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Les saint-simoniens sont sans contexte à l'origine d'une des plus foisonnantes et productives
utopies sociales et politiques françaises. Après des années d'élaboration doctrinale, ils mirent
activement en pratique les éléments de leur programme économique dès 1832 et entrèrent en
politique, devinrent des journalistes influents ou de puissants hommes d'affaires, révolutionnèrent
le système bancaire français et furent les artisans de la construction du réseau ferré et du
creusement du canal de Suez. Leur influence contribua grandement aux profondes mutations
connues par la France entre 1810 et 1870-1880, années pendant lesquelles le pays entra dans l'ère
industrielle.
Père spirituel du saint-simonisme, Claude-Henri de Saint-Simon, lointain cousin du célèbre
mémorialiste du siècle de Louis XIV, aristocrate, hommedu XVIII¬ siècle, a développé une
philosophie nouvelle, réformiste, conspuant l'oisiveté propre à sa classe et appelant un
développement de la production industrielle mené par les plus capables de ses contemporains. Ses
idées, hostiles aux privilèges de la naissance, lui valurent, en 1825, de finir sa vie dans le plus
grand dénuement mais entouré de quelques disciples dont l'ardeur allait fonder le saint-simonisme
à proprement parler : parmi eux, Saint-
Amand Bazard, Olinde Rodrigues et Prosper Enfantin, sans conteste le personnage le plus
charismatique du mouvement.
Le prosélytisme des élèves de Saint-Simon fit des émules dès 1827 et le mouvement connut de
1828 à 1832 une période de militantisme intense et foisonnant. Rapidement organisés en école, les
saint-simoniens développèrent l'idée de Saint-Simon selon laquelle la destination de l'espèce
humaine est de travailler dans l'épanouissement des capacités individuelles : «Àchacun selon ses
capacités, à chaque capacité selon ses oeuvres. »
Leur projet comprend un volet social, un volet politique et un volet économique, le tout nimbé
d'une ardente spiritualité. Le charisme sulfureux d'Enfantin, devenu «Père suprême» de la religion
saint-simonienne, les notions de « famille » et d'« apostolat », la stricte organisation hiérarchique,
la ferveur des prédications et le port d'un costume distinctif frappèrent les contemporains et
dessinent encore aujourd'hui les contours de la représentation la plus connue des « apôtres ».
L'ouvrage, sous la direction de Nathalie Coilly et de Philippe Régnier, commissaires de l'exposition,
s'ouvre sur un arbre de type généalogique des héritiers de Saint-Simon éclairant les grandes
figures du mouvement, qui se distinguèrent de la monarchie de Juillet au Second Empire. Les
essais rédigés par de nombreux historiens et spécialistes français et étrangers comportent pour la
plupart des éléments inédits ou peu connus et pour la première fois illustrés par les documents de
l'exposition.
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