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Sans-culottes assoiffés de sang, jacobins sans foi ni loi, scènes de violences paroxystiques : dès 1789, en Grande-Bretagne, les événements révolutionnaires fascinent. Cet attrait, qui se transforme pour la plupart des Anglais en une répulsion déterminée, va se traduire par des débats aussi bien politiques que philosophiques autour des idéaux révolutionnaires. Mais, l'influence de la Révolution française outre-manche ne s'est pas arrêtée à ces controverses idéologiques. 1789 a véritablement transcendé l'ensemble de la société britannique, l'obligeant à se positionner, de manière radicale et identitaire, vis-à-vis d'un concurrent et puissant voisin qu'elle avait appris, depuis un siècle, à admirer autant qu'à détester.
Qu’est-ce qu’on n’a pas écrit, pas dit, sur la révolution française ! Et ce depuis sa création. Bonne ou mauvaise révolution, régicide, déiste, athée, « terroriste », bourgeoise, sanguinaire, populiste, etc. il faut bien dire qu’elle a été abordée sous toutes les coutures. Mais qu’en sait-on exactement de la manière dont-elle a été vécue et pensée de l’autre côté de la Manche ? Souvent pas grand-chose, tout comme du côté français au demeurant. Heureusement pour les incultes que nous sommes et de manière très facilement abordable, bien qu’inégale par instant, deux auteurs Harry T. Dickinson et Pascal Dupuy vont réparer cette erreur, en découpant par chapitre thématique – en allant même jusqu’aux colonies – l’approche révolutionnaire en Grande-Bretagne.
Après un chapitre consacré à une belle introduction sur la Grande-Bretagne qui replace dans le contexte de l’époque : la politique, l’économie, la population, les mentalités... Les auteurs rentrent dans le vif du sujet en commençant par mettre en avant les personnalités des groupes politiques réformistes-radicaux et conservateurs, qui s’opposent tant dans les journaux que dans les lieux du pouvoir. Nous allons découvrir ainsi les fortes personnalités de l’époque comme le conservateur William PITT Premier Ministre du Roi Georges III.
Cette approche biographique des personnalités, dont le livre ne manque pas, va de fil en aiguille permettre d’aborder les sensibilités, les tensions, les visions, les idées, les utopies politiques qui existent dans le pays, ainsi que ses inégalités politiques ou sociales. On découvrira ainsi : ceux qui voudraient réformer la monarchie constitutionnelle, ceux qui pensent qu’elle est le gouvernement par excellence, ceux qui soutiennent la France, ceux qui s’en détachent, ceux qui s’en méfient, etc. etc. (Faire le tour des idées serait trop long.)
Toutefois on peut en sortir deux grands courants : les réformistes radicaux qui veulent faire évoluer le gouvernement ou sa politique comme la carte des électeurs – et ils seront très mal vue lors de la révolution française –, et les conservateurs qui veulent garder leur modèle, assurant selon-eux la stabilité, la paix, la liberté ; notamment parce que les aristocrates qui sont cultivés et qui ont le temps de s’occuper du pays, sont bien meilleurs que les pauvres incultes trop préoccupés à gagner leur vie pour s’investir dans les affaires du pays.
Bref, comme on le voit, cette approche des hommes permet de voir le bouillonnement d’idée sur le gouvernement idéal mais aussi de voir leurs "craintes". Cela permet aussi d'aborder leur tribune d'expression que sont les journaux, si important pour rallier à soi l'opinion publique.
Passer les hommes et les idées, très vite nos deux historiens vont nous montrer que la révolution française a dépassé le stade des idées et des débats pour obliger à des actions, ceci afin de s’adapter à ce voisin remuant qui a mis en danger le système politique ou encore commercial anglais. Comme l'indique par exemple les déstabilisations politiques qui se sont répandues partout en Grande-Bretagne mais aussi dans les colonies. Poussant par conséquent, le gouvernement anglais à revoir certaines règles ou à engager des conflits armés, notamment à cause des révoltes qui peuvent voir le jour en territoire sous domination anglaise, ou encore à cause des plans de conquête française comme l’Egypte par Bonaparte.
Enfin pour finir, les auteurs vont aborder la construction culturelle en Angleterre de cette révolution. Construction culturelle qui perdure encore aujourd’hui et donne à ce livre le sens de son titre. En effet, à travers l’approche des journaux, des caricatures et de la littérature anglaise comme celle de Jane Austen, Charles Dickens avec Un conte de deux villes, Mary Shelley avec Frankenstein – on adhère ou pas à la thèse du roman Frankenstein –, puis de films ou de représentations théâtrales qui reprennent notamment le titre de Dickens ou encore Le Mouron rouge de la baronne Orczy, nos deux historiens vont nous faire découvrir comment les représentations fausses ou exagérées de la période révolutionnaire, ont façonné un public anglais peu soucieux de s’informer correctement sur le sujet. C’est ainsi qu'on apprendra que la guillotine est devenue la représentation anglaise par excellence de la révolution française, comme l’indique au demeurant l’exposition du bicentenaire du British Muséum : The Shadow of Guillotine (L’ombre de la guillotine).
« Pour la plupart d’entre-deux, 1789 et ses suites se résument avant tout aux effets de violence populaire, aux tribunaux révolutionnaires et à l’utilisation massive de la guillotine contre les victimes toujours innocentes. Si les caricaturistes britanniques ont su créer une image distordue du bouleversement politique français des années 1790, ces œuvres cinématographiques ou télévisuelles ont contribué à renforcer, un peu plus tard, le caractère et la portée contre-révolutionnaire de cette vision péjorative de l’évènement. » Page 393.
Enfin, pour clore le sujet culturel qui va avec cette représentation de la révolution française en France et à l’étranger surtout, les auteurs vont bien évidemment retracer l’historiographie autour de cet évènement. Donnant ainsi à voir les débats, les représentations, les ouvertures, les nouveaux problèmes, qu’il y a autour du sujet depuis que l’histoire existe en tant que science.
En conclusion, c’était une lecture très intéressante, même si ça reste une lecture inégale pour moi, étant donné que certaines parties m’ont intéressée plus que d’autres. J’avoue que la partie coloniale m’est passée un peu au-dessus de la tête. Néanmoins, c’est un livre à lire car il ouvre la révolution française sur d’autres perspectives, tout en mettant bien les combats idéologiques, les différences, les représentations de chacun en avant.
vant toute chose, je tiens à remercier les éditions Vendémiaire ainsi que Babelio pour m'avoir permis de découvrir "Le temps des cannibales."
Lors du dernier Masse Critique, j'ai été attiré par le titre de ce livre, persuadé pendant un quart de second que les auteurs allaient évoquer, au sens premier du terme, les cas de cannibalisme survenus durant la Révolution française. Après avoir lu le résumé, j'ai rapidement compris mon erreur et surtout que le mot "cannibale" était à prendre au sens figuré, qu'il était question ici de la répercussion des événements français de la fin du 18e siècle sur les îles britanniques.
Lorsqu'on évoque la Révolution française, notre chauvinisme naturel se réveille, se gonfle d'orgueil. Après tout, nous sommes le pays des droits de l'homme, des Lumières. Nous avons tendance à oublier que les événements survenus s'inscrivent dans une succession d'autres événements liés entre eux, le tout formant un tout vaguement cohérent, bref tout cela fomentant l'histoire de notre pays.
En allant voir de l'autre côté de la Manche ce qui a résulté de notre Révolution, nous découvrons bien plus qu'une dichotomie entre loyalistes et radicaux. le but de l'ouvrage est de voir si les idéaux français ont pris du côté britannique et dans quelle mesure. Sur la base d'un segment de temps que l'on pourrait grossièrement délimiter de 1789 à 1802 - avec quelques excursions ponctuelles avant et après-, les auteurs analysent avec force détails le rôle de la presse, de l'art, nous présente les principaux protagonistes d'un camp comme de l'autre, les moyens de pression exercés par les uns sur les autres. La situation étant complexe à souhait, les auteurs intègrent une dimension géographique dans leur étude, déplaçant la question dans le microcosme écossais puis irlandais. Sans oublier bien entendu les événements historiques survenus durant cette période à commencer par les guerres coloniales, la montée du catholicisme en Irlande ou la rivalité Nelson/Napoléon.
"Le temps des cannibales" est un livre d'histoire assez pointu, aussi pointu que peut l'être son sujet. Pourtant, les auteurs, malgré les recherches conséquentes qu'ils ont pu faire, s'attachent à garder un propos accessible pour le profane. Heureusement, car le livre tutoie les quatre-cents pages et si l'intérêt du lecteur demeure d'un bout à l'autre, j'ai tout de même eu une impression, intermittente, de "variations sur le même thème". Au tableau des "pros & cons, il faut toutefois mettre au crédit de ce livre qu'il dépasse largement le cadre de son sujet. Il nous donne de la matière pour mieux comprendre l'histoire du Royaume-Uni, son attachement à la couronne et, plus proche de nous, le Brexit.
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