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À 23 ans, Pic de la Mirandole (1463-94) a quitté le château familial depuis six ans et beaucoup voyagé et étudié à travers l'Europe. Il vit à Florence, fréquentant la fine fleur des humanistes de la cour de Laurent de Médicis. Il veut être reconnu comme le plus grand philosophe de son époque, car il estime avoir résolu les questions les plus difficiles de la philosophie de tous les temps -notamment l'épineuse affaire de la contradiction entre Aristote et Platon.
Il a résumé ses analyses dans les 900 Conclusions qu'il s'apprête à publier à Rome. Le livre est rédigé dans le style que l'on nomme « parisien », doté d'une implacable précision autant que dépourvu de poésie. C'est un latin érudit et émaillé de formules en grec et en hébreu.
Il veut pouvoir affronter tous les contradicteurs possibles dans un débat qu'il désire organiser à Rome en 1487. Pour en assurer la plus large diffusion, il fait placarder l'annonce de la dispute en divers lieux publics.
Mais ses ennemis s'organisent et circonviennent le pape Innocent VIII, si bien que le souverain pontife fait interdire le débat sine die, jusqu'à ce qu'une commission ad hoc se prononce sur l'orthodoxie des Conclusions. La commission se réunit en mars, mais Pic refuse de se rendre aux convocations. Après des débats orageux, la commission condamne 13 conclusions pour des motifs allant de la simple « offense aux oreilles pieuses » à l'hérésie caractérisée. Pic rédige alors une Apologie réfutant toutes les accusations dont il est l'objet, ce qui exaspère le pape.
Le 31 juillet, Pic se résout à signer un acte de soumission par lequel il s'engage « à ne plus défendre ces doctrines, parce que Sa Sainteté et ses représentants jugent qu'elles ne peuvent pas l'être. » Le 4 août, une bulle papale condamne la totalité des 900 Conclusions et ordonne, sous peine d'excommunication, que tous ses exemplaires soient détruits par le feu.
La bulle n'est finalement promulguée qu'en décembre, assortie d'un mandat d'arrêt contre le récalcitrant. Pic s'enfuit en France, où il espère se mettre sous la protection de Charles VIII. Il est arrêté à Lyon puis emprisonné à la prison de Vincennes, d'où il sortira grâce à l'entremise de Laurent de Médicis. Il passera les dernières années de sa vie à Florence, retiré du monde, à étudier la Kabbale juive et ses interprétations néoplatoniciennes. Il exercera une influence considérable sur la formation du courant de la «Kabbale chrétienne» qu'illustreront Reuchlin, Trithème, Galatinus ou Agrippa de Nettesheim.
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