle. Puis, s’appuyant toujours sur des exemples précis et bien souvent agrémentés de données chiffrées, il nous explique en quoi, selon lui, l’agrégation, le CNU et les classes préparatoires ne remplissent pas correctement leurs missions. Enfin, il nous confie ses propositions de solution, qui se résume en un seul mot : suppression. Réformer ne suffit pas, selon lui, il faut reprendre tout à zéro pour assainir le système de l’enseignement supérieur et lui redonner toutes ses lettres de noblesse.
L’auteur nous offre donc ici un essai court et concis, aux explications claires et précises, qui ne s’adressent pas aux seuls spécialistes de la question mais qui est accessible à tout le monde. Qu’on soit d’accord avec ses propositions ou non, cet essai a le mérite d’oser remettre en question des éléments unanimement considérés comme les piliers de l’enseignement supérieur français. Ainsi, quand on pense aux classes préparatoires, c’est souvent le mot « excellence » qui nous vient en premier. Pour un lycéen français, être accepté dans une classe préparatoire est quelque chose de merveilleux, la promesse d’une formation remarquable qui ouvrira ensuite les portes des carrières les plus prestigieuses. Pour l’auteur, au contraire, il s’agit d’un « bagne », et, plus encore, d’une « éducation à l’arrogance intellectuelle », une « incitation à l’écrasement de l’autre » et à « l’isolement de chacun ». C’est tout de suite nettement moins glorieux, n’est-ce pas ? Fabrice Bouthillon nous invite à voir plus loin que les apparences, à remarquer que toute lumière cache une part d’ombre. Rien que pour cela, cet essai est intéressant : il n’hésite pas à faire descendre de leur piédestal ce que nul n’ose attaquer.
En bref, une lecture qui sort grandement de ma zone de confort mais que j’ai trouvée vraiment enrichissante. Nous avons ici un auteur, lui-même universitaire, qui prend le parti de remettre en question tout un système, non pas par simple esprit de rébellion ou de contestation, mais bien pour redonner à l’enseignement supérieur français les moyens de réaliser au mieux l’objectif qui est le sien : former des diplômés répondant à ses objectifs généraux, afin qu'ils puissent ensuite s'insérer dans le monde du travail. Un essai facile à lire qui apprend énormément de choses !
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