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« M. Rockefeller traitait ses détracteurs avec une habileté qui frisait le génie. Il les ignorait. » À l'aube du XXe siècle, une ressource d'un genre nouveau, tapie dans les entrailles de la terre, déchaîne tous les appétits : c'est l'or noir. Aux États-Unis, coeur battant de la révolution industrielle, des milliers de barils du précieux liquide sont écoulés chaque jour - et la demande ne fait que croître. Mais à force de manoeuvres, une entreprise, la Standard Oil Company, est parvenue à faire main basse sur la quasi-totalité de son commerce, et abuse de ce monopole pour imposer à tous la loi de ses seuls profits. Rien ne semble pouvoir arrêter son expansion ni l'influence de son fondateur, John D. Rockefeller...
Une femme va cependant se dresser contre cet ogre économique : Ida Tarbell, considérée comme l'une des pionnières du journalisme d'investigation moderne. Entre 1902 et 1904, elle publie dans une revue indépendante, le McClure's Magazine, une série d'articles révélant les pratiques déloyales, sinon illicites, employées par la Standard Oil pour neutraliser ses rivales. Son enquête choc provoquera une déflagration dans l'opinion publique qui conduira la justice américaine, en 1911, à reconnaître l'entreprise coupable de violation du droit de la concurrence et à ordonner son démantèlement. C'en sera fini du plus grand trust de l'histoire des États-Unis.
Ici traduit en français pour la première fois, le livre de Tarbell est un monument de la littérature américaine qui brasse tous les éléments de sa mythologie - une plongée dans l'enfance terrible du capitalisme, lorsque tout était encore permis.
« Le plus remarquable livre de ce genre jamais écrit aux États-Unis. » - The New York Times
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’on ne connaît le pétrole que par les affleurements qu’il forme lorsqu’il abonde en sous-sol. Il n’a alors guère d’utilité, si ce n’est pharmaceutique, puisqu’on lui prête des vertus de panacée. Mais voilà qu’il pourrait servir de lubrifiant pour l’industrie et de combustible pour l’éclairage. Lorsque - les lecteurs de l’album de Lucky Luke A l’ombre des derricks s’en souviennent - le colonel Drake fore le premier puits artésien, faisant jaillir le liquide noir en geyser dans l’ouest de la Pennsylvanie, c’est la ruée vers l’or noir et le début chaotique du développement d’une nouvelle industrie très vite éminemment stratégique. En quelques années, une société s’impose, tuant méthodiquement la concurrence pour s’ériger en position dominante et imposer sa loi sur le secteur. Rien se semble plus devoir limiter l’essor de la Standard Oil Company et le pouvoir de son fondateur, John D. Rockefeller, premier milliardaire recensé au monde, dans les esprits mi-dieu, mi diable, tant il fascine en même temps qu’il suscite crainte et détestation.
C’est sans compter une femme, Ida Tarbell, fille d’un producteur et raffineur de pétrole indépendant, ruiné par les tactiques déloyales de la Standard Oil. En 1899, ses articles sur les grandes figures féminines de la Révolution française, puis ses biographies de Napoléon et d’Abraham Lincoln, publiées en épisodes dans le McClure’s Magazine, en ont fait un grand nom du journalisme américain. Lorsqu’elle est promue rédactrice en chef de la revue, elle décide de se consacrer à un projet qui lui tient depuis longtemps à coeur : raconter toute la vérité sur l’histoire et les méthodes de la Standard Oil Company.
Pendant quatre ans, malgré les pressions et les menaces, elle mène minutieusement ses investigations, consultant des milliers de documents et rassemblant des centaines de témoignages, comme celui, plein de haine, du propre frère du milliardaire, ou cet autre, essentiel, d’un membre du comité de direction du groupe, soucieux d’alléger ses responsabilités à l’heure où la Standard Oil approche d’une tourmente judiciaire. Publiés en série de 1902 à 1904, ses vingt-quatre articles soigneusement étayés, qui dénoncent le chantage, les intimidations et la corruption accompagnant les restrictions au commerce et les discriminations tarifaires pratiquées par le trust, font grand bruit. Ils relancent la machine judiciaire qui, malgré l’action des quelques derniers producteurs indépendants de pétrole et le vote en 1890 du Sherman Antitrust Act resté en réalité lettre morte, n’a jamais, jusqu’ici, réussi à inquiéter l’imperturbable maître du pétrole américain : à cette époque, le trust contrôle plus de 90 % du pétrole raffiné aux Etats-Unis et en fixe seul les prix. Cette fois, la bagarre judiciaire aura raison du géant : la Cour suprême en ordonnera la dissolution en 1911.
S’en tenant strictement aux faits avec une extrême précision, l’auteur ne prend position qu’en toute fin de son livre, s’insurgeant contre l'absence d'éthique du capitalisme sauvage né avec l’industrialisation fulgurante du XIXe siècle, le tout entretenu à grands coups de corruption du monde politique, à la faveur d’une opinion publique majoritairement convaincue que pour gagner des dollars, il vaut bien de casser quelques œufs. Pour la première fois traduit en français, dans une version allégée de quand même plus de cinq cents pages, ce document n’est pas seulement d’une rigueur exemplaire et d’une incomparable richesse historique : captivant de bout en bout, il se lit comme une épopée fascinante, dominée par la figure mystérieuse, aussi austère et taciturne, que déterminée et calculatrice, d’un homme d’une incroyable intelligence prédatrice.
Une enquête journalistique incroyable qui date de 1904. Le travail d’Ida Tarbell, pionnière du journalisme d’investigation, conduira directement au démantèlement de la Standard Oil Company et à la disgrâce de son capitaine, le célèbre Rockefeller.
L’autrice raconte l'ascension de la Standard Oil, d’abord petite entreprise de l'Ohio, puis puissant trust qui devient le plus grand empire pétrolier de son époque.
L’entreprise va parvenir à mettre l’ensemble de l’activité pétrolière entre ses mains et va établir un monopole absolu. Plus de concurrence, plus de libre échange.
Pour y arriver cela passera bien sûr par des moyens plus ou moins (surtout moins) légaux.
Très fouillée, très documentée (au risque de parfois perdre un peu le lecteur), l’enquête d’Ida Tarbell relate une page d’histoire Américaine et d’histoire du capitalisme. Et c’est en grande partie grâce à son livre que le président Teddy Roosevelt promulguera des lois anti-trust.
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