Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Le cheval en France au Moyen Age ; sa place dans le monde médiéval ; sa médecine ; l'exemple d'un traité du XIVe siècle, la Cirurgie des chevaux

Couverture du livre « Le cheval en France au Moyen Age ; sa place dans le monde médiéval ; sa médecine ; l'exemple d'un traité du XIVe siècle, la Cirurgie des chevaux » de Brigitte Prevot et Bernard Ribemont aux éditions Paradigme
  • Date de parution :
  • Editeur : Paradigme
  • EAN : 9782868783240
  • Série : (-)
  • Support : Papier
  • Nombre de pages : 522
  • Collection : (-)
  • Genre : Faune
  • Thème : Petits élevages
  • Prix littéraire(s) : (-)
Résumé:

Cet ouvrage, assorti d'abondantes notes, d'illustrations bien choisies, et d'une bibliographie présentée clairement, intéressera tout médiéviste (et tout amoureux du cheval un peu curieux). Il a en effet le grand mérite d'offrir au lecteur une synthèse très documentée et vivante sur la place du... Voir plus

Cet ouvrage, assorti d'abondantes notes, d'illustrations bien choisies, et d'une bibliographie présentée clairement, intéressera tout médiéviste (et tout amoureux du cheval un peu curieux). Il a en effet le grand mérite d'offrir au lecteur une synthèse très documentée et vivante sur la place du cheval dans la société médiévale. Si divers auteurs, par leurs articles ou leurs livres, ont abordé certains de ces aspects - le cheval dans la guerre, l'économie, l'agriculture, la technique, la littérature, etc. - nous ne disposions pas d'une vue d'ensemble présentant un panorama complet sur tous ces sujets. Le cheval est ici abordé, donc, sous divers angles : dans son contexte socio-économique, dans l'écriture, enfin dans la médecine ; dernier point complété par l'édition du traité la Cirurgie des chevaux (avec glossaire), suivie de trois autres textes en annexe. L'introduction présente l'ouvrage en plaçant le cheval dans trois espaces : l'espace social, l'espace littéraire, l'espace du soin. Il ne nous est pas possible, dans le cadre de cette recension, de résumer tout ce qui est développé dans ces pages. Il en ressort quelques points fondamentaux : le cheval est un bien précieux, coûteux, un emblème social, un outil de travail aussi, auquel sont liés guerre, artisanat, commerce, agriculture, etc. Une évolution lente se dessine à partir de l'héritage antique, que ce soit pour les races, l'élevage, le matériel de labour, l'attelage, etc. Les sources documentaires sont souvent peu bavardes ou éparpillées : cartulaires, comptes divers, legs, textes litter aires aussi. On discerne des points forts ou caractéristiques, tels que l'existence d'un commerce de luxe privé, des grandes foires, la prédominance des marchands italiens, la grande estime pour les chevaux espagnols et lombards, l'importance des abbayes dans le commerce et l'élevage, l'existence de haras forestiers, la lente substitution du cheval au boeuf... De nombreux phénomènes existent dès le haut moyen âge ou aux xie-xiie s. Le xiiie s. est un siècle-charnière, où se dessine une politique du cheval. Donnons quelques exemples : Charlemagne dans le De villis se préoccupe de recréer un cheptel de qualité (la situation étant catastrophique et les Francs utilisant les chevaux au combat) ; le ixe s. voit l'introduction de la ferrure à clous ; l'élevage existe au monastère de Berdoues (Gers) avant 1150 ; le mot haracium apparaît en Normandie au xiie s. ; à cette même époque existe à Troyes un cursus equorum, emplacement réservé pour le commerce équin. À partir de la fin du xine s. apparaissent écuries et haras royaux. Le cheval de guerre doit être grand et fort : on a introduit après le vine des races orientales plus grandes (chevaux perses, chinois, de Bactriane). L'histoire du harnachement est lié lui aussi à l'évolution de l'art militaire. Son prix ajoute au coût de l'entretien du cheval ; il est pris en compte dans la littérature. Les diverses pièces : selle, étriers, mors, éperons (longs et souvent blessant l'animal, mais semblant réservés à l'usage guerrier), fers, protections de fer pour les combats, sont évoquées et décrites avec l'appui des textes littéraires qui donnent une idée de la variété et de la richesse de certains équipements (cf. par ex. p. 140 et 141, où est décrite une selle de dame, celle d'Enide). Le vocabulaire reflète la diversité sociale et celle de l'usage, « l'importance des équidés et leur fonction identificatrice». Le terme cavallus apparaît au vie s. dans le sens de «cheval de selle». On distingue le destrier (destrarius, qui n'apparaît qu'au début du xiie s.), cheval de combat ; le palefroi, cheval de voyage ; le coursier, cheval rapide de qualité ; le roncin, cheval de selle médiocre ; le sommier, cheval de bât en général. Le terme «auferrant» de l'arabe «al faras» (cheval) est presque exclusivement réservé à la chanson de geste (fin xiie-déb. xine s.). La jument est avant tout bête de somme et monture dégradante. Le poulain peut être un petit cheval de basse condition ; la haquenée (de Hackney, village anglais où l'on élevait des chevaux réputés) est un cheval de marche pour femme ou clerc. Le « chaceor » rapide et robuste, est attribué au veneur de façon privilégiée. Dans l'iconographie l'attitude du cheval est signifiante : cheval au galop pour le guerrier, cheval au pas, courtois, pour la dame. Le cheval identifie le personnage et dans la littérature donne des points de repère à l'intérieur du récit. Le cheval du héros doit souvent son nom, entre autres origines, à la couleur de sa robe. Le cheval littéraire est un cheval idéal, qui rarement mange, boit, etc. C'est un cheval emblème, un cheval valeur, un cheval souvent peu réel. Les couleurs de sa robe sont elles aussi plus symboliques que tirées de la réalité : le cheval blanc a une valeur positive. Le mélange fantaisiste de couleurs n'est pas un obstacle : ainsi lit-on dans le Roman de Troie : « Ne neif ne cignes n'est si blans / Corne ils aveient toz les flans / Fer- ranz e bais e pomelez / Orent cous, cropes et cos- tez» ; le cheval de Camille de l'Eneas est blanc, noir, rouge, violet à reflets verts, fauve, avec quatre balsanes. Le cheval littéraire est aussi parfois un cheval fantastique, pouvant porter quatre ou sept chevaliers. Ainsi le cheval «faé» est un animal ayant des caractéristiques hors du commun, faisant plus que le cheval réel, possédant une robe aux couleurs multiples, rares. Derrière les descriptions littéraires se devine un substrat à caractère savant. Le moyen âge est héritier d'une tradition encyclopédique antique (Pline, Aulu-Gelle, Solin, etc.), puis d'une tradition patris- tique, les Etymologies d'Isidore de séville étant très souvent citées. Dans la seconde moitié du xiie s. se fait la découverte d'Euclide, Ptolémée, l'aristoté- lisme étant souvent teinté de néoplatonisme, ceci se produisant à travers Avicenne, Ibn Gabirol et Averroès. Le cheval, quasiment absent des bestiaires, apparaît dans la seule tradition encyclopédique. Raban Maur, successeur d'Isidore, moralise le savoir isidorien, et extrait de la Bible les citations où figurent des chevaux. À la fin du xne s., Alexandre Neckam (De naturis rerum), fait des remarques nouvelles à partir d'Isidore, Virgile, Aristote, écrivant sous un angle anecdotique et un angle moralisateur. Les encyclopédistes du xine s. dont les sources sont communes, ont toutefois un regard différencié ; mais les rubriques traitées sont en général de quatre ordres : moeurs, caractère, comportement ; description, anatomie, âge ; mode de reproduction ; matière médicale. Il apparaît en tout cas que le cheval «didactique» est plus littéraire que réel, à part quelques exceptions. On notera, pour ce qui est de la médecine, Vincent de Beauvais (à partir des sources les plus courantes), et surtout Albert le Grand, source essentielle pour la Cirurgie des chevaux.

Donner votre avis