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Le Polonais

Couverture du livre « Le Polonais » de John Maxwell Coetzee aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021526912
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Lorsqu'un pianiste polonais de soixante-douze ans, interprète renommé de Chopin, s'éprend à Barcelone d'une femme de vingt ans sa cadette, celle-ci est d'abord peu impressionnée. Il lui écrit, l'invite à voyager, lui rend visite à Majorque. Elle se laisse courtiser. En dépit de la barrière de la... Voir plus

Lorsqu'un pianiste polonais de soixante-douze ans, interprète renommé de Chopin, s'éprend à Barcelone d'une femme de vingt ans sa cadette, celle-ci est d'abord peu impressionnée. Il lui écrit, l'invite à voyager, lui rend visite à Majorque. Elle se laisse courtiser. En dépit de la barrière de la langue, leur surprenante relation s'épanouit, mais, semble-t-il, aux conditions dictées par Beatriz. Puis vient le temps des dissonances. Est-ce Beatriz qui contrarie leur passion en contrôlant ses émotions ? Ou Witold qui, au moyen de sa correspondance, s'acharne à donner vie à son rêve ?

Avec une délicatesse teintée d'humour, J. M. Coetzee interroge nos présupposés sur l'amour et la complexité des relations humaines. Une oeuvre envoûtante, qui réinvente la passion de Dante pour sa Béatrice et rappelle qu'une rencontre - si tardive ou improbable soit-elle - peut être bouleversante.

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Avis (2)

  • « Il n'applique jamais la même recette à deux ouvrages, ce qui contribue à la grande variété de son œuvre. » Ainsi le jury saluait-il l’écrivain australien originaire d’Afrique du Sud en lui remettant en 2003 le prix Nobel de littérature. A quatre-vingt-trois ans, J.M. Coetzee continue de...
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    « Il n'applique jamais la même recette à deux ouvrages, ce qui contribue à la grande variété de son œuvre. » Ainsi le jury saluait-il l’écrivain australien originaire d’Afrique du Sud en lui remettant en 2003 le prix Nobel de littérature. A quatre-vingt-trois ans, J.M. Coetzee continue de surprendre avec un ouvrage énigmatique, où un amour ambivalent semble se faire la métaphore, sous la forme d’un « Je t’aime, moi non plus » ou encore d’un chassé croisé infini et désespéré, de la relation de l’écrivain avec l’inspiration et la littérature.

    Juxtaposition de vignettes numérotées, le texte aussi bref que son écriture est sèche déroule dans une froideur ironique la relation amoureuse, pas si à sens unique que cela, qui se noue entre le polonais Witold, pianiste concertiste septuagénaire, et Beatriz, une femme mariée de la bourgeoisie barcelonaise, de vingt ans sa cadette, organisatrice de concerts. C’est à travers ses yeux à elle que l’on perçoit leur histoire.

    Rebutée par l’interprétation inhabituellement peu romantique de la musique de Chopin par Witold, plus encore tenue à distance par leur absence de langue commune, elle n’est déjà que hauteur et ennui lorsque cet homme en âge d’être son père lui déclare sa flamme, la comparant à une autre Béatrice, celle qui fut la muse de Dante. Partagée entre pitié et répulsion, mais au fond flattée et intriguée, elle se montre tentée par un début d’idylle mais, ne mâchant pas ses mots, finit par se persuader de son indifférence. Il lui léguera des poèmes en polonais qui, une fois traduits, continueront à la hanter de leur sens à jamais mystérieux, scellant l’incommunicabilité entre ces deux êtres en même temps que leur impalpable mais bien réel attachement.

    A première vue déconcertante de banalité malgré la dissection sèche, presque méchante, d’une relation beaucoup plus ambivalente qu’elle n’y paraît, la narration prend tout son sens lorsque, conscient de la prédilection de l’auteur pour l’ambiguïté et les allégories cachées derrière le réalisme de ses textes, l’on se prend à aligner les indices à la recherche d’un autre sens. De la musique de Chopin à celle des mots, et du vieil interprète à qui échappe le sens des notes, la langue des autres et les caprices de sa muse à l’écrivain âgé s’interrogeant sur ce que la postérité retiendra du sens de son œuvre, ce sont les doutes et le combat de l’homme de lettres à trouver les mots justes, à peine entrevus déjà enfuis, à peine exprimés déjà mal compris, qui semblent s’exprimer ici à propos d’un art littéraire insaisissable par essence.

    Un coup de maître que ce livre impossible à écrire plus à l’os et qui pourtant semble recéler un double fond, si ce n’est celui d’une sorte de testament littéraire, à tout le moins celle de l’ironie lucide et un peu triste d’un écrivain se retournant sur toute une vie à tenter de saisir l’insaisissable au bout de sa plume.

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  • Quelle est l’exacte perception d’une relation entre un homme et une femme ? De quelle nature sont les obstacles, embûches diverses, degré d’avancement dans l’existence, qui contrarient durablement l’éclosion et l’accomplissement de ce type d’événement dans une vie ?
    J.M. Coetzee dans ce roman...
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    Quelle est l’exacte perception d’une relation entre un homme et une femme ? De quelle nature sont les obstacles, embûches diverses, degré d’avancement dans l’existence, qui contrarient durablement l’éclosion et l’accomplissement de ce type d’événement dans une vie ?
    J.M. Coetzee dans ce roman « Le Polonais », tente de répondre à ces interrogations quasi-éternelles, qui marquent des œuvres littéraires articulées autour de ces thématiques familières aux lecteurs et aux critiques littéraires.
    Un pianiste polonais, âgé de soixante-douze ans, interprète reconnu et renommé de Frédéric Chopin, s’éprend, du moins le croit-il, de Beatriz, organisatrice d’un concert donné à Barcelone pour le compte d’une association culturelle locale. L’auteur du récit prend quelques précautions dès le départ pour fixer le décor affectif et culturel entre ces deux personnes : il est Polonais, d’une autre génération, d’un univers ayant connu plusieurs dictatures ; elle est catalane, appartient à ce titre à l’Europe du Sud. Ces deux appartenances, même si elles ressortissent à la culture européenne, sont très éloignées, ne font pas appel à des références communes.
    Dans la description des correspondances que les deux personnages, Witold et Beatriz, sont amenés à échanger, c’est la question même de l’existence possible et confirmée d’un lien qui se pose, à propos de la possibilité de leur relation : « Entre un homme et une femme, entre les deux pôles, soit il y a une étincelle, soit il n’y en a pas. C’est ainsi depuis la nuit des temps. Un homme et une femme, pas seulement un homme, une femme. Sans le et, il n’y a pas de conjonction. Entre elle et le Polonais, il n’y a pas de et. »
    Après une rencontre entre Witold et Beatriz, se pose naturellement la question de savoir quelle tournure va prendre cette relation, quels contenus vont-ils donner à cet événement ? : « La semaine promet d’être longue. Comment vont-ils occuper leur temps ? En excursions ? En conversations idiotes ? Combien de temps vont-ils supporter cette routine avant que l’un d’eux-des personnes polies, civilisées, normales- ne finisse par craquer. »
    Coetzee réussit très bien à évoquer, à travers ces relations épistolaires et réelles de ce couple, dont la durabilité est inenvisageable, tous les prismes, préjugés, filtres, dont usent un homme et une femme pour comprendre leur relation, l’analyser, lui donner sens : « Est-elle trop dure pour lui ? Si elle ne l’aime pas, quel est le sentiment qu’elle éprouve pour lui, le sentiment qui l’a entraînée dans cette voie douteuse ? »
    Ces interrogations sont éternelles, omniprésentes dans nos existences. Ce roman est donc susceptible d’intéresser un nombre considérable de lectrices et de lecteurs. À découvrir.

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