"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
D'un crime réel très célèbre en Amérique, Sarah Schmidt a fait un roman passionnant, best-seller en Australie et en Angleterre. A la fin du XIXe siècle, à Fall River (Massachussets), un couple sans histoires est retrouvé massacré à la hache dans sa propre maison. Rapidement, les soupçons se portent sur l'une des filles des Borden, Lizzie. Tour à tour, chaque protagoniste du drame prend la parole : la bonne, un témoin inconnu, Lizzie, sa soeur... Le roman devient alors une fascinante plongée dans les profondeurs de l'âme humaine et dans les secrets d'une famille.
Dans ce gros roman de 440 pages, vous vous glisserez dans la peau de quatre personnages assez tordus, dont les âmes sombres errent aux alentours de Fall River avec du sang sur la conscience. D'abord Emma et Lizzie, les deux soeurs, à la relation si compliquée, entre fusion et haine, puis Bridget, la femme de ménage irlandaise, maltraitée, dégoûtée par la famille Borden et particulièrement M. et Mme Borden, et enfin Benjamin, une figure du mal et de la vengeance sanglante.
La grande réussite de ce roman de Sarah Schmidt réside dans la force et la violence cathartique qui se sont déchaînées sur le couple Borden, assassiné à la hache. Une sorte de voyeurisme se développe autour du halo de mystère qui accompagne l'intrigue romancée d'un fait criminel qui s'est véritablement déroulé cette année-là. Avalée par la spirale du suspense comme en regardant un épisode d'Esprits Criminels, ou comme dans la froideur et la précision chirurgicale d'un Simon Liberati dans "California Girls" par exemple, je suis restée scotchée par cette oeuvre assez savamment écrite.
La plume est tour à tour glaciale, et chaleureuse, effrayante et puissante. Les rebondissements s'installent uniquement dans la psychologie des personnages, et non véritablement dans le déroulement des actes, même si l'auteure aime jouer avec les flash-backs mémoriels des personnages. Se souvenir, dans ce roman, c'est faire acte de contrition, c'est souffrir et se rappeler avec nostalgie que le passé aurait pu être autre si. Si seulement si.
Les regrets et l'esprit de vengeance plannent sans cesse sur les deux soeurs Emma et Lizzie, Bridget et Benjamin. Les uns comme les autres ont des relations particulièrement conflictuelles ou déchirées avec le passé et la famille. La famille y est un sujet abordé de manière frontale, dans toute la brutalité du père qui faute ou a fauté. Il n'y a donc pas vraiment d'optimisme ou de joies, à travers ce roman, vous vous sentirez happés par la sauvagerie et l'organique mais vous ne ressortirez pas soulagés ni plus légers.
C'est un roman lourd mais bien mené qui joue sur la culpabilité et les soupçons que les personnages se portent les uns aux autres. L'auteure décrit très bien la relation des deux soeurs dans un jeu de "Je t'aime moi non plus", entre jalousies maladives et amour réciproque. La mort est toujours à hanter ce roman à chaque page.
Je vous ai prévenus ! Je l'ai néanmoins dévoré sans complexe. Un roman coup de poing qui retourne l'estomac.
Cette histoire est celle de la famille Borden qui est composée de deux sœurs « Lizzie et Emma », du père Andrew et de la belle-mère Abby. Elle est inspirée de faits réels.
En août 1892, le couple Borden est retrouvé assassiné à coups de hache dans leur maison de Fall River. Le meurtrier a fait preuve d'une extrême violence.
Au moment du crime, plusieurs personnes étaient présentes et n'auraient rien entendues.
C'est un roman à quatre voix : tout d'abord celle de Lizzie, la plus jeune des sœurs, celle d'Emma (l’aînée), de Bridget (la bonne irlandaise au service de la famille) et enfin celle de Benjamin, un vagabond engagé par l'oncle des filles afin de « s'occuper » du père qu'il déteste.
Un huis-clos psychologique dans la maison du 92 second street qui fait froid dans le dos. L'ambiance malsaine qui y règne est parfaitement travaillée. L'auteure plante le décor : la maison paraît très austère, elle regorge d'odeurs nauséabondes et n'est pas très propre. Tout le monde y est malade, le ragoût de mouton toujours sur le feu ne semble plus très frais, la pendule et son tic-tac instillent un sentiment d'oppression.
L'auteure dresse le portrait très fin des deux sœurs et des relations qu'elles entretiennent avec les membres de leur famille. Et c'est là le point fort de ce roman, car il ne réside pas dans la résolution de l'enquête. Nous ne saurons jamais qui a tué le couple Borden, même si Lizzie fut arrêtée et enfermée en prison pendant dix mois, avant d'être acquittée.
Les deux sœurs d'une trentaine et d'une quarantaine d'années vivent toujours avec leurs parents. Elles ont une relation fusionnelle néfaste. Lizzie ne peut imaginer une vie sans sa sœur et n'arrive pas à s'en détacher. L'auteure évoque leur enfance et la mort de leur mère quand elles étaient petites. Elle expose aussi les rancœurs et les joies entre sœurs. Emma qui prend conscience de la toxicité de cette relation étouffante qu'elle entretient avec Lizzie, souhaite prendre de la distance mais n'y arrive pas.
Lizzie est très immature pour son âge, elle est obsessionnelle et tient des discours délirants. Les relations qu'elle entretient avec tous les membres de sa famille sont très « particulières » et ambivalentes. Par moment, elle semble être très proche de son père et de sa belle-mère puis elle peut avoir des discours très haineux à leur propos.
L'oncle des filles, le frère de la mère décédée, fait des visites régulières aux Borden. Il souhaite protéger les filles de leur père qu'il n'apprécie pas. Un jour, il rencontre fortuitement Benjamin, un homme errant. Il l'engage pour blesser ou tuer le père des filles. Il n'est pas très précis sur ce qu'il attend. Nous suivons le parcours de Benjamin, qui n'a pas eu une enfance facile, ce qui peut expliquer sa marginalisation et pourquoi il a fait le choix d'accepter cette mission.
Toutes les personnes qui gravitent autour du couple Borden ont des raisons de les détester.
La construction du livre est très intéressante et judicieuse car le lecteur découvre les pensées de chacun des personnages qui ont tous des personnalités et des liens différents.
L'auteure nous plonge dans l'horreur par ses descriptions très pointues et des petits détails qui dégoûtent le lecteur (les personnages malades, les odeurs pestilentielles, le ragoût de mouton, le sang, les poires juteuses)
La répétition de certaines habitudes et les situations inexplicables accentuent le malaise ambiant.
L'écriture est agréable et fluide, l'auteure nous embarque dans un univers aux portes de la folie et de l'horreur qu'il est difficile de lâcher.
Un roman familial très noir qui a le pouvoir de donner la chair de poule, une vraie réussite.
Je remercie les éditions "Payot & Rivages" pour ce livre.
Sarah Schmidt réinvente un célèbre fait divers américain pour lequel plus d’un siècle après les faits, il n’y a toujours pas de certitudes.
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Le 4 août 1892, à Fall River, Massachusetts, Lizzie Borden, âgée de 32 ans, découvre son père, Andrew, et sa belle-mère, Abby morts. Ils ont été tout deux abattus à coup de hache dans leur maison: Abby à l'étage dans la chambre d'amis; Andrew allongé sur le canapé dans le salon en bas.
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Le roman va et vient dans le temps entre le 3 août 1892 - la veille des meurtres - et les jours qui suivent.
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L'histoire est racontée de quatre points de vue différents: Lizzie elle-même, Emma sa sœur aînée, Bridget, la servante opprimée de la famille, et Benjamin, un jeune homme mystérieux et violent. Le récit passe à travers les perspectives de chacun et à travers le temps. Les versions des uns et des autres sont sujettes à des demi-vérités, vérités et mensonges En allant et en revenant entre ces personnages, le lecteur apprend des bribes d'événements entourant les meurtres, et découvre la personnalité de chacun. Il devient rapidement évident que tous avaient un motif de meurtre, et que certains sont profondément déséquilibrés, aux portes de la folie.
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Si la recherche du coupable est importante, ce qu’il faut retenir de ce livre, c’est l’ambiance…
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Car l'horreur de cette histoire ce n’est pas tant la violence des meurtres eux-mêmes que l’impression d'être pris au piège dans une situation vraiment cauchemardesque, dans cette maison où l’air est gluant, où les odeurs de sang et de nourriture sont omniprésentes, où les personnages entretiennent des relations malsaines et toxiques.
Claustrophobes fuyez !
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Un premier roman fascinant, dans une atmosphère déconcertante, troublante et oppressante. A lire.
La famille Borden habite Fall River dans le Massachussetts, et le 4 août 1892, le père et la mère sont tués à coups de hache.
C’est Lizzie qui parle en premier, et le lecteur ne sait pas à l’entendre raconter la découverte de son père, le visage à moitié arraché, quel âge a Lizzie. La confusion règne « Les images mentales défilaient sous mon crâne comme à travers un œil-de-bœuf, je me représentais les flots de sang de Père, vestiges d’un festin de chiens errants. Les écailles de peau sur son torse, son œil échoué sur son épaule… Je ne sais pas trop. Peut-être qu’ils se sont servis d’une hache. Comme quand on veut abattre un arbre. »
Je ne sais pourquoi, en lisant se premier chapitre, je retenais ma respiration, pas à cause des détails sur la scène de crime, mais parce que je respirais l’odeur d’une maison sale. Ce qui s’est révélé exact au fur et à mesure que le lecteur avance dans cette sordide histoire.
La famille Borden a une façon bien à elle de fonctionner, Andrew Borden a réussi dans les affaires et la maison ne manque de rien, sa première femme, la mère d’Emma et Lizzie est morte. Emma avait 10 ans et Lizzie un an.
Le père de famille, autoritaire s’est vite déchargé de l’éducation de Lizzie sur Emma. Il s’est remarié avec Abby.
Lizzie a pris le pouvoir, elle règne en despote et tous doivent lui céder surtout sa sœur Emma. Elle, Lizzie a le droit de s’éloigner de la maison mais pas sa sœur.
Au moment du drame Emma a 41 ans et Lizzie 32 ans.
Pourquoi vivent-elles encore sous le toit paternel ?
Emma en ce mois d’août 1892, a réussi à s’échapper de chez elle et elle envisage même de ne pas y revenir.
La maison est laissée aux bons soins de Bridget, bonne irlandaise, qui elle aussi a voulu quitter son emploi à plusieurs reprises.
D’ailleurs elle est seule avec Lizzie lors de la découverte du crime, elle court chercher le bon docteur Bowen, habitué de la famille. Une voisine vient tenir compagnie à Lizzie en attendant l’arrivée de la police. Il est normal que Emma ne soit pas là, leur oncle (frère de la première Mme Borden) est absent, alors qu’il est venu leur rendre visite.
Abby Borden est supposée être sortie mais elle est dans sa chambre et a subi le même sort que son époux.
À la suite de divers incidents, la maison est en permanence fermée. Depuis plusieurs jours, toute la famille souffre de divers symptômes d’indigestion, ne serait-ce pas un acte d’empoisonnement ?
Cela vous parait confus ? Normal, cette famille ne fonctionne pas vraiment normalement. Un père autoritaire, une belle-mère avide, un oncle suspect, un inconnu encore plus suspect et deux sœurs qui n’arrivent pas à se séparer.
Parce qu’entre les deux sœurs règne une injustice flagrante, l’ainée a toutes les responsabilités et la plus jeune est infantilisée à l’extrême.
Lizzie dans son comportement n’est qu’une gamine, une sale peste qui ne recule devant rien pour satisfaire ses caprices.
Elle est avide de tout.
Après enquête les soupçons vont se porter sur elle, il y aura un procès, elle sera acquittée faute de preuves.
L’auteur par une narration polyphonique nous plonge au cœur de l‘horreur.
L’horreur est-elle le crime commis ou bien le fonctionnement de cette famille ?
La force de Sarah Schmidt est de nous faire découvrir cette histoire comme un puzzle, chaque voix est un morceau de l’image totale. Des interrogations subsistent, et la fin des deux sœurs est troublante. Une maison bourgeoise, où règne le chaos, la saleté est partout, le lieu comme reflet des âmes qui y vivent, est une hypothèse tentante.
Une histoire vraie, étrange, dérangeante et fascinante.
Merci aux éditions Rivages pour cette lecture.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 19 mars 2018.
« Lizzie Borden prit une hache
Et en donna quarante coups à sa mère
Et quand elle vit ce qu'elle avait fait,
Elle en donna quarante et un à son père. »
Charmant, n'est-ce pas ? C'est la petite comptine que criaient les marchands de journaux le jour du procès de Lizzie Borden...
Une histoire incroyable et ...vraie, en plus ! Je vous en dis deux mots :
Nous sommes le 4 août 1892, à Fall River (Massachusetts) au 92 Second Street. En cette fin de matinée, il fait une chaleur étouffante. Dans la famille Borden, tout le monde est malade et passe son temps à vomir … Enfin, quand je dis tout le monde, ce n'est pas tout à fait exact : Lizzie (la fille), 32 ans, semble avoir échappé à l'intoxication alimentaire ou à… l'empoisonnement…
Le père, Andrew Borden, est rentré du travail plus tôt tellement il se sentait mal, la belle-mère Abby se plaint de maux de ventre et la bonne Bridget a du mal à accomplir le travail harassant qu'on lui a demandé : laver les vitres.
Seule, Lizzie traînasse d'une pièce à l'autre, désoeuvrée, cueille une poire dans le jardin, la mange et poursuit son errance... Elle en veut à son aînée, Emma, d'être partie chez son amie Helen à Fairhaven. Lizzie trouve le temps long. Heureusement John, son oncle, a rendu visite à la famille et introduit un peu de mouvement dans cette maison où chacun semble dans un sale état. La journée avance lentement. L'air est irrespirable. Le silence est tel qu'on entendrait une mouche voler. Lizzie entre soudain dans la pièce où se repose son père. C'est le choc. Elle découvre horrifiée un cadavre atrocement mutilé. Le crâne a été fendu par plusieurs coups de hache, la pièce baigne dans le sang. Lizzie hurle : « Quelqu'un est entré et l'a découpé ». La bonne accourt, crie, fonce chercher le docteur Bowen puis arrivent Mme Churchill, la voisine et la police.
Tous demeurent incrédules : qui a pu commettre un crime d'une telle violence à Fall River ? Peu de temps après, montant chercher un drap pour envelopper le corps d'Andrew Borden, les voisines découvrent un deuxième cadavre : celui de la belle-mère qui a été assassinée elle aussi !
Panique à bord !
La maison était fermée à clef. Ni Lizzie ni Bridget n'ont entendu le moindre bruit. Ni l'une ni l'autre n'ont la moindre tache de sang sur leurs vêtements…
Je ne peux m'empêcher de penser au crime dont parle Philippe Jaenada dans La Serpe : père, tante et bonne assassinés, portes du château verrouillées de l'intérieur, aucune tache de sang sur les vêtements du suspect, Henri Girard…Et le mystère demeure...
Je suis allée fouiller sur Internet : les faits décrits dans Les sœurs de Fall River, dans l'ensemble, sont exacts (à un élément près que je tais pour des raisons de suspense), Sarah Schmidt livre d'ailleurs au lecteur une chronologie très précise à la fin du roman.
Ce qui fait, à mon avis, l'intérêt de ce texte, outre l'évocation de cette histoire absolument incroyable qui est devenue un mythe et a donné lieu aux États-Unis à un nombre incroyable de romans, BD, films, pièces de théâtre, musiques, ballets….. , c'est cette atmosphère étouffante, voire parfois franchement écoeurante, qu'a réussi à créer l'auteur (âmes sensibles s'abstenir) : on sent un terrible malaise et l'on a l'impression que les liens entre les personnages, s'ils contiennent de l'amour, sont loin d'être dépourvus de haine, ce qui laisse supposer que chacun d'entre eux aurait très bien pu commettre un tel crime.
En effet, dans ce roman choral, les personnages prennent la parole tour à tour, exprimant leur point de vue sur les autres membres de la famille, les événements.
Le portrait de Lizzie, femme-enfant assez fantasque, sensible, un peu folle, est particulièrement fascinant : qui est-elle au fond ? est-elle aussi fragile qu'elle en a l'air ? cache-t-elle quelque chose ? C'est vraiment un personnage étrange, difficile à cerner : elle dit une chose, puis son contraire, répond souvent à côté ou en usant de formules assez étranges, rit et pleure presque en même temps, à tel point qu'on se demande quels sont ses sentiments profonds.
De son côté, Bridget, la bonne, rêve de retourner dans son Irlande natale mais sa patronne la retient contre son gré : jusqu'où serait capable d'aller la jeune fille pour se libérer de cette prison qu'est devenue pour elle la maison des Bowen ?
Et Emma, la sœur aînée ? Était-elle vraiment chez son amie, aurait-elle eu le temps de faire un aller-retour ? Comment supporte-elle cette sœur un peu loufoque à laquelle on passe tous les caprices, cette sœur dont elle doit s'occuper et qui l'empêche de vivre sa propre vie ?
Et l'oncle John, pourquoi est-il revenu ? Que cherche-il ? Quelle haine porte-t-il en lui ?
Un monstre se cache-t-il à l'intérieur de l'un de ces personnages? Ou bien, quelqu'un est-il venu de l'extérieur régler ses comptes avec Andrew Borden ?
Plus l'on avance dans l'oeuvre, plus nous sont dévoilés des éléments du passé ou de la personnalité de chacun des protagonistes. Tous semblent avoir leurs secrets, leurs mystères, leur part d'ombre.
On ressort de ce roman avec l'impression d'avoir baigné dans une atmosphère oppressante au possible, à la limite je trouve, parfois, du fantastique : en effet, Lizzie semble percevoir le monde de manière déformée et la maison elle-même, les meubles, la pendule donnent l'impression de participer à ce sentiment d'étouffement, de suffocation. Tout semble collant, sale, poisseux et même, disons-le, puant (ah les odeurs de ragoût de mouton...)
Le lecteur semble lui aussi comme retenu prisonnier dans ce terrible huis clos macabre.
Quelle atmosphère effrayante !
Un thriller psychologique envoûtant...
Une vraie réussite !
LIREAULIT http://lireaulit.blogspot.fr/
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