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La restriction de leurs droits a longtemps maintenu les femmes dans un statut d'infériorité qui n'a significativement évolué qu'à partir des années 1960-1970.
Cette libération tardive incite à s'interroger sur la façon dont les générations successives de femmes ont pu considérer leur place dans la société, les relations entre les sexes et exprimer leurs aspirations. La presse destinée au lectorat féminin constitue à cet égard une source précieuse. Héritière d'une tradition datant du XVIIIe siècle, produit commercial vivant de la publicité, cette presse spécifique a toujours obtenu un vif succès, d'où son importance, compte tenu du rôle qu'elle s'attribue et qu'elle joue peut-être auprès de ses lectrices.
De manière plus ou moins explicite, elle leur explique le monde environnant et leur conseille les bonnes manières de s'y insérer et de s'y (bien) comporter afin de parvenir à une vie heureuse. Les femmes ne constituent pas une catégorie homogène et leur appartenance au même sexe ne transcende pas mécaniquement leur diversité sociale et culturelle. Existerait-il cependant, à l'aune de la presse, une « vie des femmes » (plus ou moins réelle et plus ou moins rêvée), un « entre soi » que l'on pourrait considérer comme un facteur de construction, parmi d'autres, de l'identité sociale du sexe féminin ? Femmes diligentes, efficientes, séduisantes, aimantes : quels ont été, selon la presse, les représentations et les modèles de l'art d'être femme et de vivre au féminin ? Quelles valeurs et quelles normes les sous-tendaient ? Comment ont-elles évolué au long des XIXe et XXe siècles ? Telles étaient les interrogations d'ensemble d'une journée d'études organisée en avril 2008 par le laboratoire Carism de l'Institut Français de Presse de l'Université Panthéon-Assas (Paris II) auxquelles les contributions rassemblées dans cet ouvrage apportent des éléments de réponse.
Elles éclairent la singularité de la presse féminine en tant qu'entreprise médiatique. Elles montrent l'évolution et l'ambivalence de ses discours aux lectrices, qui entremêlent identité assignée (l'éternel féminin) et identité en mouvement (les évolutions de leur statut social). Elles invitent à prendre en considération le rôle de cette presse apparemment futile, qui est à la fois un révélateur et un acteur de la démocratisation de la société, de l'essor de la consommation de masse et des mutations de la morale commune.
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