"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les cinquante fusillés du 2 octobre 1943 crurent tous qu'ils allaient être déportés. Leurs lettres sont les dernières écrites avant de quitter le sol de France, dans l'inconnu, pas leurs derniers mots avant d'affronter le peloton d'exécution. Leur destin a basculé le 28 septembre 1943. Ce jour-là, en plein Paris, un groupe des Francs-tireurs et partisans de la Main-d'oeuvre immigrée (FTP-MOI) tue Julius Ritter, organisateur en France des réquisitions du Travail obligatoire. La mort de ce haut dignitaire nazi réactive exceptionnellement en représailles une exécution d'otages, alors que la Politique des otages avait été suspendue en octobre 1942. Comment ces cinquante hommes furent-ils choisis, alors qu'ils ne correspondaient pas tous au profil des communistes et des Juifs, les « Judéo-Bolcheviques », retenus en 1941-1942 pour désigner les otages ? Qui étaient ces « derniers otages », aucune autre exécution n'ayant ensuite été organisée avant les massacres de la fin de l'Occupation ? Quels furent leurs derniers mots inscrits sur les murs de la chapelle du Mont-Valérien ? Eux qui n'eurent sans doute pas le droit d'écrire leur dernière lettre avant de mourir, à moins que ces feuillets fragiles aient été détruits par les services allemands, comme une dernière infamie.
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