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L'histoire de la lecture féminine se reflète dans la peinture et la photographie. Les artistes de toutes les époques ont représenté des femmes en train de lire. Pourtant, il aura fallu des siècles avant qu'il soit accordé aux femmes de lire à leur guise. Ce qui leur incombait d'abord, c'était de broder, de prier, de s'occuper des enfants et de cuisiner. Dès l'instant où elles envisagent la lecture comme une possibilité de troquer l'étroitesse du monde domestique contre l'espace illimité de la pensée, de l'imagination, mais aussi du savoir, les femmes deviennent dangereuses. En lisant, elles s'approprient des connaissances et des expériences auxquelles la société ne les avait pas prédestinées. C'est ce chapitre captivant de l'histoire de la lecture féminine que Laure Adler et Stefan Bollmann explorent, avec un soin particulier du détail. Le fil de l'analyse conduit du Moyen Âge au temps présent, en s'attachant plus spécialement à certaines oeuvres de Rembrandt, Vermeer, mais aussi Manet, Matisse ou Hopper, jusqu'à la fameuse photographie d'Eve Arnold montrant Marilyn Monroe en train de lire Ulysse de James Joyce. De courts textes de commentaire accompagnent ce choix de peintures, de dessins et de photographies.
Laure Adler explique dans sa préface que les femmes ont eu une relation toute privilégiée avec les livres à force de privations et de frustrations et ont vite compris que le livre était source d’émancipation. La lecture a été longtemps considérée comme source d’oisiveté qui est mère de tous les vices disait la morale populaire. Il fut même question d’une loi interdisant l’apprentissage de la lecture aux filles.. Oui, oui.. Le sieur- j’oserais dire triste sire – Sylvain Maréchal, révolutionnaire, sans doute l’un des plus fervents partisans de l’athéisme s’était allié avec Gracchus Babeuf, précurseur du communisme pour ce faire. Il fréquentait un cercle d’auteurs incroyants qui ont développé une philosophie basée sur un socialisme agraire où les biens seraient mis en commun.. (1) Il concocte un texte polémique « Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes » en 1801 (2). Napoléon Bonaparte est déjà Consul depuis 1799. Son projet restera lettres mortes ! Maréchal motive son projet de loi par 113 postulats dont je vous livre les plus croquignolesques ! L’orthographie de l’original a été conservée.
Quel minable ce Sylvain Maréchal que presque tout le monde a oublié.https://www.plkdenoetique.com/2013-07-les-femmes-qui-lisent-sont-dangereuses-de-laure-adler/
Magnifique ouvrage associant tableaux et analyse historique ou sociétale du lien unissant la femme au livre à travers les siècles. Le livre se scinde en deux parties essentielles. L’une regroupe successivement les points de vue de Laure ADLER puis de Stefan BELLMANN, la seconde propose une succession de toiles représentants des femmes (ou jeunes filles) avec des livres. Chaque tableau est exposé dans son entier et accompagné d’une présentation de l’artiste, de l’époque, ainsi qu’une interprétation de l’œuvre.
Les 2 auteurs démontrent par l’image l’existence fort lointaine du livre auprès de la femme. Ils reprécisent le contexte, la place accordée par la société, l’Eglise, les notables aux femmes, aux livres et particulièrement à la lecture par les femmes. Et l’on voit ainsi progressivement évoluer le contenu du livre, le format, le temps disponible, la catégorie sociale de la lectrice. Les auteurs dessinent ainsi un tableau sur l’art particulier de la lecture chez la femme. Laure ADLER dit ainsi « (…) il me semble qu’il y a une manière particulière des femmes d’aimer les livres, de pratiquer l’art de la lecture, d’avoir besoin des livres comme une sève nourricière et même de considérer à certains moments de leur existence que vivre c’est lire. »
Femme, moi-même, je suis très sensible à l’idée que le livre à favoriser l’améliorer de la condition féminine. Comme le dit Stefan BELLMANN « savoir lire favorisa aussi, sur le plan intime et personnel, le développement de modes de comportement d’un genre nouveau, qui n’allaient pas manquer d’éroder, avec le temps, la légitimité de l’autorité établie, tant spirituelle que temporelle. Les femmes qui apprenaient à lire à cette époque étaient effectivement dangereuses. Car non seulement la femme qui lit s’acquiert un espace de liberté auquel elle est la seule à avoir accès, mais elle s’assure aussi du même coup, un sentiment de valorisation qui ne doit rien à personne. En outre, elle se forge sa propre vision du monde, qui ne coïncide pas forcément avec celle qui lui a été transmise par ses origines et par la tradition ».
Je pense ceci dit que ces propos valent pour tout ceux qui se sentent défavorisés, opprimés, mis à l’écart. La lecture offre à tous le moyen de s’évader du monde puis de conquérir le monde.
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