"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sur la place San Zanipolo de Venise s'élève la statue équestre de Bartolomeo Colleoni. Du haut de son piédestal, le condottiere s'apprête à foudroyer ses ennemis dans un assaut décisif. Meneur d'hommes, véritable professionnel de la guerre, il est l'un de ces capitaines d'aventure qui ont fait la puissance et la ruine de l'Italie à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance (xiiie-xvie siècle). Objet de mépris, d'envie ou d'admiration, le condottiere est une figure obligée de la Renaissance au même titre que le prince ou l'artiste. En effet, s'il représente le côté sombre, violent et brutal de cette époque, il sait aussi se faire humaniste et mécène dans la compagnie des savants et des artistes. Le capitaine n'ignore pas comment utiliser leur talent au service de sa gloire.
Faiseur d'Histoire, le condottiere est devenu objet d'histoire ; en témoigne une abondante historiographie en italien et en anglais. Il demeure cependant un personnage trop méconnu en France. Certes, quelques figures emblématiques comme celles de Federico da Montefeltro, César Borgia, Francesco Sforza évoquent des images mêlées de luxe, de cruauté et de ruse, mais ces capitaines sont trop souvent assimilés à des princes ordinaires et leur aspect guerrier, oublié, gommé ou lissé. Cette synthèse souhaite combler une lacune, en proposant un double regard, celui de l'historienne de l'art et de l'historien.
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