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Le personnage de l'androgyne trouble et dérange, ceci depuis la plus Haute Antiquité. Ecrivains, poètes, artistes et philosophes ont tous exprimé leur fascination face à cette figure aussi attrayante que déroutante. Et si beaucoup le considérèrent comme une sorte d'anomalie du vivant, de monstre dont la venue pouvait être annonciatrice de calamités, on l'envisageait aussi comme une totalité parfaite, une représentation sublime de la dualité humaine. Et sur ce point, nous savons que le mythe, comme la légende, dépassent l'appréhension simplement réaliste, logique et rationnelle des événements, mais aussi de la morphologie des êtres qui les ont provoqués. Si l'androgyne apparaît au savant comme une figure anatomique, le mystique comme l'artiste le considère d'abord comme une figuration absolue de l'humain, une perfection corporelle. Pour l'un comme pour l'autre, l'androgynie devient alors beaucoup plus qu'une construction corporelle, plus qu'une modeste relique allongée sur une table de dissection. Il est la perception d'une totalité parfaite, corporelle sans doute, mais renvoyant à une totalité plus intime du monde et même du cosmos.
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