"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après Sarkozy et Hollande, ils ont enquêté sur Emmanuel Macron. Plus de cent dix témoins de premier plan parlent, à visage découvert, crûment.
Ils confient aussi leurs documents.
Les auteurs racontent le pouvoir solitaire d'un homme suprêmement habile, éperdu de lui-même. Ils révèlent les dessous de la conquête de l'Élysée, puis l'exercice de la toute-puissance, et la vaine quête d'une idéologie.
La trahison a enfanté le néant.
Une lecture qui ne me réconcilie pas avec tous ces hommes politiques dénués d'idéologie mais pétris d'ambition, d'arrogance et de mépris.
On découvre au fil de cette enquête un personnage qui doit chanter sous la douche la chanson Confidence Pour Confidence par Jean Schultheis
"Je me fous, fous de vous, vous m'aimez
Mais pas moi, moi je vous voulais mais
Confidence pour confidence
C'est moi que j'aime à travers vous."
L’homme pressé
Les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme (qui n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils ont déjà écrit sur Nicolas Sarkozy et François Hollande) ont mené une enquête sur le président de la République.
En obtenant différents témoignages (essentiellement d’anciens du gouvernement sous la présidence Hollande qui l’ont côtoyé durant presque 5 ans, quelques figures du PS et quelques déçus du macronisme puisque les membres du gouvernement actuel et ceux de LREM n’ont pas souhaité répondre aux demandes d’entretien des journalistes) Gérard Davet et Fabrice Lhomme livrent une enquête plutôt à charge, il faut bien le reconnaître, (mais le titre de l’ouvrage ne laissait que peu de doute sur ce point) mais une enquête très bien menée et finalement très intéressante pour cerner la personnalité d’Emmanuel Macron.
Comment cet homme (certes brillant, mais jamais élu) est-il parvenu à la plus haute fonction tout en dynamitant le paysage politique ? En 2017, il revendiquait d’être ni de droite ni de gauche et c’est bien sur cette présentation séduisante qu’il a rallié nombre d’électeurs tant de droite que de gauche.
Les auteurs remontent aux « origines » expliquant comment le futur président est arrivé en politique (via la commission Attali) et sa trajectoire pour le moins rapide voire expéditive (conseiller du futur président Hollande, puis secrétaire général adjoint de son cabinet, et enfin ministre de l’Economie de 2014 à 2016). Ils expliquent comment dès 2014 Emmanuel Macron prépare sa future candidature : jusqu’au dernier moment il dissimulera ses véritables intentions au Président Hollande (qui a fait preuve d’un aveuglement incroyable !) pour finir par le trahir (mais en politique il n’est ni le premier ni le dernier à avoir « trahi » !). Voilà pour le traitre !
Quant au néant, c’est la conclusion du livre : d’une part les auteurs constatent qu’après Emmanuel Macron, le macronisme disparaîtra, aussi vite qu’il est soudainement apparu (pas de vrai parti politique ancré dans les communes - 2,2% aux élections municipales – ou dans les régions – un peu plus de 7% pour LREM en 2021 - et pas d’idéologie) et d’autre part, en examinant les cinq années passées ils concluent que la révolution promise par le candidat Macron est restée lettre morte…
Comme toutes les enquêtes, ce livre est malgré tout assez inégal. Certains passages sont un peu « barbants » -à mes yeux- mais d’autres sont édifiants (sur la gestion de la crise sanitaire par exemple) ou presque incroyables (sur la nomination d’Eric Dupond-Moretti comme Garde des Sceaux)…
A quelques semaines des prochaines élections présidentielles, une lecture d’actualité.
Après un double échec au concours d’entrée à Normale Sup, le jeune Emmanuel Macron réussit celui de l’ENA. Déjà, il commence à s’y constituer un réseau. Puis très vite le voilà à l’Inspection générale des finances et bientôt secrétaire à la commission pour la libération de la croissance économique française présidée par Jacques Attali, l’homme qui murmure à l’oreille de tous les présidents depuis Mitterrand, le faiseur de roi, l’éminence grise de la république qui le présente à Hollande juste avant que celui-ci ne devienne président. Il en fera un secrétaire général de la présidence, puis son ministre de l’économie et des finances. Il s’apercevra trop tard que Macron joue double jeu, le ringardise, le pousse vers la sortie et qu’il monte son propre mouvement « En Marche ». Finalement, en mai 2017, Macron réussit « le hold-up politique du siècle ». Jamais élu, sans véritable parti, mais avec l’énorme soutien des médias et de quelques milliardaires, il parvient à s’emparer du fauteuil de celui qu’il a trahi.
« Le traitre et le néant », nouvel opus du duo d’enquêteurs du « Monde », se présente comme un très long article de journal plus attaché à décrire la personnalité ambivalente de l’actuel chef de l’État que de vraiment pousser loin l’investigation. Les deux auteurs ont essuyé une longue suite de refus de participation à cet ouvrage. La liste de ceux-ci tient d’ailleurs sur plusieurs pages en fin de volume. Ni l’intéressé, ni sa femme, ni ses principaux ministres n’ont accepté de les rencontrer. Ils ont donc dû se contenter des échos de seconds couteaux et autres personnages du cercle dont une bonne majorité reste d’une discrétion de violette et d’une prudence pas trop étonnante quand on sait combien Macron est craint. Ces témoignages distillés un à un, sans véritable souci de chronologie ni de cohérence, nous brossent un portrait psychologique assez précis du personnage : prétentieux, arrogant, intrigant, populiste mais libéral, fluctuant, opportuniste, cynique, pragmatique, sans convictions, mais supérieurement intelligent et disposant d’un charme indéniable. Ces potins de cour, ce « verbatim », ne nous apprennent finalement pas grand-chose sur le fond. On aurait aimé en savoir plus sur les financements de sa campagne, sur ces milliardaires qui, ayant payé l'orchestre, ont pu choisir les morceaux joués. La manière dont sont traités la plupart des sujets (vente à la découpe du pays avec Alstom, Alcatel, Technip, Lafarge, Safran Identity, les chantiers de l’Atlantique et l’aéroport de Toulouse-Blagnac, CSG, retraites, révolte des Gilets Jaunes, crise sanitaire) est tout à fait décevante. Les auteurs s’en tiennent au narratif officiel dont tout le monde découvre peu à peu combien il était mensonger. Les rares mesures utiles sont toutes à mettre au crédit du président, les erreurs à la charge de ses subordonnées. Au bout du compte, le lecteur finit par avoir l’impression que nos deux pseudo-enquêteurs cherchent à innocenter un personnage qui n’aime ni la France ni les Français tout en lui concédant une personnalité assez détestable, mais sans vraiment désapprouver son exercice solitaire du pouvoir pour ne pas dire plus.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !