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Ce livre traite des premières années de la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), que l'on appelle communément la Banque mondiale1, c'est-à-dire lorsqu'elle eut, pour la première fois, à aborder le problème du développement, qui est maintenant au coeur de sa mission.
Ce livre met l'accent sur la façon dont la Banque a conçu sa mission et, plus particulièrement, sur la façon dont elle s'est forgée une identité : les événements qui ont été déterminants à cet égard, la culture d'entreprise et l'idéologie qu'elle a véhiculée et son contexte historique. Aujourd'hui, la Banque mondiale a une conception globale du développement. Il peut être très éclairant d'étudier comment cette conception s'est élaborée, à une époque où l'on croyait encore que la croissance économique était non seulement une condition nécessaire, mais également suffisante du développement d'un pays.
Cela nous aide à comprendre pourquoi cette conception a fait long feu. Certes, comme Paul Streeten nous le rappelle à juste titre, même dans les années 50, « des économistes et des planificateurs, savaient pertinemment (en dépit de la présentation caricaturale que l'on fait souvent maintenant) que la croissance n'est pas une fin en soi mais un test du succès du développement » (Streeten et autres. 1981, p.
9). Le fait qu'ils en fussent conscients n'a cependant pas eu d'incidence sur la politique de développement ou amené une extension du changement social et culturel inhérent au processus de développement. Ce livre, donc, apporte sa pierre à l'édifice de l'étude de la « préhistoire » du développement à la fois dans sa dimension sociale et culturelle. A cet égard, l'étude des premières années de la Banque mondiale fournit un excellent terrain d'observation pour trois raisons.
En premier lieu, au cours de son histoire il y a eu une délimitation nette entre la phase de la « croissance »économique et la phase des « objectifs sociaux ». En second lieu, on perçoit déjà, pendant ses premières années d'existence, des voix discordantes. Finalement, il se produisit un brusque changement dans le mandat de l'institution : après avoir soutenu la reconstruction de l'Europe d'après-guerre, elle apportait de l'aide aux pays en développement.
La transition d'une phase à l'autre a été formatrice et a permis à l'institution de se redéfinir. C'est donc un terrain très fertile pour explorer les signes de conflit entre différentes conceptions du développement. Mon but est d'aider à comprendre comment la Banque a opéré ses choix de politique économique pour les pays émergents lorsque la question du développement figura pour la première fois à son ordre du jour et, en analysant les débats qui ont éclaté au sein de l'institution, de mieux comprendre son action dans le contexte nouveau de la science naissante de l'économie du développement.
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